De Madagascar à la Géorgie: ces dirigeants déchus ou naturalisés après avoir perdu leur nationalité
Par TV5MONDE
L’ancien président malgache Andry Rajoelina a été déchu de sa nationalité, selon un décret publié vendredi 24 octobre au Journal officiel. Une décision qui sanctionne l’obtention de la nationalité française en 2014 et tourne une nouvelle page de la crise politique à Madagascar. D’autres dirigeants, de Blaise Compaoré à Mikheïl Saakachvili, ont eux aussi perdu ou abandonné leur citoyenneté au fil des crises.
L’ancien président malgache Andry Rajoelina a été déchu de sa nationalité, selon un décret publié vendredi 24 octobre au Journal officiel. Une décision qui sanctionne l’obtention de la nationalité française en 2014 et tourne une nouvelle page de la crise politique à Madagascar. D’autres dirigeants, de Blaise Compaoré à Mikheïl Saakachvili, ont eux aussi perdu ou abandonné leur citoyenneté au fil des crises.
L’ex-président de Madagascar, Andry Rajoelina, n’est plus Malgache. Le Journal officiel a publié, vendredi 24 octobre, un décret retentissant actant le retrait de sa nationalité. Dix jours plus tôt, il avait fui l’île, en proie à des semaines de manifestations, avant d’être renversé par l’armée. Il a depuis été remplacé par le colonel Michaël Randrianirina.
La décision s’appuie sur l’article 42 du code de la nationalité de 1960, qui prévoit qu’un Malgache obtenant volontairement une autre nationalité perd automatiquement celle de son pays d’origine.
Andry Rajoelina avait acquis la nationalité française en 2014 par naturalisation. Sa double nationalité, révélée en pleine campagne électorale de 2023, avait provoqué un scandale à Antananarivo, remettant en cause son éligibilité à la magistrature suprême.
Néanmoins, la Haute Cour constitutionnelle avait validé sa candidature, arguant qu’aucun décret ne lui avait formellement retiré sa nationalité malgache à l’époque. De nombreux appels à le disqualifier avaient échoué et il avait finalement remporté ce scrutin contesté et boycotté par plusieurs partis d'opposition.
Désormais, l’ancien président de 49 ans ne dispose plus que de son passeport français pour voyager. Cette déchéance de nationalité l’empêche aussi de se présenter à une élection.
La radio internationale française RFI a indiqué avoir eu confirmation de l'authenticité du décret, publié au journal officiel, de la part de l'entourage du Premier ministre Herintsalama Rajaonarivelo, qui l'a signé.
De son côté, Andry Rajoelina a affirmé qu'il se cachait pour sa propre sécurité, sans dire où.
D’autres dirigeants qui ont perdu ou abandonné leur nationalité
Mikheïl Saakachvili - Géorgie et Ukraine
La Géorgie a connu un cas similaire avec Mikheil Saakachvili. L'ancien président géorgien, après avoir démissionné en 2013, avait été nommé gouverneur de la région ukrainienne d'Odessa en 2015 par l'ancien chef d'État d'Ukraine Petro Porochenko, en plus d'être naturalisé. La loi géorgienne n'autorisant pas la double nationalité, Mikheil Saakachvili avait perdu sa nationalité géorgienne.
(Re)lire Géorgie : l'ex-président Mikheïl Saakachvili, un réformateur pro-occidental adulé et critiqué
D’abord proche de Petro Porochenko, Mikheïl Saakachvili en est vite devenu l’un des plus farouches opposants, l’accusant de corruption et menant des manifestations pour exiger sa destitution.
Petro Porochenko avait fini par lui retirer la nationalité ukrainienne en juillet 2017, le rendant apatride. Après son expulsion, il s'est installé aux Pays-Bas, le pays d'origine de son épouse, avant de retrouver un statut légal en Ukraine par la suite, puis d'être emprisonné en Géorgie.
Blaise Compaoré - Burkina Faso
Blaise Compaoré, qui a dirigé le Burkina Faso pendant 27 ans, a lui, aussi, tourné le dos à sa patrie d'origine après sa chute en 2014. Réfugié en Côte d'Ivoire, l'ex-président burkinabè s'est vu accorder la nationalité ivoirienne par son homologue Alassane Ouattara, officiellement en 2016, mais discrètement signée dès 2014, deux semaines avant d'être renversé.
Le stratagème était destiné à empêcher son extradition vers Ouagadougou où il faisait l'objet d'un mandat d'arrêt international, poursuivi pour son implication présumée dans l'assassinat de l'ancien chef d'Etat burkinabé Thomas Sankara en 1987.
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"Il est impossible que quelqu’un ait officié aux plus hautes fonctions de son pays pendant 27 ans et soit brusquement absous de ses responsabilités [par le déni de] la nationalité du pays qu’il a présidé", réagissait alors Michel Séri Gouagnon, du Front populaire ivoirien (opposition), cité par Le Monde Afrique.
Mohamed Abdullahi “Farmaajo” - Somalie
Autre configuration : certains dirigeants ont eux-mêmes renoncé à une nationalité étrangère pour des raisons politiques. C’est le cas de Mohamed Abdullahi Mohamed, dit "Farmaajo", président de la Somalie de 2017 à 2022. En 2019, sous le feu des critiques quant à sa loyauté, il a annoncé avoir abandonné sa nationalité américaine acquise durant ses années d’exil aux États-Unis.
Ce geste symbolique, perçu par beaucoup comme un calcul électoral en vue de la présidentielle de 2021, n’en était pas moins volontaire, puisque la Constitution somalienne autorise la double nationalité et de nombreux membres de la diaspora conservent deux passeports.
Farmaajo a voulu afficher son attachement exclusif à la Somalie en renonçant à son passeport américain.
Haïder al-Abadi - Irak
Dans d’autres cas, la loi oblige carrément les intéressés à abandonner leur double nationalité pour accéder au pouvoir. En Irak, le Premier ministre Haïder al-Abadi, formé et exilé pendant des années au Royaume-Uni, a dû rendre son passeport britannique en 2014 dès sa prise de fonction officielle.
La Constitution irakienne tolère le cumul de citoyennetés pour les particuliers, mais elle exige des hauts responsables qu’ils renoncent à toute autre citoyenneté acquise une fois en poste. Haïder Al-Abadi s’est donc conformé à cette règle en renonçant à sa nationalité britannique dès son entrée en fonctions.
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