Le PKK retire ses forces de Turquie et appelle Ankara à accélérer le processus de paix
Par TV5MONDE avec AFP
Le Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK) a annoncé le retrait de l’ensemble de ses combattants de Turquie vers le nord de l’Irak. Ankara salue un pas “concret” vers la paix après quarante ans de conflit armé.
Le Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK) a annoncé le retrait de l’ensemble de ses combattants de Turquie vers le nord de l’Irak. Ankara salue un pas “concret” vers la paix après quarante ans de conflit armé.
C’est une nouvelle étape vers la paix. Le Parti des Travailleurs du Kurdistan a annoncé le retrait de l’ensemble de ses combattants du territoire turc vers le nord de l’Irak, exhortant Ankara à prendre “sans délai” des mesures juridiques pour préserver le processus de paix entamé il y a un an.
La Turquie a salué cette annonce, y voyant des “résultats concrets” des efforts visant à mettre fin à un conflit de quatre décennies.
“Nous mettons en œuvre le retrait de toutes nos forces à l’intérieur de la Turquie”, a déclaré le PKK dans un communiqué lu lors d’une cérémonie dans le nord de l’Irak, selon un journaliste de l’AFP présent sur place.
Le mouvement kurde a simultanément diffusé une photo montrant, selon lui, 25 combattants – dont huit femmes – désormais basés dans le nord de l’Irak après avoir quitté la Turquie. Aucun chiffre officiel n’a été communiqué sur le nombre total de combattants impliqués dans ce retrait, estimé par des observateurs entre 200 et 300.
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La libération d’Abdullah Öcalan, chef historique du PKK emprisonné par la Turquie, aurait été une condition cruciale pour le succès du processus de paix. Cette étape fait suite aux discussions indirectes entamées en octobre 2024. Le PKK, considéré comme terroriste par Ankara, avait annoncé en mai sa dissolution, répondant à un appel de leur chef depuis sa prison d’Imrali.
Selon le président turc Recep Tayyip Erdogan, le conflit a fait 50 000 morts, dont 2 000 soldats, et provoqué des milliards de dollars de pertes économiques.
Le PKK veut désormais agir “par la voie démocratique”
Le mouvement kurde affirme désormais vouloir défendre les droits de la minorité kurde en Turquie “par la voie démocratique”, conformément à l’appel à la paix lancé en février par Abdullah Öcalan, figure tutélaire du mouvement malgré ses années de détention.
En juillet, une cérémonie symbolique s’était tenue dans les montagnes du Kurdistan irakien, où une trentaine de combattants avaient brûlé leurs armes pour marquer une première phase de désarmement.
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Dans la foulée, en août, une commission parlementaire turque chargée de définir un cadre légal pour le processus de paix avait entamé ses travaux. Elle doit notamment se pencher sur le sort d’Abdullah Öcalan, emprisonné depuis 1999 sur l’île-prison d’Imrali, au large d’Istanbul, ainsi que sur d’éventuelles garanties de sécurité pour les anciens combattants.
“Pas simplement une amnistie”
Lors de la cérémonie de dimanche, le PKK a appelé la Turquie à prendre les mesures légales nécessaires pour poursuivre le processus de paix et permettre l’intégration de ses militants dans la vie politique.
“Les mesures juridiques et politiques voulues par le processus” et les lois “nécessaires à la participation à la vie politique démocratique doivent être mises en place sans délai”, a souligné le PKK dans sa déclaration.
“Nous voulons des lois spécifiques à ce processus (de paix), pas simplement une amnistie” pour les membres du PKK, a déclaré sur place à des journalistes Sabri Ok, un cadre du mouvement, insistant sur l’importance de garantir la “liberté”.
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Abdullah Öcalan, dont la libération est au cœur des revendications du PKK, a été autorisé en septembre, pour la première fois depuis six ans, à rencontrer ses avocats.
Selon des analystes, après des décennies de guérilla, le PKK est affaibli, tandis qu’une partie importante de la population kurde – environ 20 % des 86 millions d’habitants du pays – se dit épuisée par le conflit, favorisant ainsi la reprise des discussions de paix.
Le parti pro-kurde DEM, troisième force politique du Parlement turc, joue un rôle clé dans ce processus en servant d’intermédiaire entre Ankara et le PKK. Selon des médias turcs, une délégation du DEM doit rencontrer le président Erdogan dans les prochains jours avant de se rendre sur l’île-prison d’Imrali pour s’entretenir avec Abdullah Öcalan.
Pour Sabri Ok, la commission parlementaire turque doit “se rendre immédiatement” à Imrali pour “écouter” le chef historique du PKK. “C’est la clé”, a-t-il insisté dimanche.
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