L'armée israélienne lance une offensive terrestre majeure à Gaza-ville

Par AFP Par par l'équipe de l'AFP dans la bande de Gaza, avec Chloe ROUVEYROLLES-BAZIRE à Jérusalem © 2025 AFP

L'armée israélienne a lancé mardi à Gaza-ville une offensive terrestre majeure visant à éliminer le Hamas, s'attirant de nombreuses condamnations à l'international dont celle de l'ONU qui a dénoncé un "carnage".
A Genève, une commission d'enquête mandatée par les Nations unies a accusé pour la première fois Israël de commettre un "génocide" dans la bande de Gaza, mettant en cause le Premier ministre Benjamin Netanyahu et d'autres responsables. Israël a rejeté un "rapport mensonger".
Israël semble "déterminé à aller jusqu'au bout", a jugé le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres, déplorant une situation "moralement, politiquement et légalement intolérable" à Gaza.
Le Haut-commissaire aux droits de l'homme des Nations unies, Volker Türk, a exigé la fin du "carnage", pointant lui aussi des "preuves grandissantes" d'un "génocide".
"Notre objectif est d'intensifier les frappes contre le Hamas jusqu'à sa défaite définitive", a affirmé le chef d'état-major de l'armée israélienne, le lieutenant-général Eyal Zamir.
Un responsable militaire avait indiqué plus tôt que les troupes israéliennes avançaient "vers le centre" de Gaza-ville, la plus grande agglomération du territoire qu'Israël considère comme le principal bastion du Hamas.
"Leurs cris"
Des témoins ont fait état de bombardements intenses sur la ville du nord du territoire, déjà en grande partie détruite par l'offensive israélienne lancée il y a près de deux ans dans la bande de Gaza.
"On peut entendre leurs cris", a raconté un habitant, Ahmed Ghazal, en allusion "aux nombreuses personnes bloquées sous les décombres à Gaza-ville".
"Nous avons retiré des enfants déchiquetés", a dit un autre témoin, Abou Abd Zaqout, alors que des habitants fouillaient sous des blocs de béton.
Un journaliste de l'AFP a vu de nombreuses personnes dont des enfants dormir devant un hôpital de Gaza-ville après avoir fui leurs maisons. "Les gens manquent d'argent" pour aller ailleurs, a témoigné l'un d'eux, Youssef Shanaa.

Selon un responsable militaire israélien, "2.000 à 3.000" combattants du Hamas opèrent dans la ville. Il a estimé que quelque 40% de la population de de Gaza-ville et ses environs, évaluée à un million de personnes par l'ONU, ont fui.
La Défense civile, sous l'autorité du Hamas, a fait état de 37 morts mardi à travers le territoire palestinien.
Compte tenu des restrictions imposées aux médias à Gaza et des difficultés d'accès sur le terrain, l'AFP n'est pas en mesure de vérifier de manière indépendante les informations des différentes parties.
Le Hamas a qualifié cette offensive de "nettoyage ethnique systématique visant notre peuple à Gaza".

Le président américain Donald Trump a prévenu que le mouvement islamiste aurait de "gros problèmes" s'il utilisait des boucliers humains face à l'avancée des troupes israéliennes.
"Les Israéliens ont commencé à mener des opérations là-bas (Gaza-ville). Nous avons une petite fenêtre pour qu'un accord (de cessez-le-feu) puisse être conclu" avec le Hamas, a dit M. Rubio avant son départ d'Israël mardi, en évoquant "probablement quelques jours, peut-être quelques semaines".
Le Qatar "héberge le Hamas, il finance le Hamas", "dispose de leviers puissants" qu'il pourrait actionner "mais a choisi de ne pas le faire", a déclaré Benjamin Netanyahu mardi soir. "Notre action était donc entièrement justifiée".
Le Premier ministre a également annoncé qu'il se rendrait à la Maison Blanche à l'invitation de Donald Trump lors de son prochain voyage aux Etats-Unis pour l'Assemblée générale de l'ONU.
"Les otages en danger"

Le Forum des familles des otages a dit mardi que celles-ci étaient "terrifiées" pour leurs proches après l'intensification des frappes à Gaza.
M. Netanyahu "fait tout pour qu'il n'y ait pas d'accord et pour ne pas les ramener", a-t-il déclaré.

L'attaque du 7 octobre 2023 a entraîné la mort de 1.219 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles. Sur les 251 personnes enlevées ce jour-là, 47 sont encore retenues à Gaza, dont 25 sont décédées selon l'armée.
Les représailles israéliennes ont fait au moins 64.964 morts dans la bande de Gaza, selon le ministère de la Santé du gouvernement du Hamas.
L'ONU y a déclaré la famine, ce qu'Israël dément. L'Unicef a prévenu mardi que plus de 10.000 enfants avaient besoin d'un traitement contre la malnutrition aiguë dans la ville de Gaza.
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