RD Congo: le président de l'Assemblée nationale Vital Kamerhe démissionne
Par TV5MONDE avec AFP
La pluie de pétitions de destitution a eu raison de Vital Kamerhe. Malgré les tentatives d'apaisement, l'ancien président de l'Assemblée nationale de la République démocratique du Congo a déposé sa démission, ce lundi 22 septembre, devant la conférence des présidents.
La pluie de pétitions de destitution a eu raison de Vital Kamerhe. Malgré les tentatives d'apaisement, l'ancien président de l'Assemblée nationale de la République démocratique du Congo a déposé sa démission, ce lundi 22 septembre, devant la conférence des présidents.
Après une rentrée politique tendue, Vital Kamerhe quitte définitivement son poste de président de l'Assemblée nationale. Il était visé par une procédure de destitution initiée par un député du parti présidentiel et sous pression depuis plusieurs semaines.
Les députés de l'UDPS ainsi que d'autres formations politiques, lui reprochaient officiellement une gestion opaque des finances de l'Assemblée, des votes précipités et la suppression de certains avantages. Certains lui reprochaient également de ne pas avoir clairement affirmé son soutien au président et allié Félix Tshisekedi, fragilisé par l'intensification du conflit dans l'est du pays.
"Un manque d'alignement"
Il lui était notamment reproché un "manque d'alignement sur les priorités du pouvoir" et, plus précisément, une "gestion opaque des fonds parlementaires", précise le site d'information Actualité CD. "Plusieurs prises de position de Vital Kamerhe sur des questions centrales comme la réforme constitutionnelle ou le dialogue politique ont été perçues comme s'éloignant des positions du président Tshisekedi", ajoute également le politologue congolais Christian Moleka contacté par l'AFP.
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"Toute ma carrière a été consacrée à un seul idéal: celui de notre peuple, ma loyauté envers la nation n'a jamais faibli, ni face à l'épreuve du temps, ni face à l'adversité politique, souvent au détriment de mon intérêt personne, parfois au péril de ma vie", s'était-il défendu la semaine dernière.
Félix Tshisekedi le "considère toujours comme un frère"
Mais ses tentatives d'apaisement, n'ont pas suffi. Les élus frondeurs dénonçaient les crédits de l’Assemblée réduits de plus d'un quart – ce qui empêche toute augmentation des émoluments et autres avantages.
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D'après le média en ligne Actualité CD, certains observateurs y voient même "un règlement de comptes interne à l'Union sacrée, visant à consolider le contrôle de l'UDPS sur l'institution". Les députés ne se sont, pour l'instant, pas exprimés. Cette démission donnera suite à l'élection d'un nouveau bureau, sous la direction du vice-président Isaac Tshilumbayi.
Interrogé à New York en marge de l'Assemblée générale annuelle de l'ONU sur cette démission, le président congolais Felix Tshisekedi a évoqué "une cuisine interne à chaque institution". Sur le fait de savoir si les deux hommes étaient toujours "alliés", il a répondu "bien sûr". "Sauf si Vital Kamerhe en décide autrement, mais je ne vois pas pourquoi parce que je ne suis pas à la base de sa démission, ni des ses problèmes". "Je continue à le considérer comme un allié, comme un frère", a-t-il ajouté.
Félix Tshisekedi, au pouvoir depuis 2019, a été réélu fin 2023 pour un second et théoriquement dernier mandat.
En RDC, la Constitution prévoit un maximum de deux mandats de cinq ans. Fin 2024, Félix Tshisekedi avait toutefois avancé l'idée d'une réforme constitutionnelle, condamnée par l'opposition comme étant une manœuvre pour s'ouvrir la voie vers un troisième mandat.
Déjà président de l'Assemblée nationale entre 2006 et 2009 sous l'ex-président Joseph Kabila, Vital Kamerhe avait démissionné à la suite d'un différend avec la majorité. Il avait ensuite fondé son parti d'opposition, l'Union pour la nation congolaise (UNC), avant de devenir un allié de Félix Tshisekedi.
En 2020, alors directeur de cabinet de Felix Tshisekedi, Vital Kamerhe avait été accusé de détournement de fonds et condamné à 20 ans de prison. Libéré un an plus tard, il avait finalement été acquitté en 2022. En 2023, il était devenu ministre de l'Economie, avant d'être élu président de l'Assemblée l'année suivante.
En mai 2024, il avait été visé par les auteurs d'une tentative de coup d'Etat manqué. Des hommes armés avaient attaqué son domicile situé dans un quartier huppé de la capitale Kinshasa, avant d'investir le "palais de la Nation" non loin, qui abrite des bureaux de Félix Tshisekedi.
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