Manifestations au Maroc: quelles sont les revendications du collectif "GenZ 212"?

Par Antoine Joubeau


Des dizaines de jeunes Marocains ont été interpellés ce week-end lors de rassemblements dispersés à Rabat, Casablanca, Marrakech ou Agadir. Ils ont été "tous relâchés" après vérification d’identité. Derrière ces mobilisations inédites, le collectif "GenZ 212", né en ligne et porté par une jeunesse en colère contre l'état du système de santé et d'éducation.

Des dizaines de jeunes Marocains ont été interpellés ce week-end lors de rassemblements dispersés à Rabat, Casablanca, Marrakech ou Agadir. Ils ont été "tous relâchés" après vérification d’identité. Derrière ces mobilisations inédites, le collectif "GenZ 212", né en ligne et porté par une jeunesse en colère contre l'état du système de santé et d'éducation.
Des dizaines de personnes ont été interpellées ce week-end au Maroc lors de manifestations appelant à "une réforme du système éducatif et des services de santé publique". À Rabat, les forces de l'ordre ont empêché les rassemblements pour le deuxième jour consécutif, ce dimanche 28 septembre, tandis que d'autres arrestations ont eu lieu à Casablanca, Marrakech, Agadir et Souk Sebt.
Hakim Sikouk, président de la section de Rabat de l'Association marocaine des droits humains (AMDH), a fait état de "plus de 100 interpellations". Les "plus de 70" jeunes arrêtés la veille à Rabat ont été "tous relâchés" après vérification d'identité.
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Ces arrestations inhabituelles ont notamment été condamnées par l'AMDH, ainsi que par deux formations de l'opposition, le Parti justice et développement (islamiste) et la Fédération de la gauche démocratique. Le Parti socialiste unifié (PSU) a, de son côté, dénoncé une "approche sécuritaire excessive".
À l'origine de cette mobilisation: le collectif baptisé "GenZ 212". Ses fondateurs sont inconnus et leurs appels circulent sur les réseaux sociaux. Son nom associe la "Génération Z" (née entre 1997 et 2012) au code téléphonique international du Maroc, "212".
Un mouvement apolitique?
Le collectif "GenZ 212" se fait connaître à la mi-septembre en ligne, notamment sur la plateforme Discord, où il réunit aujourd'hui plus de 9.000 membres. Le groupe se présente comme un "espace de discussion" autour de "questions comme la santé, l'éducation et la lutte contre la corruption", tout en clamant "son amour pour la patrie".
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Le hashtag #GENZ212 et vidéos circulant sur X et Facebook ont relayé les appels, sous le slogan "Liberté – Dignité – Justice". Selon le média en ligne marocain d'économie Médias24, il s'agirait d'une dizaine de jeunes de plusieurs villes, sans appartenance partisane, ni syndicale. "Nous ne sommes pas contre la monarchie, ni contre Sa Majesté le Roi Mohammed VI", selon un message publié sur Discord, cité par Médias24.
Leurs revendications "se limitent" à une "réforme et un développement dans le cadre de l'État marocain et de ses institutions", à "donner la priorité à l'éducation, la santé, l'emploi et la lutte contre la corruption" et enfin à "garantir la dignité du citoyen et à une véritable justice sociale".
Certains interpellés lors des mobilisations étaient toutefois des figures connues de la gauche ou du milieu associatif, comme Farouk El Mahdaoui, secrétaire national de la Jeunesse du PSU, ou encore Abdelhamid Amine, ancien secrétaire général de l'AMDH. Une présence qui alimente, selon certains médias pro-gouvernementaux, les accusations de récupération politique, même si le collectif affirme son indépendance.
"Les stades sont là, mais où sont les hôpitaux?"
Le mouvement émerge dans un climat social déjà tendu. Le chômage des jeunes avoisine les 30%, alors que dans le même temps, l'inflation des produits de base frappe durement les foyers.
Mais c'est un drame sanitaire qui cristallise les colères. Début septembre, huit femmes enceintes sont mortes après une césarienne dans un hôpital public d'Agadir. Un mouvement des hôpitaux naît: les victimes sont perçues comme victimes de la défaillance du système de santé public.
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Ces événements ont catalysé la mobilisation de la jeunesse, qui a détourné des slogans comme "Les stades sont là, mais où sont les hôpitaux?". Le 14 septembre, des heurts ont opposé des policiers et des manifestants, selon des vidéos sur les réseaux sociaux.
Le Maroc organise la CAN2025 à partir du 21 décembre prochain et co-accueillera la Coupe du monde de Football en 2030.
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