Le Kenya lance un mandat d'arrêt contre un Britannique soupçonné de meurtre

Par AFP © 2025 AFP

Le Kenya a émis mardi un mandat d'arrêt contre un Britannique suspecté dans le meurtre d'une jeune Kényane retrouvée dans une fosse septique près d'un camp militaire britannique, une affaire qui avait fait les gros titres en 2012 dans ce pays d'Afrique de l'Est.
Treize ans après, le juge de la Haute cour de Nairobi Alexander Muteti a estimé qu'il existait "un motif probable d'ordonner l'arrestation de l'accusé et sa remise au tribunal pour être jugé".
Le suspect est un "citoyen et résident du Royaume-Uni", a précisé le magistrat, sans dire s'il s'agissait d'un militaire.
Une procédure d'extradition sera engagée, a parallèlement annoncé le Bureau kényan du directeur des poursuites publiques (ODPP) sur X.
Le gouvernement britannique, dans une réponse écrite à l'AFP, s'est dit "absolument déterminé à aider" la famille de la victime à "obtenir justice", mais s'est refusé à toute autre déclaration liée aux procédures judiciaires en cours.
Le cadavre d'Agnes Wanjiru, jeune mère de 21 ans, avait été découvert dans la fosse septique d'un hôtel à Nanyuki, près d'un camp d'entraînement de l'armée britannique dans le centre du Kenya.

Elle avait été vue vivante pour la dernière fois avec un soldat britannique. L'affaire qui avait fait grand bruit dans ce pays d'Afrique de l'Est n'a jusqu'ici débouché sur aucune arrestation.
En 2021, après des années d'atermoiements, la police kényane a annoncé une relance de l'enquête après des révélations du Sunday Times.
Selon l'hebdomadaire britannique, citant plusieurs témoignages de militaires, le soldat avait le soir même avoué à ses camarades avoir tué Agnes Wanjiru et le meurtre aurait été dénoncé à la hiérarchie militaire, sans suites.
"En tant que famille, nous sommes très heureux, car cela dure depuis de nombreuses années, mais maintenant, nous constatons qu'un pas a été franchi", a commenté à l'AFP la sœur de la victime, Rose Wanyua Wanjiku.
Depuis l'indépendance du Kenya en 1963, l'ancienne puissance coloniale britannique a conservé une base, l'Unité de formation de l'armée britannique au Kenya (BATUK), dans les faubourgs de Nanyuki, à environ 200 kilomètres au nord de la capitale Nairobi. Sa présence alimente l'économie locale, mais a également été source de controverses.
En 2003, l'ONG de défense des droits humains Amnesty International affirmait avoir répertorié 650 accusations de viol contre des soldats britanniques au Kenya entre 1965 et 2001, dénonçant des "décennies d'impunité".
La question de la compétence de la loi kényane sur les soldats britanniques qui l'enfreignent a été l'objet de plusieurs différends entre Londres et Nairobi.
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