Ukraine: Pretoria veut un processus incluant "toutes les parties" et invite Zelensky
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L'Afrique du Sud, premier hôte africain d'un sommet du G20, a plaidé vendredi pour un processus de résolution du conflit ukrainien impliquant "toutes les parties", quelques jours après des discussions américano-russes sans l'Ukraine, et invité Volodymyr Zelensky pour une prochaine visite d'Etat.
La guerre en Ukraine et les dangers d'un équilibre mondial bouleversé ont dominé la réunion des chefs de la diplomatie du G20 à Johannesburg, en l'absence remarquée de l'Américain Marco Rubio.
Cette réunion sur deux jours a permis d'évoquer "les divisions géopolitiques croissantes qui contribuent à créer un climat de méfiance, menaçant d'anéantir les progrès accomplis" sur de nombreux fronts, a résumé le ministre sud-africain des Affaires étrangères, Ronald Lamola en clôture.
"L'Afrique du Sud reste déterminée à soutenir le processus de dialogue entre la Russie et l'Ukraine", a ainsi assuré M. Ramaphosa, à la proximité jusqu'ici revendiquée avec Moscou, alors que Russes et Américains ont commencé à discuter mardi à Ryad d'un règlement du conflit en Ukraine, sans convier cette dernière.
"Je me réjouis de l'accueillir bientôt en Afrique du Sud pour une visite d'État", a ajouté M. Ramaphosa à propos de M. Zelensky, sans préciser de date.
Cette réunion des ministres des Affaires étrangères, prélude au sommet du G20 prévu en novembre à Johannesburg, intervient dans une période de fortes tensions avec les Etats-Unis, qui ont décidé de ne pas y participer.
Washington et Pretoria affichent de nombreuses divergences sur des dossiers tels que l'Ukraine, la guerre à Gaza ou la récente loi sud-africaine sur l'expropriation de terres, dénoncée par Donald Trump qui a en représailles coupé toute aide financière à l'Afrique du Sud.
Le secrétaire d'État américain Marco Rubio, à droite, et le ministre russe des Affaires étrangères Sergei Lavrov, à gauche, lors de leur recontre à Ryad le 18 février 2025
Le secrétaire d'État américain Marco Rubio a justifié son absence du G20 en accusant le gouvernement hôte d'avoir un programme "anti-américain" et de vouloir "utiliser" le sommet pour le promouvoir, notamment en matière de "diversité" et de "changement climatique".
"Cela envoie le signal d'un intérêt moindre pour les affaires du monde", a observé le ministre norvégien des Affaire étrangères Espen Barth Eide, invité à la rencontre.
"La perte d'influence qui va suivre se fera sentir longtemps", a-t-il encore estimé.
"Espace laissé par les USA"
"La nature a horreur du vide et le monde n'est pas figé", analyse un diplomate européen sous couvert d'anonymat. "La Chine voit l'espace laissé par les Etats-Unis et, dans la continuité de son discours à Munich, a prôné le multilatéralisme."
Le diplomate en chef chinois Wang Yi a assuré la volonté de Pékin de "continuer à jouer un rôle constructif dans le règlement politique de la crise" en Ukraine dans son discours la veille, à l'abri des caméras.
Tandis que le chef de la diplomatie française Jean-Noël Barrot a averti vendredi qu'"une capitulation de l'Ukraine consacrerait la loi du plus fort, la force brutale contre la règle du droit et la justice".
L'échange entre Volodymyr Zelensky et Cyril Ramaphosa semble dater de jeudi. Quand le président ukrainien l'avait "remercié" sur les réseaux sociaux pour son soutien "à la souveraineté et à l'intégralité territoriale de l'Ukraine". "Il est important que nos pays partagent la même position: rien à propos de l'Ukraine sans l'Ukraine", avait-il ajouté.
Le président sud-africain a annoncé jeudi avoir tenu des discussions bilatérales notamment avec le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov.
En octobre, Cyril Ramaphosa avait qualifié la Russie d'"allié cher" et d'"ami précieux".
Pressé de questions jeudi par des médias russes, il s'est contenté d'affirmer que l'Afrique du Sud avait "des relations avec beaucoup de pays dans le monde", citant la Russie mais aussi la Grande-Bretagne ou la France.
Ronald Lamola, comme les autres ministres des Affaires étrangères, a enchaîné les réunions sur deux jours, notamment avec ses homologues russe, chinois, allemand et français. Il a notamment reçu une invitation pour une visite à Paris au printemps.
Interrogé sur les liens entre Pretoria et l'Europe, qui ont chacun fait l'objet de salves de critiques américaines depuis l'investiture de Donald Trump il y a un mois, son porte-parole Chrispin Phiri a simplement répondu: "On partage des valeurs communes et, quand elles sont attaquées, on les défend ensemble."
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