Burkina Faso : jusqu'à 5 ans de prison pour les homosexuels

Par TV5MONDE avec AFP


Le Burkina Faso a adopté une loi criminalisant les relations homosexuelles, avec des peines allant jusqu’à cinq ans de prison. Le texte, voté à l’unanimité par l’Assemblée de transition, doit encore être promulgué par le capitaine Ibrahim Traoré.

Le Burkina Faso a adopté une loi criminalisant les relations homosexuelles, avec des peines allant jusqu’à cinq ans de prison. Le texte, voté à l’unanimité par l’Assemblée de transition, doit encore être promulgué par le capitaine Ibrahim Traoré.
Le Burkina Faso a adopté lundi une loi prévoyant des peines pouvant aller jusqu'à cinq ans de prison pour les “auteurs de pratiques homosexuelles”, une première dans ce pays dirigé par une junte militaire hostile à l'Occident.
Jusqu'à présent, aucune loi ne visait particulièrement les personnes homosexuelles au Burkina Faso, qui vivent toutefois discrètement dans ce pays ouest-africain.
Le projet de loi a été adopté à l'unanimité par les 71 membres non élus de l'Assemblée législative de transition (ALT), qui fait office de Parlement depuis la prise de pouvoir de la junte, il y a près de trois ans.
“La loi prévoit une peine d'emprisonnement qui va de deux à cinq ans et des peines d'amende”, a déclaré Edasso Rodrigue Bayala, ministre de la Justice, dans un reportage diffusé sur la télévision nationale du Burkina (RTB).
Expulsion des étrangers et campagne de sensibilisation
Il a précisé que pour les ressortissants étrangers, la peine serait une expulsion du pays.
La junte du Burkina Faso est dirigée par le capitaine Ibrahim Traoré, 37 ans, arrivé au pouvoir par un coup d’État en septembre 2022. Il mène depuis une politique souverainiste et hostile à l'Occident, dont il critique notamment certaines “valeurs”. Le pays s'est par ailleurs rapproché de nouveaux partenaires comme la Russie ou l'Iran.
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La pénalisation de l'homosexualité s'inscrit dans une loi plus large réformant le Code des personnes et des familles. Ce nouveau Code modifie également les conditions d'octroi de la nationalité burkinabè via le mariage, imposant désormais aux étrangers un délai de cinq à sept ans avant de pouvoir l'obtenir.
Les mariages religieux et coutumiers sont également désormais reconnus légalement.
Ce nouveau Code doit être promulgué par le capitaine Traoré et sera “vulgarisé à travers une campagne de sensibilisation”, selon le garde des Sceaux.

Un durcissement régional
En août 2023, le Conseil supérieur de la communication, organe de régulation des médias, avait décidé “d'interdire de diffusion les chaînes de télévision faisant la promotion de l'homosexualité”.
Le Mali, pays également gouverné par une junte militaire et allié du Burkina, avait adopté une loi pénalisant l'homosexualité en novembre 2024.
Les relations homosexuelles sont interdites dans un tiers des pays du monde et peuvent être dans certains d'entre eux passibles de prison, voire de peine de mort.
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En Afrique, une majorité de pays ont des législations qui interdisent et répriment l'homosexualité : c'est le cas d'une trentaine d’États sur 54. En Tanzanie, Zambie, Sierra Leone et Gambie, les relations entre personnes du même sexe sont punies d'une peine de prison pouvant aller jusqu'à la perpétuité. Au Nigeria, au Kenya et au Malawi, les peines de prison peuvent atteindre 14 ans.
Malgré une tendance mondiale à la décriminalisation, une grande partie du continent africain et certaines régions d’Asie connaissent une “régression troublante”, s'inquiétait l'an dernier l'Association internationale des personnes lesbiennes, gays, bisexuelles, trans et intersexes (Ilga World).
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