Donetsk, Lougansk, Kherson, Zaporijjia... Vers des concessions territoriales en Ukraine après le sommet Trump-Poutine?

Par Lorène Bienvenu avec AFP


Le sort de l’Ukraine est au cœur des discussions après la rencontre entre Donald Trump et Vladimir Poutine vendredi en Alaska. Possibles concessions territoriales, garanties de sécurité pour l’Ukraine... tout ce qu'il faut savoir sur le plan soutenu par le président américain avant sa rencontre avec Volodymyr Zelensky et des dirigeants européens.

Le sort de l’Ukraine est au cœur des discussions après la rencontre entre Donald Trump et Vladimir Poutine vendredi en Alaska. Possibles concessions territoriales, garanties de sécurité pour l’Ukraine... tout ce qu'il faut savoir sur le plan soutenu par le président américain avant sa rencontre avec Volodymyr Zelensky et des dirigeants européens.
La récente rencontre entre Donald Trump et Vladimir Poutine à Anchorage, en Alaska, a laissé planer un certain mystère quant à l'avenir du conflit en Ukraine. Donald Trump a vanté, dimanche 17 août, de "grands progrès" réalisés avec la Russie pour faire avancer un plan de paix en Ukraine. Washington s'est dit "optimiste" quant à la réunion, lundi 18 août, à la Maison Blanche entre les présidents américain et ukrainien, ce dernier étant épaulé par ses alliés européens.
Bien qu'aucun résultat concret n'ait émergé du sommet en Alaska, il pourrait néanmoins marquer le début de négociations sérieuses. Mais sur quelles bases ces discussions pourraient-elles se fonder? Selon des sources proches des échanges téléphoniques entre le président américain et des dirigeants européens, Donald Trump semble soutenir une proposition de Moscou. Celle-ci inclut notamment un contrôle total des régions de Donetsk et de Lougansk dans l'est de l'Ukraine.
Your browser doesn't support HTML5 video.
L’émissaire spécial de Donald Trump pour l'Ukraine et la Russie, Steve Witkoff, a assuré que Moscou avait fait "certaines concessions" territoriales concernant "cinq régions" ukrainiennes, citant uniquement "une importante discussion sur Donetsk", qui est seulement partiellement sous le contrôle de Moscou.
(Re)lire Rencontre Donald Trump/Vladimir Poutine : ce qu'il faut retenir du sommet sur l'Ukraine en Alaska
Des régions "forteresses"
La proposition concernerait un gel du front dans les régions de Kherson et Zaporijjia, des territoires du sud de l’Ukraine largement occupés par la Russie, en échange de la cession de Donetsk et de Lougansk. Ces zones stratégiques forment le Donbass, un bassin industriel et minier frontalier à la Russie dont la conquête est une priorité du chef du Kremlin.
Cette région est considérée comme une "forteresse" qui protège le reste du pays, selon l'Institut américain pour l'étude de la guerre (ISW), mais l'armée russe semble avancer sur le front ces dernières semaines et menace les centres de logistique militaire ukrainiens qui la compose. Donetsk et Lougansk sont des régions traditionnellement à majorité russophone. Un facteur qui a été instrumentalisé par le Kremlin pour justifier ses attaques sur ces territoires dès 2014, puis leur invasion en février 2022.
L'Ukraine garde le contrôle des principaux centres urbains de la région de Kherson mais les troupes russes détiennent environ 71% du territoire, selon l'ISW. À Zaporijjia, il s'agit de 74% du territoire. L’armée russe dispose même de la centrale nucléaire éponyme, la plus grande d'Europe mais depuis mise à l’arrêt, depuis les premières semaines de la guerre.
Steve Witkoff a assuré que Moscou avait fait "certaines concessions" territoriales concernant "cinq régions" ukrainiennes, citant uniquement "une importante discussion sur Donetsk", région qui constitue la priorité militaire du Kremlin.
Your browser doesn't support HTML5 video.
Donald Trump a également prévenu l'Ukraine sur la question de la Crimée annexée par Moscou en 2014: "pas question" pour Kiev d’en récupérer le contrôle, a affirmé le président américain sur son réseau Truth Social, où il ne cesse de mettre la pression sur Volodymyr Zelensky pour renoncer à certaines de ses exigences.
Lors de leur sommet en Alaska, les présidents américain et russe ont convenu de "garanties de sécurité solides" pour l'Ukraine, que la Russie a envahie le 24 février 2022. La question de ces garanties devrait être au centre des discussions dans le Bureau ovale, lors de la réunion de lundi. Elles pourraient être décidées sur la base de l'Article 5 de la Charte de l'Otan et auraient pour objectif de dissuader Moscou d’attaquer Kiev de nouveau.
Un changement de cap pour Trump
Un développement majeur a eu lieu samedi: Donald Trump a abandonné son exigence d'un cessez-le-feu préalable en Ukraine. Il prône désormais un accord global, une position alignée avec celle de Vladimir Poutine.
Your browser doesn't support HTML5 video.
Cette évolution pourrait influencer les discussions à venir, notamment lors de la rencontre prévue entre Trump et le président ukrainien Volodymyr Zelensky à Washington, en présence de dirigeants européens, parmi lesquels le président français, Emmanuel Macron, le chancelier allemand Friedrich Merz, le Premier ministre britannique, Keir Starmer et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen.
Lundi, Volodymyr Zelensky pourrait se voir présenter un accord que Donald Trump aurait négocié avec Poutine. Cet accord, qualifié de raisonnable par Trump, nécessiterait la signature de l'Ukraine. Cependant, certains observateurs craignent qu'il ne s'agisse d'un "cadeau empoisonné", compromettant potentiellement la souveraineté ukrainienne.
I have already arrived in Washington, tomorrow I am meeting with President Trump. Tomorrow we are also speaking with European leaders. I am grateful to @POTUS for the invitation. We all share a strong desire to end this war quickly and reliably. And peace must be lasting. Not…
— Volodymyr Zelenskyy / Володимир Зеленський (@ZelenskyyUa) August 18, 2025
Les discussions entre Washington et Moscou prévoient des garanties de sécurité à l'Ukraine indépendamment de toute adhésion à l'OTAN. L'idée d'une sécurité renforcée sans l'OTAN pourrait offrir une nouvelle perspective pour l'Ukraine, mais elle soulève également des questions sur l'efficacité et la fiabilité de telles garanties.
"Le président ukrainien Zelensky peut mettre fin à la guerre avec la Russie presque immédiatement s'il le veut, ou il peut continuer à combattre. Souvenez-vous comment cela a commencé. Pas question de récupérer la Crimée donnée par Obama (il y a 12 ans, sans qu'un seul coup de feu ne soit tiré) et PAS QUESTION POUR L'UKRAINE D'ENTRER DANS L'OTAN", a écrit le président américain sur son réseau Truth Social.
En cas d'échec des pourparlers, le chef de la diplomatie américaine, Marco Rubio, a tout de même prévenu que Washington pourrait prendre de "nouvelles sanctions" contre Moscou.
Yesterday