Accord de paix en RDC: Kinshasa appelle les FDLR à déposer les armes

Par AFP © 2025 AFP

L'armée congolaise a appelé vendredi les rebelles des FDLR, considérés par Kigali comme une "menace existentielle", à déposer les armes, une disposition-clé du fragile accord de paix signé en juin à Washington entre les deux voisins.
L'est de la RDC, région riche en ressources naturelles et frontalière du Rwanda, est en proie à des conflits depuis trente ans. Les violences se sont intensifiées depuis janvier avec la prise des grandes villes de Goma et Bukavu par le groupe armé antigouvernemental M23, soutenu par Kigali et son armée.
En juin, une médiation américaine et qatarie a obtenu la signature à Washington d'un accord de paix entre la RDC et le Rwanda, sans mettre fin aux violences.
Kigali justifie son appui au M23 par la présence active des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), un groupe armé fondé par d'anciens responsables hutu rwandais du génocide des Tutsi de 1994, dans des régions proches de sa frontière.
Kinshasa réclame le retrait des troupes rwandaises de son sol.
L'accord de Washington renvoie aux dispositions d'un concept d'opérations (Conops) signé par les deux parties fin octobre 2024. Ce dernier prévoyait dans un délai court de trois mois la "levée des mesures défensives du Rwanda", c'est-à-dire le retrait des soldats rwandais de RDC, ainsi que la neutralisation par Kinshasa des FDLR.
Vendredi, dans un communiqué signé par son porte-parole Sylvain Ekenge, l'armée congolaise a appelé "toutes les factions" des FDLR à "déposer les armes et à se rendre aux autorités congolaises ou à la Monusco (Mission de l'ONU pour la stabilisation en RD Congo, NDLR) en vue de leur rapatriement dans leur pays d'origine, le Rwanda".
Cette décision est prise "dans le cadre" de la mise en oeuvre de l'accord de Washington, indique l'armée, sans préciser les modalités ou le calendrier d'un éventuel désarmement.
"En cas de résistance et de refus d'obtempérer" les forces congolaises "procèderont au désarmement par contrainte ou par usage de force", ajoute le texte.
"Paix des braves"
Jeudi, le président congolais Félix Tshisekedi a appelé son homologue rwandais Paul Kagame à avoir "le courage" de travailler avec lui pour faire "la paix des braves" dans l'est de RDC, lors d'un forum diplomatique à Bruxelles, auquel participait également M. Kagame.
Une invitation rejetée par le ministre des Affaires étrangères rwandais Olivier Nduhungirehe, qui a fustigé sur X une "comédie politique ridicule".
Parallèlement au processus de Washington, des négociations sont en cours depuis plusieurs mois entre Kinshasa et le M23 sous médiation du Qatar.
En juillet, les deux parties ont signé une déclaration de principes en faveur d'un cessez-le-feu qui n'a pas non plus mis fin aux affrontements, même si le front s'est stabilisé.
L'accord signé à Washington prévoyait également un volet économique, mais Kinshasa a estimé mercredi que les conditions n'étaient "pas réunies" pour sa mise en oeuvre.
Le conflit dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu a fait des milliers de morts et des millions de déplacés depuis janvier.
La fermeture des banques, des aéroports et des axes routiers a provoqué une crise économique et des pénuries de médicaments essentiels dans les zones sous contrôle du M23.
Plus de 80% des structures de santé connaissent des ruptures de stocks, alors que les blessés continuent à "affluer" dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu, a alerté le Comité international de la Croix-Rouge mercredi.
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