Liban: Netanyahu prêt à un retrait "progressif" si le Hezbollah est désarmé, le mouvement chiite s'y refuse

Par TV5MONDE avec AFP


Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, s'est dit prêt ce lundi 25 août à une réduction "progressive" de la présence de l'armée israélienne au Liban, si le gouvernement libanais concrétise son plan de désarmer le Hezbollah pro-iranien. Le chef du mouvement chiite, Naïm Qassem, assure de son côté que "la confrontation continuera" et qu'il "n'abandonnera pas les armes" qui le "protègent de l'agression israélienne".

Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, s'est dit prêt ce lundi 25 août à une réduction "progressive" de la présence de l'armée israélienne au Liban, si le gouvernement libanais concrétise son plan de désarmer le Hezbollah pro-iranien. Le chef du mouvement chiite, Naïm Qassem, assure de son côté que "la confrontation continuera" et qu'il "n'abandonnera pas les armes" qui le "protègent de l'agression israélienne".
"Israël est prêt à soutenir le Liban dans ses efforts pour désarmer le Hezbollah et à travailler ensemble pour un avenir plus sûr et plus stable", a déclaré ce lundi 25 août Benjamin Netanyahu, dans un communiqué, relevant qu'Israël "reconnaît la mesure importante prise par le gouvernement libanais".
Si ce dernier mène à bien son projet de désarmement du mouvement chiite armé, Israël est prêt à "prendre des mesures réciproques, notamment une réduction progressive de la présence de l'armée israélienne en coordination avec le mécanisme de sécurité dirigé par les États-Unis", a-t-il ajouté.
Un accord de cessez-le-feu, conclu sous médiation américaine le 27 novembre, a mis fin à un an de conflit entre Israël et le Hezbollah, dont deux mois de guerre ouverte. Il prévoit que seules l'armée libanaise et la force de paix de l'ONU soient déployées dans le sud du pays, à la frontière avec Israël, y excluant la présence à la fois du Hezbollah et de l'armée israélienne. Une mesure sans précédent depuis l'accord de Taëf, qui a mis fin à la guerre civile libanaise (1975-1990) et en vertu duquel les partis ont remis leurs armes à l'État, à l'exception du Hezbollah.
Une émissaire américaine arrive à Beyrouth
Israël a depuis continué à frapper le Liban, affirmant cibler des infrastructures de Hezbollah, et maintient des forces dans cinq positions du sud du Liban, présentées comme stratégiques. De son côté, le gouvernement libanais a chargé l'armée, le 5 août, de préparer un plan d'action pour garantir ce désarmement d'ici à la fin de l'année 2025.
L'émissaire américain Tom Barrack avait estimé le 18 août à Beyrouth que le Liban avait ainsi fait "un premier pas", et estimé qu'Israël devait désormais faire sa part pour appliquer l'accord de cessez-le-feu. L'agence d'information nationale libanaise ANI a annoncé ce lundi l'arrivée à Beyrouth de l'émissaire américaine adjointe pour le Moyen-Orient, Morgan Ortagus, pour des discussions avec les responsables.
Le Hezbollah agite le spectre d'une guerre civile
Le Hezbollah, lui, s'est dit prêt le 15 août à "livrer bataille" pour préserver ses armes et estime que la décision du gouvernement pourrait conduire à une "guerre civile". "Ce gouvernement exécute l'ordre américano-israélien de mettre fin à la résistance, même si cela entraîne une guerre civile et des conflits internes", avait accusé Naïm Qassem, qui a remplacé Hassan Nasrallah à la tête du parti-milice en octobre 2024.
Des affirmations qu'il a réédité ce lundi lors d'un discours télévisé, assurant que son groupe n'abandonnera pas "l'arme qui nous protège de l'agression israélienne". "Quiconque cherche à nous voler nos armes cherche à nous voler notre âme, et le monde verra notre colère ", a-t-il ajouté.
Hezbollah leader Naim Qassem challenges the Lebanese government’s decision to disarm Hezbollah and threatens to drag the country to civil war.
— Ariel Oseran أريئل أوسيران (@ariel_oseran) August 25, 2025
“The Lebanese government made the sinful decision to disarm the resistance. We will not surrender the weapons that have strengthened us.… pic.twitter.com/ASiXyq81mT
Il a déclaré qu'Israël devait d'abord mettre en œuvre le cessez-le-feu négocié par les États-Unis en novembre dernier, avant que le Hezbollah n'accepte de discuter d'une stratégie de défense nationale dans le pays.
Que reste-t-il de l'arsenal du Hezbollah?
Le conflit entre le Hezbollah et Israël, qui a laissé une partie du Liban en ruines, a éclaté en octobre 2023 lorsque le groupe a ouvert le feu sur des positions israéliennes le long de la frontière sud, en solidarité avec son allié palestinien, le Hamas, au début de la guerre de Gaza.
Puissant mouvement armé qui avait dominé pendant des années la vie politique au Liban, le Hezbollah a été fondé et financé par l'Iran, ennemi juré d'Israël. Son influence sur la vie politique au Liban, qu'il a dominée pendant des années, a reculé.
Le Hezbollah est sorti très affaibli du conflit, qui a détruit une partie de son arsenal, décimé sa direction et tué près de 5.000 de ses combattants. En juin, le Premier ministre libanais, Nawaf Salam, assurait que l'armée libanaise avait démantelé "plus de 500 positions militaires et dépôts d'armes" dans le sud du pays, conformément à l'accord de cessez-le-feu signé avec Israël, le 27 novembre 2024.
"Selon les renseignements disponibles, il a perdu une grande partie de son arsenal lourd, notamment ses missiles longue portée", a-t-il précisé à l'AFP. "Selon des sources du renseignement, le Hezbollah aurait perdu environ 70% de ses capacités".
Le Conseil de sécurité doit voter lundi une éventuelle prorogation d'un an du mandat de la force de maintien de la paix de l'ONU dans le sud du Liban (Finul), qui fait tampon entre Israël et le Liban depuis mars 1978. Cette prolongation est voulue par la France et Beyrouth, les États-Unis et Israël y étant hostiles.
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