Les BD documentaires, une vague qui ne faiblit pas
Par AFP Par Jérôme RIVET © 2025 AFP
De la crise agricole au conflit israélo-palestinien en passant par les drogues ou la Russie, nul sujet d'actualité n'échappe à la BD documentaire, un genre qui attire de nouveaux auteurs, comme Hugo Clément, cherchant à concilier pédagogie et détente.
De nombreux albums sortent cet automne, à temps pour le festival BD Quai des bulles ce week-end à Saint-Malo et pour être déposés au pied du sapin de Noël dans deux mois.
Parmi ces nouveautés, figure celle du journaliste Hugo Clément, "Le paradoxe de l'abondance" (Dargaud), présenté comme "une enquête sur les ravages silencieux de l'agro-industrie", co-écrite avec Vincent Ravalec et dessinée par Dominique Mermoux.
"J'adore le format BD parce que, comme beaucoup de gens, je retiens mieux les informations sous forme visuelle", explique à l'AFP Hugo Clément, qui avait déjà sorti un roman graphique en 2023.
La BD lui permet aussi d'être "multi-canaux": "Comme je suis très présent sur les réseaux sociaux et la télé traditionnelle, je peux toucher potentiellement 100% de la population en ajoutant l'édition".
Comme Hugo Clément, une autre star des réseaux, Hugo Travers, se lance aussi dans les récits BD avec "HugoDécrypte en Russie", un album réalisé avec le scénariste Kris et l'illustrateur Kokopello à paraître le 4 novembre.
L'album met en scène le youtubeur allant à la rencontre, avec une journaliste, des grandes personnalités de l'histoire russe afin que "le passé éclaire le présent" dans le contexte de la guerre en Ukraine.
"La BD permet de traiter les sujets dans la longueur, sous une forme accessible à tous, et avec une souplesse que l’on a moins en vidéo. De plus, le livre, c’est un bel objet, qui reste", explique son éditeur, Allary.
"J'aime beaucoup laisser traîner une BD sur une table, la partager", témoigne aussi Hugo Clément.
Succès phénoménal
Les auteurs espèrent rééditer le succès phénoménal rencontré par deux documentaires graphiques ces dernières années.
Le premier, "Le monde sans fin" (Dargaud), sur le changement climatique, de Christophe Blain (dessin) et Jean-Marc Jancovici (texte), a atteint le million d'albums vendus depuis 2021, selon l'éditeur.
Le second est "Jérusalem", un épais livre de 250 pages sur l'histoire de la ville sainte, avec l'historien Vincent Lemire au texte et Christophe Gaultier au dessin, qui s'est vendu à plus de 350.000 exemplaires.
"Il y a vraiment une grosse appétence de la part d'un public qui a peu le temps de lire et pour lequel la BD fait moins peur qu'un essai", avance Laurent Muller, le directeur éditorial des Arènes BD.
L'intérêt est démultiplié quand l'actualité s'en mêle. Sorti à l'automne 2022, "Jérusalem" a vu ses ventes bondir après les attaques du Hamas contre Israël du 7 octobre 2023 et le début de la guerre à Gaza, qui ont remis le conflit israélo-palestinien au centre des préoccupations.
"Le sujet de l'album est important, mais une bonne BD c'est avant tout un bon scénariste et un bon dessinateur", rappelle Laurent Muller, qui indique avoir mis deux ans à dénicher les auteurs capables de mettre en BD le best-seller "La vie secrète des arbres".
Le succès est parfois inattendu, comme celui de l'album "Les algues vertes, l'histoire interdite" (La Revue dessinée/ Delcourt), qui raconte comment le littoral breton a été infesté par la pollution agro-industrielle.
Mais, dans un marché de la BD saturé, avec plus de 7.000 albums publiés par an, les déceptions sont nombreuses, d'autant que le seuil de rentabilité d'une BD documentaire est plus élevé que celui d'une BD traditionnelle.
Cet automne, les albums "Drogue, une histoire mondiale" (Delcourt), "Combien coûte une abeille ?" (Point Némo), "Planète ciel" (Dunod Graphic), "Kennedy(s)" (Glénat), "Le mal des montagnes" (La Revue dessinée) ou le 4e et dernier tome de "Sapiens" (Albin Michel) vont ainsi tenter de sortir du lot.
Today