RD Congo : que devient la mine congolaise qui a fourni l'uranium des bombes d'Hiroshima et Nagasaki ?

Par Juliette Ossola avec AFP


Il y a 80 ans, les États-Unis larguaient deux bombes atomiques sur le Japon. L'uranium utilisé pour fabriquer ces bombes provenait de la mine Shinkolobwe, dans l'actuelle République démocratique du Congo, durant la colonisation belge. Que devient cette mine dont l'histoire est encore méconnue ?

Il y a 80 ans, les États-Unis larguaient deux bombes atomiques sur le Japon. L'uranium utilisé pour fabriquer ces bombes provenait de la mine Shinkolobwe, dans l'actuelle République démocratique du Congo, durant la colonisation belge. Que devient cette mine dont l'histoire est encore méconnue ?
Le 6 août 1945, il y a 80 ans, un bombardier américain largue "Litte boy", une bombe atomique de plus de deux tonnes sur Hiroshima. Trois jours plus tard, la ville de Nagasaki est bombardée à son tour. Entre 110 000 et 210 000 personnes sont tuées.
Ces bombes contiennent de l'uranium, un minerai rare, qui vient de la mine de Shinkolobwe, dans le Haut-Katanga, en République démocratique du Congo, à 12 000 kilomètres du Japon.
À l'époque du Congo belge, pendant la colonisation, la mine est exploitée par une entreprise belge, l’Union minière du Haut-Katanga, à qui succède, plus tard, la Gécamines. Le dirigeant de cette entreprise, à l'approche de la guerre, envoie une partie de l'uranium aux États-Unis. Plus d’un millier de tonnes de minerai, qui serviront à mettre au point la bombe atomique.
Quelques années plus tard, des soldats américains sont de retour à Shinkolobwe pour extraire un nouveau stock d'uranium de la mine, alors désaffectée. C'est cette cargaison, qui a servi à fabriquer les deux bombes de 1945.
Malgré la fermeture de la mine d'uranium, une exploitation artisanale clandestine
La mine est fermée dans les années 1960. Néanmoins, selon plusieurs sources, elle serait encore exploitée illégalement, dans des conditions dangereuses.
En 2004, après l'effondrement d'un puits qui a coûté la vie à huit personnes, la mine a été fermée par décret présidentiel.
En 2021, nos confrères de l'AFP rapportent la présence de clôture et caméras de surveillance autour de la mine pour tenter de stopper son exploitation.
"Tous les services de sécurité commis à la surveillance de ce site minier ont failli à leur mission", accuse alors par téléphone à l'AFP Paul Kisimba, militant des droits de l'homme et de la société civile de Likasi, ville située à 30 km de la mine. "Que ce soient les éléments des Fardc (forces armées congolaises), de la police, et même les gardes industriels de la Gécamines censés faire respecter la mesure" ajoute-t-il.
Ils sont eux-mêmes les premiers à faire entrer nuitamment les creuseurs artisanaux moyennant un paiement, justifiant ça par manque de rations, les autorités ne les ravitaillant pas régulièrement.
Paul Kisimba, militant des droits de l'homme et de la société civile de Likasi
Aujourd'hui, beaucoup de secrets entourent encore la mine de Shinkolobwe, des documents officiels belges, américains et britanniques sont toujours classés, l'exposition aux radiations cause encore de nombreux problèmes de santé dans la région.
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