En attendant les mémoires de Gisèle Pelicot, le procès des "viols de Mazan" au coeur de nombreuses publications

Par Terriennes avec AFP
Par Liliane Charrier avec AFP


Un an après, l'affaire des "viols de Mazan" revient dans l'actualité avec le procès en appel d'un des condamnés, du 6 au 9 octobre 2025. Devenue une figure mondiale du combat contre les violences sexuelles, Gisèle Pelicot fait l'objet de plusieurs publications en librairie. Ses mémoires seront publiées début 2026.

Un an après, l'affaire des "viols de Mazan" revient dans l'actualité avec le procès en appel d'un des condamnés, du 6 au 9 octobre 2025. Devenue une figure mondiale du combat contre les violences sexuelles, Gisèle Pelicot fait l'objet de plusieurs publications en librairie. Ses mémoires seront publiées début 2026.
Traduites en une vingtaine de langues, les mémoires de Gisèle Pélicot sortiront le 17 février 2026 sous le titre Et la joie de vivre – A Hymn to Life ("Un hymne à la vie") en anglais. Elles seront éditées dans des dizaines de pays, à commencer par les Etats-Unis, témoignant de la notoriété mondiale acquise par celle que beaucoup considèrent comme une icône féministe.
Message d'espoir
Une fois le verdict énoncé, fin 2024, Gisèle Pelicot "n'a jamais pris la parole", mais elle "a décidé de raconter son histoire avec ses propres mots", communique son éditeur. "Elle veut transmettre un message d'espoir à tous ceux et toutes celles qui traversent des épreuves, comme à ceux et celles qui l'ont soutenue au cours de ces semaines d'automne 2024"..
Contre la banalisation des violences sexuelles
Agée de 72 ans, Gisèle Pelicot a été droguée et violée pendant des années à son domicile par son mari, Dominique Pelicot, et des dizaines d'hommes que ce dernier recrutait sur internet. Elle a refusé que le procès, qui s'est tenu entre septembre et décembre 2024 à Avignon, dans le sud-est de la France, se déroule à huis clos afin que "la honte" change de camp.
Dominique Pelicot a été condamné à vingt ans de réclusion criminelle. Il n'a pas fait appel. Ses 50 co-accusés, reconnus pour la plupart coupables de viols, âgés de 27 à 74 ans, ont écopé de peines allant de trois ans de prison dont deux avec sursis, et quinze ans de réclusion criminelle.
Depuis ce procès retentissant, Gisèle Pelicot a reçu le Prix Liberté, décerné par 10 000 jeunes issus de 84 pays, "pour son combat contre la banalisation du viol et des violences sexuelles". Mi-avril 2025, elle a été désignée parmi les "100 personnes les plus influentes de 2025" par le magazine américain Time.
Etudes de terrain
Dans le tribunal, mais surtout en dehors, 14 anthropologues ont mené l'enquête en marge de ce "procès de société". Après avoir recueilli des centaines de témoignages, ils publient un ouvrage collectif pour raconter "l'onde de choc" provoquée à Avignon et dans le petit village de Mazan, où habitaient les Pelicot.
Les auteurs et autrices - 12 femmes et deux hommes - s'intéressent à l'évolution de l'image de Gisèle Pelicot, cette "figure de proximité" qui, "au fil des semaines du procès", "devient une icône" qui "impressionne et fascine", sans cependant échapper à des rumeurs "qui visent à la décrédibiliser".

Une "BD de combat"
Notre affaire est une copieuse BD de 300 pages dans laquelle 23 auteurs illustrent le procès et, à l'aide de 12 experts, décortiquent "ce qu'il questionne" comme "la construction de la masculinité, la culture du viol ou la soumission chimique".
"Il paraît qu'il y aura un avant et un après Mazan" mais "il nous reste du pain sur la planche", constate le journaliste et écrivain Mathieu Palain, coordinateur de l'album avec la journaliste du Parisien Louise Colcombet.
La sortie de cette "BD de combat et d'espoir", selon ses auteurs, parue le 28 août 2025, a été entachée par les accusations de violences à l'encontre de l'un des dessinateurs par son ex-compagne. "Nous sommes rattrapés par notre sujet", a réagi l'éditeur, L'Iconoclaste, qui a suspendu la promotion du livre.
"L'avocate du diable"
Elle a été surnommée "l'avocate du diable" parce qu'elle défendait Dominique Pelicot : Me Béatrice Zavarro raconte dans Défendre l'indéfendable (paru le 28 août 2025 aux éditions Mareuil) comment elle a vécu ce procès durant lequel elle était "seule face au monde".
Reconnaissable à ses lunettes rouges, Me Zavarro avait gagné progressivement le respect dans la salle d'audience et en dehors, grâce à sa pugnacité et sa bienveillance envers Gisèle Pelicot. Seule avocate de l'accusé, elle raconte avoir souffert d'une "solitude" qui lui "a pesé vraiment beaucoup" durant le procès.
Le besoin de comprendre
Depuis la fin du procès, plusieurs femmes journalistes ou intellectuelles analysent les répercutions d'un procès "de société". Dans La chair des autres, paru en juin 2025 chez Albin Michel, la romancière Claire Berest décortique comment les 50 hommes jugés avec Dominique Pelicot ont basculé dans l'acte criminel. La journaliste Elise Costa revient dans Ecrire Mazan, publié chez Marchialy, sur la difficulté à raconter "sans tomber vers le voyeurisme".
La fille de Gisèle Pelicot, Caroline Darian, a publié Pour que l'on se souvienne, un ouvrage de "combat contre la soumission chimique". Elle y décrit son sentiment d'avoir été "la grande oubliée du procès".
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