Soudan: les paramilitaires revendiquent la prise d'El-Facher, inquiétudes pour les civils
Par TV5MONDE
Par Christina Molleova
Les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) ont annoncé ce dimanche 26 octobre la prise de la ville d'El-Facher au Darfour-Nord. Cette ville soudanaise est considérée comme le dernier bastion de l'armée dans la région. Elle connaît depuis des mois d'intenses combats entre les FSR du général Mohamed Hamdan Dagalo et l'armée soudanaise appuyée par ses alliés.
Les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) ont annoncé ce dimanche 26 octobre la prise de la ville d'El-Facher au Darfour-Nord. Cette ville soudanaise est considérée comme le dernier bastion de l'armée dans la région. Elle connaît depuis des mois d'intenses combats entre les FSR du général Mohamed Hamdan Dagalo et l'armée soudanaise appuyée par ses alliés.
El-Facher, une ville clé du Darfour, est désormais sous le contrôle des Forces de soutien rapide (FSR). Ces combattants ont revendiqué, dimanche 26 octobre, la prise de la ville après dix mois de siège.
Sur les vidéos publiées sur leurs réseaux sociaux, ils affirment être dans les anciens quartiers généraux de l'armée. Ils ont célébré leur victoire en hissant le "drapeau de la liberté" et salué leur leader, le général Mohamed Hamdan Dagalo. Dans cette prise de parole, l'un des combattants a affirmé que "les droits du peuple soudanais sont désormais entre nos mains".
Depuis le mois d'août, les Forces de soutien rapide ont intensifié les tirs d'artillerie et les attaques de drones pour faire tomber ce qui a longtemps été considéré comme le dernier bastion de l'armée dans l'ouest du pays. Cette offensive a permis aux FSR de prendre progressivement le contrôle de plusieurs quartiers d'El-Facher.
Plus de 50 civils tués
Réfugiés dans des abris de fortune et affaiblis par les pénuries de nourriture, les habitants vivent dans la peur. "Les FSR nous ont attaqué pendant la nuit. Une première roquette est tombée sur les caravanes, les déplacés se sont refugiés dans l'abris et une deuxième roquette les a touchée. Plus de 50 personnes ont été tuées, sans compter les blesser", confie une habitante.
(Re)voir Soudan: un pays ravagé par la guerre civile, un conflit délaissé
L'armée soudanaise est elle, toujours silencieuse. Toutes les communications satellite Starlink - le seul réseau fonctionnel - ont été coupées à El-Facher, laissant la ville dans un "black out médiatique", selon le Syndicat des journalistes soudanais.
Plus tôt cette semaine, à l'aéroport de Khartoum, le général Abdel Fattah al-Burhan a réitéré sa détermination à reconquérir le territoire soudanais : "Personne ne menacera le Soudan parce que nous sommes déterminés à écraser cette rébellion, à l'éliminer et à ne pas lui donner l'occasion de revenir."
Le niveau de souffrance que nous constatons au Soudan est insupportable
Antonio Guterres, secrétaire général de l'ONU.
Tournant majeur dans le conflit
La prise d'El-Facher, si elle se confirme, constituerait un tournant majeur dans les combats au Darfour et permettrait aux FSR de prendre le contrôle de la totalité de la région. L'annonce intervient également deux jours seulement après la création à Washington d'un comité opérationnel, réunissant les États-Unis, l'Égypte, l'Arabie Saoudite et les Émirats arabes unis. Celui-ci viserait à obtenir un cessez-le-feu, un accès humanitaire et une transition politique au Soudan.
(Re)lire Quel rôle joue les Émirats arabes unis dans la guerre au Soudan?
"Nous exigeons la protection des civils, la révélation du sort des déplacés et une enquête indépendante sur les violations et les crimes" des paramilitaires, a dit le gouverneur pro-armée du Darfour Minni Minnawi dans un message sur X. Le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher, a demandé un passage sûr pour les civils: "Avec les combattants avançant dans la ville et les voies d'évacuation coupées, des centaines de milliers de civils sont piégés et terrifiés - bombardés, affamés, et sans accès à la nourriture, aux soins ou à la sécurité."
"Corridors humanitaires"
L'émissaire américain pour l'Afrique, Massad Boulos, a aussi appelé les FSR à ouvrir "des corridors humanitaires" afin de permettre l'évacuation des civils. Malgré les déclarations répétées des FSR sur la protection des civils, le groupe de résistance, un groupe de civils qui documente le conflit opposant l'armée aux FSR, a dénoncé des exactions de leur part : "Les innocents subissent les pires formes de violence et de nettoyage ethnique."
Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a déploré une "terrible escalade du conflit". "Je pense qu'il est grand temps que la communauté internationale dise clairement à tous les pays qui interviennent dans cette guerre et qui fournissent des armes aux belligérants d'y mettre un terme. Car le niveau de souffrance que nous constatons au Soudan est insupportable", a-t-il souligné.
Le syndicat des journalistes a exprimé "sa profonde inquiétude pour la sécurité des journalistes présents à El-Facher, dans ces conditions exceptionnelles et difficiles". Un journaliste indépendant, Maamar Ibrahim, se trouve aux mains des FSR depuis dimanche, selon le syndicat et d'après des images diffusées sur les réseaux sociaux où on le voit entouré de paramilitaires.
Ce lundi, les combats se poursuivaient autour de l'aéroport d'El-Facher et dans plusieurs zones de l'ouest de la ville, selon un communiqué du groupe de résistance locale.
Today