Le Ghana expulse vers le Togo au moins six ouest-africains, initialement expulsés par les États-Unis

Par TV5MONDE avec AFP


Ces demandeurs d'asile expulsés début septembre des États-Unis, à cause de la politique anti-immigration de Donald Trump, avaient déposé plainte contre le Ghana, estimant que leur procédure d'expulsion est illégale.

Ces demandeurs d'asile expulsés début septembre des États-Unis, à cause de la politique anti-immigration de Donald Trump, avaient déposé plainte contre le Ghana, estimant que leur procédure d'expulsion est illégale.
Des États-Unis au Ghana puis du Ghana au Togo, en l'espace de trois semaines. Le Ghana a expulsé vers le Togo au moins six Ouest-Africains, initialement expulsés par les États-Unis, ont indiqué à l'Agence France-Presse leurs avocats.
Onze personnes expulsées par les États-Unis et détenues au Ghana avaient saisi la justice et attaquait le gouvernement ghanéen pour leur placement en détention sans procès ni accusation, et empêcher un renvoi dans leur pays d'origine. Ces personnes, dont 4 sont issues du Nigeria, trois du Togo, deux du Mali, une du Liberia et une autre de la Gambie, ont été expulsées au Ghana au début du mois de septembre.
Expulsés avant la fin de l'examen de leur dossier au Ghana
"Toutes ces personnes demandaient l'asile aux États-Unis, et elles ont clairement indiqué qu'elles étaient confrontées à des persécutions - que ce soit pour des raisons religieuses, politiques, et même en raison de leur orientation sexuelle", avait déclaré Maître Olivier Barker-Vormawor à l'AFP la semaine dernière.
Mardi, à l'audience devant un juge de la Division des droits de l'homme de la Haute cour du Ghana, l'avocat a indiqué qu'elles avaient été "expulsées" sans attendre la fin de l'examen du dossier.
Le Ghana a signé un accord avec Washington pour accueillir des Africains de l’Ouest expulsés des États-Unis. Une décision qui suscite de nombreuses réactions à Accra.
L'une des 11 personnes a été remise en liberté et rendue à l'un de ses proches dans le pays, tandis que six autres ont été envoyés au Togo, a-t-il précisé à l'AFP et les derniers ont vraisemblablement été "aussi expédiés au Togo, mais nous n'avons pas eu entrer en contact" avec eux, a-t-il déclaré.
Le sort de ces personnes, qui demandaient l'asile aux États-Unis, reste entouré de secret, y compris le moment exact de leur arrivée au Ghana ou leur lieu de détention. Et ce malgré l'effort des avocats, défenseurs de droits humains et journalistes pour suivre le rythme rapide des expulsions pratiquées par l'administration Trump et leur acceptation par des pays tiers dans le monde.
D'autres expulsions sont en cours
L'expulsion de personnes vers des pays tiers - dans lesquelles elles n'ont souvent jamais vécu - est une des mesures phares de Donald Trump depuis son retour à la Maison blanche en janvier, notamment en envoyant des centaines de personnes dans une prison tristement célèbre au Salvador, ou encore au Panama et au Soudan du Sud.
Les expulsions vers le Ghana auraient commencé au début de septembre et d'autres sont en cours, bien qu'Accra ait gardé de nombreux détails secrets. Le 11 septembre, le président ghanéen John Mahama avait annoncé que son pays acceptait sur demande de Washington d'accueillir des ressortissants originaires d'Afrique de l'Ouest expulsés des États-Unis.
Un accord conclu dans un contexte de tensions avec les États-Unis, l'administration Trump ayant augmenté les droits de douane sur les produits ghanéens et restreint le nombre de visas.
Après l'arrivée au Ghana d'un premier groupe de 14 expulsés, les autorités avaient d'abord déclaré qu'ils seraient autorisés à rester temporairement dans le pays, conformément aux règles régionales de voyage sans visa, ou à retourner chez eux. L'annonce avait déclenché un tollé, l'opposition affirmant que l'accord avait été conclu à l'insu du Parlement.
Pour ajouter à la confusion, les autorités avaient déclaré que ces 14 personnes avaient regagné leur domicile. Or, seuls trois étaient retournés dans leur pays d'origine contre 11 restés au Ghana, a indiqué Olivier Barker-Vormawor.
Quarante autres personnes expulsées par les États-Unis sont attendues dans les prochains jours, a annoncé jeudi dernier le ministre des Affaires étrangères ghanéen, Samuel Okudzeto Ablakwa. Il a affirmé que la décision du Ghana d'accepter ces personnes expulsées se fondait sur des considérations humanitaires et ne constituait pas une "approbation" de la politique d'immigration des États-Unis.
Soudan du sud, Eswatini, Rwanda, Ouganda… Depuis mai dernier, cinq nations africaines ont conclu des accords avec Washington pour recevoir des migrants.
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