ÉDITO. L'Orchestre du Divan oriental-occidental, un prix Nobel de la paix 2025 sans fausse note

Par Slimane Zeghidour


Plus de 338 postulants, 244 personnalités et 94 ONG ou organisations, au demeurant tout à fait honorables et non moins méritantes, se bousculent cette année au portillon du Nobel de la paix pour en recueillir la palme, ou plutôt le rameau d'olivier. La célèbre distinction doit être décernée ce vendredi 10 octobre à Oslo en Norvège. Si Donald Trump mène une campagne active, se vantant même précipitamment d'avoir mis fin à "sept guerres", c'est à l'Orchestre du Divan Oriental-Occidental, fondé en 1999, que nous avons choisi de donner la récompense.

Plus de 338 postulants, 244 personnalités et 94 ONG ou organisations, au demeurant tout à fait honorables et non moins méritantes, se bousculent cette année au portillon du Nobel de la paix pour en recueillir la palme, ou plutôt le rameau d'olivier. La célèbre distinction doit être décernée ce vendredi 10 octobre à Oslo en Norvège. Si Donald Trump mène une campagne active, se vantant même précipitamment d'avoir mis fin à "sept guerres", c'est à l'Orchestre du Divan Oriental-Occidental, fondé en 1999, que nous avons choisi de donner la récompense.
Orgues de Staline, trompettes de Jéricho et tambours de guerre contre harmonicas, accordéons et Flute enchantée. Le régiment contre le chœur, le bataillon contre l'orchestre, la baguette du chef contre la baïonnette de l'officier. Depuis la nuit des temps, la musique et ses instruments sont de toutes les guerres et de tous les accords de paix, pacifistes et guerriers ayant toujours su en jouer tant pour galvaniser leurs troupes que pour apaiser leurs peuples.
Aujourd'hui, la musique se fait surtout entendre pour dénoncer la guerre et ses morts. Des dizaines de collectifs internationaux à l'exemple de Massive Attack, de Musicians for Palestine, de Music For a Ceasefire, No Music for Genocide ou encore de Musicians Without Borders, dénoncent la guerre conduite par Israël à Gaza. Ils exhortent au respect du droit international, critiquent le soutien militaire constant des États-Unis et l'appui résolu d'États européens et n'oublient pas de mettre à l'index la censure visant des artistes solidaires des Palestiniens.

Qui mérite le Nobel de la paix 2025, alors que de Gaza à l'Ukraine, en passant par le Soudan du sud ou la République démocratique du Congo, les guerres sèment morts et dévastation? Parmi les postulants, ressortent les noms de feu le pape François, la Française Gisèle Pelicot, que le procès des viols collectifs de Mazan a hissée au rang d'icône féministe mondiale, l'ex-secrétaire général de l'Otan, le Norvégien Jens Stoltenberg, ou celui des Nations Unies, le Portugais Antonio Guterres. Le candidat le plus audible est Donald Trump qui en revendique déjà urbi et orbi le mérite pour lui seul.
À propos de mérite, il existe à travers le vaste monde, une foule d'entités à qui un Nobel de la paix serait une distinction louable, plus que légitime, équitable. Mais il y a lieu d'en citer au moins une, ceci afin de rester dans le registre de la musique: l'Orchestre du Divan Oriental-Occidental.
Un groupe installé en Andalousie, vieille terre de coexistence religieuse
On doit la mise sur pied de cet ensemble unique à la volonté commune du grand chef juif argentino-germano-israélien Daniel Barenboïm et de l'écrivain et historien de la littérature palestino-américain, chrétien orthodoxe devenu presbytérien et pianiste émérite, Edward Saïd. Universaliste conséquent, Daniel Barenboïm a acquis la nationalité espagnole et obtenu un passeport palestinien.
L'orchestre a vu le jour, en 1999, à Weimar, à l’occasion du 250ème anniversaire de la naissance de Goethe. L'appellation s'inspire du célèbre recueil poétique du grand écrivain allemand "Divan Oriental-Occidental", lui-même inspiré par le "Diwan", du poète persan du XIVème siècle Hafez Chirazi.
D'abord basée à Weimar, la formation a obtenu peu après le soutien de l'orchestre philarmonique de Chicago avant de s'installer à Séville, dans un ancien couvent, à l'invitation de la "Junta Andalucia", la Province d'Andalousie, en souvenir de la fructueuse coexistence religieuse de la péninsule Ibérique médiévale.
Il réunit depuis lors, à chacun de ses concerts classiques à travers les grandes capitales, une centaine de musiciens et d'instrumentistes accourus d'abord d'Israël et de Palestine mais également de tous les pays arabes et même de l'Iran.
Your browser doesn't support HTML5 video.
Si Donald Trump cherche et promet une "paix éternelle" au Moyen-Orient, il ne s'agit, au fond et cela reste on ne peut plus bienvenu, qu'une cessation des hostilités, et juste à Gaza. L'Orchestre du Divan Oriental-Occidental représente un autre idéal, celui de la réconciliation et de la coexistence des peuples. S'il fallait une devise à l’Orchestre du Divan Oriental-Occidental ce serait bien celle-ci: la paix n'a pas pour contrepoint la guerre mais l'ignorance.
Today