Élection présidentielle en Guinée-Bissau: un vote historique sous tension avec pour enjeu majeur la stabilité
Par TV5MONDE avec AFP
Les Bissau-Guinéens votent ce dimanche 23 novembre pour élire leur prochain président et leur Parlement, avec l'espoir de tourner la page des turbulences politiques. Un scrutin sous tensions mais en l'absence du principal parti d'opposition, le PAIGC (Parti africain pour l'indépendance de la Guinée et du Cap-Vert) et de son candidat Domingos Simões Pereira.
Les Bissau-Guinéens votent ce dimanche 23 novembre pour élire leur prochain président et leur Parlement, avec l'espoir de tourner la page des turbulences politiques. Un scrutin sous tensions mais en l'absence du principal parti d'opposition, le PAIGC (Parti africain pour l'indépendance de la Guinée et du Cap-Vert) et de son candidat Domingos Simões Pereira.
Ils sont douze candidats à se disputer la présidence ce dimanche 23 novembre. Quelque 860 000 électeurs sont appelés à élire leur nouveau président avec pour enjeu majeur la stabilité dans un pays ayant vécu depuis son indépendance au rythme des crises politiques, avec quatre coups d’État et une kyrielle de tentatives de putsch.
Une quinzaine de personnes étaient présentes à l'ouverture d'un bureau de vote dès 07h (locale et GMT) sur une grande artère de la capitale Bissau, a constaté un journaliste de l'AFP. Assis sur une marche en attendant de glisser son bulletin dans l'urne, Alamar Bidinthilé, un chauffeur de 40 ans, attend du prochain président du "changement en construisant des infrastructures" et de la "stabilité".
"Je vote depuis que je suis jeune mais depuis il n'y a pas de changement dans le pays. Cette fois-ci, j'espère que ce sera la bonne", confie à l'AFP Mayo Sa, 53 ans, ouvrier, un casque de chantier sur la tête.
40% de la population sous le seuil de pauvreté
Avec près de 40% de sa population vivant sous le seuil de pauvreté, la Guinée-Bissau figure parmi les pays les plus pauvres au monde et est réputée être une plaque tournante du trafic de drogue entre l'Amérique latine et l'Europe, favorisé par l'instabilité politique du pays.
La fermeture des bureaux de vote est prévue à 17h. Les premiers résultats provisoires sont attendus au plus tard jeudi.
(Re)lire La Guinée Bissau élit son président avec l'espoir de tourner la page des tumultes
Le président sortant Umaro Sissoco Embalo, 53 ans, est donné favori pour remporter l'élection dès le premier tour. Il deviendrait alors le premier chef de l’État de Guinée-Bissau à effectuer deux mandats successifs depuis l'instauration du multipartisme en 1994. "À partir de lundi (lendemain du vote), plus jamais il n'y aura de coup d'État militaire dans le pays. Tous ceux qui voudront diriger le pays devront passer par les urnes", a-t-il déclaré à ses milliers de partisans réunis devant le siège de son parti à Bissau vendredi. S'affichant sur scène avec un balai pour "tout nettoyer", flanqué de son invariable keffieh sur la tête, Umaro Sissoco Embalo est donné favori de l'élection.
Il fera toutefois face à l'ex-président José Mario Vaz ou encore à l’opposant Fernando Dias, qui a reçu le soutien du puissant PAIGC, ancien parti unique et principal parti d'opposition, dont le chef Domingos Simoes Pereira n'a pu se présenter. La candidature de Domingos Simoes Pereira, rival de longue date d'Umaro Sissoco Embalo et revenu récemment d'exil pour se présenter, a été rejetée par la Cour suprême qui a jugé que son dossier avait été déposé trop tardivement.
Lors de ce dernier grand meeting, le président sortant a promis de créer des emplois pour les jeunes mais aussi d'œuvrer pour plus de stabilité dans le pays afin d'attirer les investisseurs.
Le parti historique PAIGC exclu des législatives
Le PAIGC (Parti africain pour l'indépendance de la Guinée et du Cap-Vert), parti historique ayant mené le pays à l’indépendance par les armes en 1974, a été exclu - également pour un dossier trop tardif - des législatives qui se tiennent également dimanche, durant lesquelles seront élus les 102 députés du Parlement. Celui-ci a été dissous en décembre 2023, alors qu'il était dominé par l'opposition, par le président Embalo qui gouverne depuis par ordonnances.
L'opposition qualifie de "manipulation" l'exclusion du PAIGC des scrutins présidentiel et législatifs et estime que le mandat du président Embalo a expiré depuis le 27 février, cinq ans jour pour jour après son investiture. Malgré ces critiques, la campagne, qui s'est clôturée vendredi soir, s'est déroulée dans une ambiance de grande festivité à travers le pays. Aucun incident n'a été signalé.
La directrice de l'Observatoire des économies illicites en Afrique de l'Ouest, Lucia Bird, souligne toutefois qu’en Guinée-Bissau, "les problèmes surgissent généralement après les élections". Elle dit redouter, comme en 2019, des "allégations d'irrégularités" après le scrutin.
Plus de 6.700 membres des forces de l'ordre, dont des éléments de la force de stabilisation de la Communauté économique des États d'Afrique de l'Ouest (Cedeao), ont été déployés pour sécuriser le scrutin mais aussi l'après-élection. L'espace aérien ainsi que les frontières terrestres et maritimes sont fermés toute la journée de ce dimanche.
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