"Gang de Roubaix": 20 ans de prison requis contre Seddik Benbahlouli
Par AFP Par Kenan AUGEARD © 2025 AFP
Vingt ans de réclusion criminelle ont été requis vendredi contre Seddik Benbahlouli, 55 ans, dernier membre présumé du "gang de Roubaix" jugé devant les assises du Nord, notamment pour tentative de meurtre sur deux policiers en janvier 1996.
L'avocat général a demandé à ce que la cour prononce contre lui "la même peine" qu'en 2001, lorsqu'il avait été condamné par contumace de 20 ans de prison. Arrêté aux Etats-Unis en 2023 après 27 ans de cavale, Seddik Benbahlouli n'avait pas acquiescé à ce verdict, ouvrant la voie à un nouveau procès.
L'avocat général a requis que l'accusé soit condamné pour tentative de meurtre sur deux policiers le 27 janvier 1996 près de Lille, recel de véhicule volé et détention de dépôt d'armes.
Mais il a demandé l'abandon des charges pour association de malfaiteurs, Seddik Benbahlouli ayant déjà été condamné pour cette infraction devant le tribunal correctionnel de Paris au début des années 2000.
Le verdict est attendu lundi.
L'accusé n'a pas assisté aux réquisitions. Depuis le début de son procès le 17 octobre, il n'est apparu qu'à de rares reprises dans le box, clamant par la voix de son avocate, Soizic Salomon, que ce procès n'a pour lui "aucun sens".
Le silence de l'accusé a empêché la cour de lever les nombreuses zones d'ombre sur sa participation au "gang de Roubaix", groupe criminel qui mêlait grand banditisme et islamisme radical dans les années 1990.
Les faits "sont anciens" mais, "pour les victimes, ce passé est extrêmement présent", a insisté vendredi l'avocat général.
Il a rappelé que la fusillade du 27 janvier 1996, lors de laquelle plusieurs rafales d'armes lourdes ont été tirées, a été qualifiée de "scène de guerre" par les deux policiers. La volonté de tuer était "manifeste", a souligné jeudi leur avocate, Me Blandine Lejeune.
"Cinq gouttes"
"Cinq gouttes de liquide rouge contenant de l'ADN", par la suite identifié avec "certitude" comme celui de Seddik Benbahlouli, ont été retrouvées à proximité des lieux, a encore rappelé l'avocat général.
Les quatre autres survivants du gang ont été condamnés, en première instance ou en appel entre 2001 et 2007, à des peines allant de 15 à 25 ans de réclusion criminelle.
Entendus mercredi, trois d'entre eux ont tenté de dédouaner Seddik Benbahlouli ou se sont réfugiés derrière des souvenirs flous. Jeudi, le quatrième, Omar Zemmiri, 59 ans, est allé jusqu'à s'allonger dans la salle des témoins pour manifester son refus catégorique d'être auditionné.
Ces dérobades en série ont provoqué la colère d'un autre avocat des deux policiers visés le 27 janvier 1996, Me Thomas Sebbane. "Tout" dans ce procès "est un gâchis", a-t-il martelé jeudi dans sa plaidoirie.
Les motivations profondes du "gang de Roubaix", dont la plupart des dix membres ont séjourné en Bosnie en 1994-95 dans les rangs des "brigades de moudjahidines", restent énigmatiques.
Le groupe a terrifié le nord de la France dans les premiers mois de 1996: braquages et attaques avec des armes de guerre causant la mort d'un civil, attaque d'un fourgon blindé au lance-roquette, puis une tentative d'attentat à la voiture piégée devant le commissariat central de Lille, à quelques jours d'un sommet du G7 dans la capitale des Flandres.
L'escalade a pris fin le 29 mars 1996, au lendemain de cette tentative d'attentat. Assiégés par le Raid dans une planque à Roubaix, quatre membres du gang y sont morts. Le chef présumé du gang, Christophe Caze, a été abattu dans sa fuite le même jour en Belgique.
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