Réforme migratoire : premier crash-test pour l’Union européenne

Par TV5MONDE avec AFP


À l’approche de Noël, l’Union européenne doit répartir au moins 30 000 demandeurs d’asile ou verser une contribution financière. Première mise à l’épreuve d’une réforme migratoire adoptée en 2024, qui promet des négociations ardues entre les Vingt-Sept.

À l’approche de Noël, l’Union européenne doit répartir au moins 30 000 demandeurs d’asile ou verser une contribution financière. Première mise à l’épreuve d’une réforme migratoire adoptée en 2024, qui promet des négociations ardues entre les Vingt-Sept.
Au moins 30 000 demandeurs d'asile, à répartir d'ici Noël : la nouvelle politique migratoire de l'UE va connaître son premier vrai test au cours des prochaines semaines, les Vingt-Sept redoutant des tractations extrêmement périlleuses sur ce dossier.
L'Union européenne a adopté en 2024 une gigantesque réforme migratoire, qui entrera en application d'ici quelques mois. Parmi ses nombreuses mesures, ce texte prévoit notamment un tout nouveau système de prise en charge des demandeurs d'asile sur le continent.
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Afin de soulager les pays se situant le long des routes migratoires, comme la Grèce ou l'Italie, les autres États membres devront désormais s'engager chaque année à relocaliser un certain nombre de demandeurs d'asile sur leur sol. Ou, à défaut, à verser une contribution financière de 20 000 euros par demandeur d'asile aux pays sous pression.
Un minimum de 30 000 relocalisations sont exigées chaque année. Et les premières négociations sur comment répartir ces personnes parmi les 27 pays de l'UE s'apprêtent à être lancées.
“Plus difficile que tout”
Quels États seront prêts à accepter les demandeurs d'asile d'un autre ? Le défi est de taille.
“D'un point de vue logistique, c'est assez facile de prendre 1 000 personnes à un autre pays: tu envoies des bus, des avions”, explique un diplomate européen. “C'est politiquement que c'est très compliqué”, poursuit-il sous couvert d'anonymat.
(Re)lire UE : le pacte migratoire finalement adopté
Ce dossier est “plus difficile que tout”, renchérit un autre responsable, évoquant les critiques virulentes lancées par Donald Trump mardi à l'ONU contre la politique migratoire européenne, qui ont encore fait monter la pression outre-Atlantique.
“Peut-être faudrait-il rappeler aux États membres qu'ils ont quand même négocié ce texte”, rétorque l'eurodéputée Fabienne Keller auprès de l'AFP. “Tout l'intérêt de ce nouveau système c'est de regarder les chiffres de façon objective, sans entrer dans des démagogies populistes”, plaide l'élue centriste, qui a poussé pour l'adoption de cette vaste réforme migratoire au Parlement européen.
“Pression”
Les négociations autour de la mise en place du nouveau système devraient durer tout l'automne. Première étape: la liste. La Commission européenne déterminera d'ici le 15 octobre quels pays de l'UE elle considère être sous “pression migratoire” à partir d'une série de critères (nombre d'arrivées irrégulières, taille du pays...).
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Le dossier est si sensible que même cette méthode de calcul a fait l'objet de discussions. Sur cette base, les États membres débattront ensuite de combien de migrants chacun est prêt à “relocaliser” sur son sol, ou quelle aide financière ils sont prêts à verser.
Plusieurs rounds de négociations sont prévus à cet effet. Avant une décision finale, indispensable, d'ici la fin de l'année.
Renvois et hubs de retours
En plus de débattre de la façon de gérer les arrivées, les États membres travaillent aussi à l'amélioration des renvois des déboutés d'asile.
Moins de 20 % des décisions d'expulsion de migrants sont actuellement suivies d'effets au sein de l'UE, une statistique régulièrement brandie par les partisans d'une ligne migratoire plus ferme.
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Trois propositions sont actuellement examinées pour durcir les règles en vigueur. Si ces mesures sont adoptées, elles permettront notamment aux États membres d'ouvrir des centres en dehors des frontières de l'UE pour y envoyer les migrants dont la demande d'asile aurait été rejetée, les fameux “hubs de retours”. Les États membres espèrent, là encore, trouver un accord d'ici Noël.
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