Nigeria: la recrudescence des enlèvements de masse ravive le souvenir amer de Chibok
Par Amira Mahfoudi avec agences
Le Nigeria est une nouvelle fois frappé par des enlèvements massifs. Ce vendredi 21 novembre, des hommes armés ont kidnappé 315 élèves et enseignants dans une école catholique du centre du pays. Quelques jours plus tôt, 25 lycéennes avaient déjà été enlevées dans l’État de Kebbi, selon un mode opératoire similaire.
Le Nigeria est une nouvelle fois frappé par des enlèvements massifs. Ce vendredi 21 novembre, des hommes armés ont kidnappé 315 élèves et enseignants dans une école catholique du centre du pays. Quelques jours plus tôt, 25 lycéennes avaient déjà été enlevées dans l’État de Kebbi, selon un mode opératoire similaire.
Le Nigeria, pays le plus peuplé d’Afrique, a été secoué ce 21 novembre par l’un des plus importants enlèvements de masse de son histoire récente. Des hommes armés ont attaqué tôt dans la matinée l’école catholique mixte Saint-Mary, située dans la municipalité d’Agwara, à environ 600 km au nord-ouest d’Abuja, la capitale. Au total, 315 élèves et enseignants ont été emmenés de force.
50 élèves ont pu s'échapper
Ce rapt survient quelques jours seulement après l’enlèvement d’au moins 25 lycéennes dans l’État voisin de Kebbi, confirmant une recrudescence des attaques visant les établissements scolaires du nord du pays.
Face à l’émotion suscitée par ce nouvel assaut, les autorités nigérianes affirment être mobilisées "24 heures sur 24" pour retrouver les victimes et les rendre à leurs familles. Dans un communiqué publié sur les réseaux sociaux, le gouverneur de l’État du Niger, Mohammed Umaru Bago, a exprimé sa "profonde tristesse" et annoncé la fermeture immédiate de toutes les écoles de son État, rapporte l'AFP. Une mesure déjà adoptée par les gouvernements des États voisins de Katsina et de Plateau.
Le ministère fédéral de l’Éducation a, de son côté, ordonné la fermeture de 47 pensionnats d’enseignement secondaire dans le nord du pays, région la plus touchée par les violences du groupe djihadiste Boko Haram.
50 élèves ont pu échapper à leurs ravisseurs, a indiqué ce 23 novembre l’association chrétienne du Nigeria dans un communiqué consulté par l'AFP, précisant qu’ils se sont évadés entre vendredi et samedi.
Un souvenir douloureux: Chibok
Cette nouvelle tragédie ravive le souvenir de Chibok : il y a onze ans, près de 300 écolières avaient été enlevées dans l’État de Borno par Boko Haram, déclenchant la campagne internationale “Bring Back Our Girls”, qui se traduit par "Ramenez-nous nos filles".
Les Nigérians gardent aussi en mémoire d’autres enlèvements de masse. En 2021, des bandits avaient kidnappé plus de 100 élèves, en majorité des filles, ainsi que des membres du personnel du Federal Government College (FGC) de Yauri, tuant un policier et blessant un enseignant. Les élèves ont ensuite été libérées progressivement au cours des deux années suivantes. Certaines ont été mariées de force et sont revenues avec des bébés.
Aujourd’hui, l’insécurité créée par les groupes armés est l’un des défis majeurs du Nigeria. Aucun groupe n’a revendiqué les attaques récentes, mais des bandes criminelles opèrent depuis des camps installés dans une vaste zone forestière couvrant plusieurs États du nord-ouest. Et ce, depuis plusieurs années.
Les tensions touchent musulmans et chrétiens
Motivés avant tout par l’appât du gain, ces “bandits” n’ont pas d’idéologie propre. Or, leur rapprochement croissant avec les djihadistes du nord-est, en revanche, inquiète de plus en plus les autorités et les experts en sécurité.
Le pouvoir fédéral assure ne tolérer aucune persécution religieuse et rappelle que les nombreux conflits qui touchent le pays - divisé de manière à peu près égale entre un sud à majorité chrétienne et un nord à majorité musulmane - touchent tous les Nigérians quelle que soit leur religion.
Poussés par la pauvreté, sur fond de conflits ethnico-religieux, ces bandes criminelles d’origines diverses enlèvent à tour de bras et exigent des rançons, bien souvent, démesurées par rapport au niveau de vie des victimes et de leur famille, alors même que 40% de la population nigériane vit sous le seuil de pauvreté, selon un rapport de l'ONU datant de 2022.
Face à la terreur que font régner ces groupes, plus de 2 millions de personnes ont déjà fui les violences. À cela s'ajoute aussi le conflit foncier, c'est-à-dire la compétition pour des ressources naturelles de plus en plus rares : terres agricoles, points d’eau, pâturages et voies de transhumance. La situation est aggravée par la désertification progressive du nord du pays, poussant les éleveurs vers le sud et exacerbant les tensions avec les agriculteurs.
(Re)lireNigeria : des djihadistes mènent des attaques aux drones contre l’armée, 50 assaillants meurent
Pourtant, Donald Trump cherche à donner une dimension religieuse au fléau criminel au Nigeria. Le président américain a récemment menacé d’intervenir militairement dans le pays, dénonçant ce qu’il qualifie de “massacres de chrétiens par des islamistes radicaux”.
Yesterday