Irlande: Catherine Connolly, une nouvelle présidente de gauche et inclusive
Par Terriennes
Par Isabelle Mourgere
Voici un nom qui vient s'ajouter à la courte liste des femmes à la tête d'un pays: Catherine Connolly. A 68 ans, elle devient la nouvelle présidente de la République d'Irlande, troisième femme élue à ce poste de l'histoire irlandaise.
Voici un nom qui vient s'ajouter à la courte liste des femmes à la tête d'un pays: Catherine Connolly. A 68 ans, elle devient la nouvelle présidente de la République d'Irlande, troisième femme élue à ce poste de l'histoire irlandaise.
Très peu de femmes occupent un poste de présidente dans le monde, mais avec l'élection de Catherine Connolly, on compte désormais 18 femmes sur 151 chefs d’État élus.
"A ceux qui n'ont pas voté pour moi et à ceux qui ont rendu nul leur vote, laissez-moi vous dire que je serai une présidente inclusive, à votre écoute", voilà les premiers mots de la nouvelle présidente irlandaise, Catherine Connolly, peu après sa large victoire à la présidentielle.
Une déclaration sous forme de réponse à ceux qui ont mis dans l'urne des bulletins nuls (falsifiés ou portant des messages anti-immigration, ndlr), et dont le nombre a atteint un niveau inédit de 13%.
Ce sera un immense privilège de vous servir. Catherine Connolly, présidente élue de la République d'Irlande
Cette ex-avocate de 68 ans, connue pour critiquer aussi bien l'Union européenne que les Etats-Unis, a obtenu plus de 63% des suffrages contre 29,5% pour sa rivale Heather Humphreys, du parti de centre droit présent au gouvernement Fine Gael.
"Ce sera un immense privilège de vous servir", a-t-elle assuré dans son discours de remerciement après la publication des résultats.
Son programme prône l’action urgente contre le réchauffement climatique, la réunification de l’Irlande et les droits des Palestiniens. Elle s'est engagée à être "une voix pour la paix, une voix qui s'appuie sur notre politique de neutralité" et insiste sur "la menace existentielle que constitue le changement climatique".
Catherine Connolly succédera à Michael Higgins, 84 ans, qui a enchaîné deux mandats de sept ans depuis 2011. Un poste essentiellement honorifique mais si le ou la présidente irlandaise ne gouverne pas directement, sa fonction n'en est pas moins importante car il ou elle est garante des institutions et en matière de politique étrangère.
Une Présidente "des gens ordinaires"
Connue pour son franc-parler, Catherine Connolly était soutenue par les principaux partis d'opposition, dont les Verts et la formation nationaliste Sinn Fein, autrefois la vitrine politique de l'Armée républicaine irlandaise (IRA).
Originaire de Shantalla, elle a grandi dans une famille de treize frères et sœurs, avec un père charpentier et constructeur de bateaux. Avocate de profession, mariée et mère de deux enfants, elle a travaillé comme psychologue clinicienne.
Elle n'a pas peur d'être impopulaire. Et c'est une oratrice très douée et assurée. Je pense qu'elle réussira. Un électeur de Catherine Connolly
Ses premiers pas en politique remontent à juin 1999, lorsqu'elle est élue pour la première fois au conseil municipal de Galway dans la zone électorale locale de l'ouest de la ville. Elle a été membre du Parti travailliste, parti dont elle a démissionné en 2006, parce qu'on lui refuse la succession de Michael D. Higgins (élu président de l'Irlande en novembre 2011, ndlr).
Catherine Connolly "parle au nom des personnes ordinaires", commente Una Corcoran, 62 ans, à Galway, sa ville natale dans l'ouest de l'Irlande.
"Dans l'ensemble, je trouve qu'elle est très intègre. Elle n'a pas peur d'être impopulaire. Et c'est une oratrice très douée et assurée. Je pense qu'elle réussira", souligne de son côté Oisin Woods, un employé du secteur des technologies âgé de 35 ans qui a voté pour elle.
Des prises de position tranchées
"Je me réjouis de travailler avec la nouvelle présidente (...) à un moment où l'Irlande continue de jouer un rôle important sur la scène internationale", a pour sa part affirmé le Premier ministre Michael Martin, à la tête du Fianna Fail. "Je lui souhaite tout le succès possible", avait auparavant clamé Simon Harris (Fine Gael), le vice-Premier ministre.
Opposée à l’augmentation des dépenses militaires, la nouvelle cheffe d'Etat irlandaise défend la neutralité de son pays tout en condamnant l'invasion de l'Ukraine par la Russie. "Je n'ai jamais, jamais hésité. Ce que je dis, c'est qu'un pays neutre comme le nôtre devrait dénoncer tous les abus de pouvoir – de la Russie et aussi de l'Amérique".
Elle a par ailleurs condamné "le génocide" dans la bande de Gaza: "L'histoire n'a pas commencé le 7 octobre. Il est important de rappeler les nombreuses atrocités commises par le régime israélien. Les pays occidentaux n'ont pas leur mot à dire sur le Hamas. Ils doivent mettre fin au génocide. Le Hamas fait partie intégrante du peuple palestinien. Israël agit comme un État terroriste, il est devenu totalement incontrôlable."
Des commentateurs prédisent que ses positions tranchées sur la politique étrangère, la défense mais aussi le logement pourraient provoquer des tensions avec le gouvernement.
Pro-avortement
Catherine Connolly a également pris position en faveur des droits des personnes LGBTQI+, pour le mariage homosexuel et l'avortement. La légalisation de l'avortement est entrée en vigueur le 1er janvier 2019 en République d'Irlande. Elle autorise l'IVG sans conditions jusqu'à 12 semaines et 24 semaines dans les cas de "risque pour la vie" ou de "grave danger pour la santé" de la femme enceinte.
Charismatique et sportive, la nouvelle cheffe d'Etat irlandaise parle couramment le gaélique et milite pour la réunification de l'île d'Irlande. Elle sera investie dixième présidente de l'Irlande le 11 novembre 2025, elle devient la troisième femme à exercer cette fonction dans ce pays de 5,2 millions d'habitants devenu membre de l'UE en 1973.
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