Côte d'Ivoire: plusieurs cadres de l'opposition convoqués à la police
Par AFP © 2025 AFP
Plusieurs cadres des principaux partis de l'opposition ivoirienne ont été convoqués mardi à la police à Abidjan, au lendemain de l'élection au premier tour d'Alassane Ouattara pour un quatrième mandat, ont annoncé leurs formations politiques.
Le climat préélectoral était tendu ces dernières semaines en Côte d'Ivoire: l'opposition dénonçait l'exclusion de ses deux principaux candidats, Laurent Gbagbo et Tidjane Thiam, et appelait à des manifestations que le pouvoir avait interdit arguant notamment de risques de troubles à l'ordre public.
Au total, 10 personnes ont été tuées depuis mi-octobre en marge du processus électoral, dont quatre le jour du scrutin - sept selon l'opposition.
Mardi, le procureur d’Abidjan a annoncé que des armes de guerre avaient été retrouvées chez des individus liés à une marche interdite du 11 octobre, dont des membres présumés du service d’ordre du Parti des peuples africains – Côte d’Ivoire (PPA-CI), formation de Laurent Gbagbo.
Le même jour, une dizaine de cadres du PPA-CI ont été convoqués à la préfecture de police d’Abidjan, pour des raisons inconnues, selon le parti.
Plusieurs responsables du Parti démocratique de Côte d'Ivoire (PDCI), formation de M.Thiam, ont été également convoqués le même jour à la police criminelle, pour un motif inconnu, a affirmé l'un d'eux à l'AFP.
La vie reprend son cours
Les Ivoiriens sont prudents lors des périodes électorales, qui ont souvent engendré des crises dans le pays (le scrutin de 2010-2011 avait fait environ 3.000 morts, celui de 2020, 85 morts).
Ce weekend, les grandes artères de la ville étaient quasi vides et certains bureaux de vote déserts, pour un scrutin "joué d'avance", selon de nombreux habitants interrogés par l'AFP.
Mardi, la vie a repris son cours en Côte d'Ivoire et notamment dans la capitale économique Abidjan.
Dans plusieurs quartiers, la circulation était revenue à la normale dès lundi et des commerces qui avaient fermé samedi, jour du vote, ont rouvert.
Lundi, Alassane Ouattara a été réélu pour un 4e mandat avec 89,77% des voix, selon les résultats provisoires de la Commission électorale indépendante (CEI).
Un score écrasant mais avec un taux de participation dépassant tout juste 50%, qui s'explique notamment par l'absence de figures de l'opposition, exclues du scrutin par des décisions de justice.
"Grand merci", titrait mardi le quotidien pro-Ouattara, Le Patriote tandis que l'Inter, journal privé moins marqué politiquement titrait "Ouattara en un round".
"La démocratie, une quête perpétuelle...", commente dans une tribune le Bélier intrépide, journal proche de la principale formation d'opposition, le Parti démocratique de Côte d'Ivoire (PDCI).
Hors des arènes politiques et médiatiques où s'affrontent les différents camps, les jeunes, eux, imaginent leur futur.
"Depuis pas mal d'années, nous voyons que notre actualité est dominée par quelques personnalités politiques, dont Alassane Ouattara", 83 ans, remarque Mohamed Souleymane Dembelé, étudiant en journalisme. Mais il ne l'estime pas aussi "fatigué par l'âge" que ses détracteurs.
"Mon souhait c'est que des jeunes puissent prendre le relais dans l'avenir", dit de son côté à l'AFP Ibrahima Diabaté, étudiant de 32 ans.
Mathieu Ezekiel Touré Koffi, 25 ans, est moins patient. "Selon moi, il faut refaire l'élection, puisque tous les acteurs politiques n'y étaient pas. Aussi, il y a eu un très faible taux de participation", affirme-t-il.
Quelque 8,7 millions d'électeurs étaient appelés aux urnes. Si le nord, acquis au parti au pouvoir, a atteint des participation très hauts, les zones du sud et de l'ouest, où l'opposition est historiquement forte, ont particulièrement boudé l'élection.
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