France : un mandat d'arrêt international émis contre un diplomate algérien après le rapt d'un influenceur à Paris
L'homme recherché était un "ancien premier secrétaire de l'ambassade d'Algérie en France". Il ne serait plus sur le territoire français.
L'homme recherché était un "ancien premier secrétaire de l'ambassade d'Algérie en France". Il ne serait plus sur le territoire français.
L'histoire remonte au 29 avril 2024. Amir Boukhors, dit Amir DZ, un influenceur algérien largement suivi sur les réseaux sociaux avec 1,2 million d'abonnés sur TikTok, disparaît en région parisienne.
L'homme de 42 ans, opposant au régime du président algérien Abdelmadjid Tebboune, est victime d'un enlèvement. Il reste séquestré pendant 27 heures dans une forêt de Seine-et-Marne où il dira avoir "vu la mort".
Plus d'un an plus tard, le 25 juillet, un mandat d'arrêt international a été émis par un juge d'instruction français à l'encontre de "l'ancien premier secrétaire de l'ambassade d'Algérie en France" pour "arrestation, enlèvement et séquestration en relation avec une entreprise terroriste et association de malfaiteurs terroriste criminelle", selon une source proche du dossier qui s'est confiée à l'AFP.
L'homme recherché est un Algérien, aux initiales S.S., âgé de 37 ans. Le 23 juillet, le parquet national antiterroriste (Pnat) avait requis la délivrance d'un mandat d'arrêt contre S. S. pour des "présomptions graves" qu'il ait commis les faits reprochés.
Un rapport d'enquête de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) avait incriminé en avril cet ancien responsable de l'ambassade algérienne à Paris.
Il est présenté comme "sous-officier algérien de la DGDSE", le service de renseignement algérien. Sa "couverture" de l'époque : "premier secrétaire" de l'ambassade d'Algérie.
Éric Plouvier, l'avocat de l'influenceur algérien Amir Boukhors, salue au micro de l'AFP "une avancée importante pour éviter autant que possible l'impunité des agents algériens impliqués dans les faits qui sont d'une évidente gravité".
S.S. ne serait toutefois plus sur le sol français. Il pourrait également faire valoir une possible immunité.
"Il serait périlleux de considérer que l'arrestation d'opposants politiques sur le territoire français entre dans le périmètre des fonctions d'un diplomate et une fois sa mission prétendument +diplomatique+ terminée, l'agent du contre-espionnage algérien ne disposait plus que d'une immunité fonctionnelle" accordée aux agents d'Etat, commente Me Plouvier.
"Dans l'hypothèse d'une future arrestation, il sera bien entendu très intéressant d'entendre les explications de l'intéressé (S. S.) et d'essayer de savoir de qui il a reçu les ordres pour mener cette opération spéciale", a commenté Me Plouvier, estimant "difficile aujourd'hui d'attendre, dans le contexte actuel, une coopération des autorités algériennes".
Amir Boukhors, installé en France depuis 2016, a obtenu l'asile politique en 2023. Il a été la cible de neuf mandats d'arrêt internationaux émis par Alger, notamment pour escroquerie ou infractions terroristes. La justice française a refusé son extradition en 2022.
Au moins sept personnes, dont un agent consulaire algérien, ont été mises en examen selon d'autres sources proches du dossier.
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