Guerre en Ukraine: garanties de sécurité, concessions territoriales... Les points clés après la réunion Trump-Zelensky

Par Lorène Bienvenu avec AFP


Donald Trump et Volodymyr Zelensky se sont rencontrés ce lundi 18 août à Washington, en présence de plusieurs dirigeants européens, pour discuter de l'avenir de l'Ukraine, en guerre avec la Russie depuis plus de trois ans. Une nouvelle réunion avec Vladimir Poutine pourrait avoir lieu dans "les deux semaines à venir".

Donald Trump et Volodymyr Zelensky se sont rencontrés ce lundi 18 août à Washington, en présence de plusieurs dirigeants européens, pour discuter de l'avenir de l'Ukraine, en guerre avec la Russie depuis plus de trois ans. Une nouvelle réunion avec Vladimir Poutine pourrait avoir lieu dans "les deux semaines à venir".
"Cette guerre va se terminer", a déclaré Donald Trump en recevant Volodymyr Zelensky et plusieurs dirigeants européens lundi. Les deux présidents ont affirmé leur volonté de travailler ensemble à la paix et à la sécurité future de l'Ukraine.
Quel avenir pour les territoires ukrainiens occupés ?
Contre toute attente, la question de possibles concessions territoriales ukrainiennes à la Russie n’a pas été abordée dans le Bureau ovale, lundi 18 août. Donald Trump, qui n'a jamais désigné la Russie comme responsable du conflit, a évoqué à nouveau lundi la question d'"échanges de territoires", en indiquant qu'il faudrait prendre en compte la ligne de front.
Au cours de leur sommet en Alaska, Vladimir Poutine et Donald Trump auraient évoqué l’éventualité d’un contrôle total des régions de Donetsk et de Lougansk dans l'est de l'Ukraine. En échange, la Russie garantirait un gel du front dans les régions de Kherson et Zaporijjia, des territoires du sud de l’Ukraine largement occupés par l’armée russe.
"Nous n'avons pas parlé (des concessions territoriales) du tout aujourd'hui", a déclaré Emmanuel Macron à des journalistes. "Et pour deux raisons. D'abord, la priorité c'est les garanties de sécurité et, ensuite, on a dit: 'c'est ce qui doit être discuté en bilatéral et en trilatéral'".

Les éventuelles concessions territoriales exigées par la Russie à l'Ukraine sont "une question que nous laisserons entre moi et Poutine", a déclaré Volodymyr Zelensky à la presse.
Le chancelier allemand, Friedrich Merz, a de son côté estimé que l'Ukraine ne devrait pas être contrainte de faire des concessions territoriales dans le cadre d'un éventuel accord de paix. "La demande russe visant à ce que Kiev renonce aux parties libres du Donbass correspond, pour parler franchement, à une proposition visant à ce que les États-Unis renoncent à la Floride", a-t-il lancé.
Des garanties de sécurité soutenues par les Américains ?
Dans le Bureau ovale, Donald Trump a répété une fois de plus qu'il n'était selon lui pas nécessaire de passer par un cessez-le-feu avant un accord de paix définitif.
La grande priorité de la réunion entre les présidents ukrainien et américain, avec les dirigeants européens, était celle des garanties de sécurité pour l’Ukraine. Ces engagements pourraient être décidés sur la base de l'Article 5 de la Charte de l'Otan et auraient pour objectif de dissuader Moscou d’attaquer Kiev de nouveau.
Les alliés occidentaux de Kiev vont formaliser "d'ici dix jours", a déclaré le président ukrainien Volodymyr Zelensky, lundi à Washington. "Il est important que les États-Unis donnent un signal clair qu'ils feront partie des pays qui assisteront, coordonneront, et seront aussi des participants dans les garanties de sécurité pour l'Ukraine. Je pense que ça, c'est un grand pas en avant", a ajouté Volodymyr Zelensky, cité dans un communiqué de la présidence.
Le président américain a assuré, lundi, que ces garanties de sécurité seraient "fournies par divers pays européens, en coordination avec les États-Unis d'Amérique".
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De son côté, Moscou a dit refuser toute garantie de sécurité passant par l'Otan et son mécanisme de défense collective, le célèbre article 5 et précisé que les négociations de paix doivent être préparées "très minutieusement".
"Tout contact impliquant des dirigeants doit être préparé très minutieusement", a indiqué M. Lavrov dans une interview à la télévision russe Rossiya 24, après que Vladimir Poutine a accepté lundi le principe d'une rencontre bilatérale avec le dirigeant ukrainien.
À l’issue de la réunion à la Maison blanche, le président français Emmanuel Macron a affirmé que l'une des garanties de sécurité pour l'Ukraine, qui devra accompagner tout accord de paix avec la Russie, sera une armée ukrainienne assez "robuste" pour empêcher une éventuelle nouvelle attaque de Moscou.
"J'ai pu revenir cet après-midi sur le contenu de ces garanties de sécurité qui sont une armée ukrainienne robuste, qui puisse résister à toute tentative d'attaque et qui la dissuade, et donc pas de limitations en nombre, en capacité, en armement", a-t-il déclaré à des journalistes.
Donald Trump a quant à lui déclaré que le président russe Vladimir Poutine était prêt accepter des garanties de sécurité. "Le président Poutine est d'accord pour que la Russie accepte des garanties de sécurité pour l'Ukraine et c'est l'un des points centraux que nous devons prendre en compte et nous allons le prendre en compte à cette table", a déclaré Donald Trump au début de la réunion.
Une rencontre entre Zelensky et Poutine ?
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a confirmé, dans le Bureau ovale lundi, qu'il était "prêt" à une rencontre bilatérale avec Vladimir Poutine pour mettre fin à l'invasion russe de son pays qui se poursuit depuis plus de trois ans.
"Nous sommes prêts à une rencontre bilatérale avec Vladimir Poutine et après cela nous nous attendons à une rencontre trilatérale" avec la participation de Donald Trump, a-t-il déclaré à la presse à la suite de ses discussions avec le président américain et des responsables européens à Washington.
Le chancelier allemand Friedrich Merz a également déclaré aux journalistes, lundi à Washington, que le président russe avait convenu, lors d'un entretien téléphonique avec son homologue américain Donald Trump, de rencontrer le dirigeant ukrainien Volodymyr Zelensky "dans les deux semaines à venir".
Donald Trump a précisé sur son réseau Truth Social que la rencontre serait suivie d'une réunion à trois avec lui-même.
Le président français Emmanuel Macron a quant à lui demandé à ce que les Européens soient associés aux discussions entre les États-Unis, la Russie et l'Ukraine une fois que Donald Trump aura réussi à mettre autour d'une même table Vladimir Poutine et Volodymyr Zelensky.
Vladimir Poutine est rarement digne de confiance. Il reste donc à voir s'il a le courage de venir à ce type de réunion. A-t-il le courage de venir à une réunion trilatérale, ou essaie-t-il encore une fois de gagner du temps ?
Alexander Stubb, président de la Finlande
La rencontre entre les présidents russe et ukrainien devrait avoir lieu en Europe, a aussi indiqué le président français Emmanuel Macron qui plaide pour qu'elle se tienne à Genève. "Plus qu'une hypothèse, c'est même la volonté collective", a déclaré Emmanuel Macron dans un entretien diffusé sur LCI, mardi 19 août.
La Suisse a annoncé mardi qu'elle offrira "l'immunité" au président russe, malgré son inculpation devant la Cour pénale internationale, à condition qu'il vienne "pour une conférence de paix, pas si elle vient pour des raisons privées".
Avec plus de réserves, le président finlandais Alexander Stubb a estimé lundi à Washington que son homologue russe n'était "pas digne de confiance". "Vladimir Poutine est rarement digne de confiance. Il reste donc à voir s'il a le courage de venir à ce type de réunion. A-t-il le courage de venir à une réunion trilatérale, ou essaie-t-il encore une fois de gagner du temps?", a lancé Alexander Stubb devant la presse finlandaise.
Quel bilan côté diplomatique ?
La rencontre entre Donald Trump et Volodymyr Zelensky s'est placée sous le signe du respect, après leur dernière entrevue dans le Bureau ovale qui avait viré à l’humiliation pour le chef d’État ukrainien.
Pour l’occasion, Volodymyr Zelensky portait une veste de costume et une chemise noires qui lui ont valu les compliments de Donald Trump, attentif aux marques de respect protocolaire. Le président de l’Ukraine avait été critiqué par les partisans de Donald Trump, en février, pour sa tenue d'inspiration militaire jugée trop décontractée.
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"Je pense que nous avons eu une très bonne conversation avec le président Trump, c'était vraiment la meilleure", a déclaré par ailleurs Volodymyr Zelensky, lundi. Il a ajouté plus tard que Kiev avait offert de se fournir en armes américaines pour 90 milliards de dollars, le Financial Times évoquant lui un budget de 100 milliards financés par les Européens.
"Merci pour l'invitation et merci beaucoup pour vos efforts, vos efforts personnels pour mettre fin à la tuerie et arrêter cette guerre", a dit le président ukrainien, qui s'était vu reprocher son ingratitude lors de leur dernière rencontre. Donald Trump s'est lui aussi félicité d'une "très bonne" réunion avec Volodymyr Zelensky.
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