Mali: l'ancien Premier ministre Choguel Maïga écroué pour "atteinte aux biens publics, faux et usage de faux"

Par TV5MONDE avec AFP


L'ancien Premier ministre civil du Mali, Choguel Kokalla Maïga, a été inculpé et emprisonné ce mardi 19 août pour "atteinte aux biens publics, faux et usage de faux" et placé sous mandat de dépôt. Aucune date n'a été fixée pour son procès.

L'ancien Premier ministre civil du Mali, Choguel Kokalla Maïga, a été inculpé et emprisonné ce mardi 19 août pour "atteinte aux biens publics, faux et usage de faux" et placé sous mandat de dépôt. Aucune date n'a été fixée pour son procès.
Il était en garde à vue depuis une semaine. L'ancien Premier ministre malien, Choguel Kokalla Maïga, a été inculpé ce mardi au terme d'une audition devant la chambre d'instruction de la Cour suprême. Il devra répondre des accusations d'"atteinte aux biens publics, faux et usage de faux", a indiqué une source judiciaire à l'Agence France-Presse (AFP).
Nommé Premier ministre en 2021 par le général Assimi Goïta, à la tête du pays, il avait finalement été limogé en novembre 2024 par les militaires au pouvoir après avoir émis des critiques à leur encontre. Il avait notamment déploré d'être tenu à l'écart des décisions sur le maintien aux commandes des généraux qui avaient initialement promis de rendre le pouvoir à des civils élus en mars 2024.
"Nous sommes sereins dans l'attente du procès"
"Nous croyons en la justice, nous sommes sereins dans l'attente du procès", a réagi auprès de l'AFP l'avocat de l'ex-Premier ministre, maître Cheick Oumar Konaré. Dans un communiqué diffusé sur les réseaux sociaux, ce dernier écrit que son client "se dit serein et estime qu'un homme politique doit s'attendre à tout, y compris à la prison et la mort".
En février 2025, Choguel Kokalla Maïga avait affirmé que la "rupture est consommée" entre sa coalition politique et la junte, invoquant notamment des "arrestations et "détentions extrajudiciaires" contre des membres du mouvement du 5 juin-Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP). Des audits effectués en janvier 2025 l'accusaient de malversations financières, ce qu'il a toujours nié.
Il avait été remplacé par un militaire, le général Abdoulaye Maïga, parachevant la militarisation de l'exécutif, dans un contexte de restrictions sévères des libertés par la junte et de violences jihadistes meurtrières sur le territoire.
Huit collaborateurs également en garde à vue
Son interpellation était intervenu le mardi 12 août à la suite de l'arrestation d’une cinquantaine de membres de l’armée dont deux généraux, accusés de conspirer contre la junte militaire.
Huit de ses anciens collaborateurs avaient également été placés en garde à vue, comme son ancien directeur de cabinet, Issiaka Ahmadou Singaré, et trois anciens directeurs administratifs et financiers de la Primature, avance Cheick Oumar Konaré. Ils sont toujours auditionnés par la chambre de l'instruction, selon l'AFP mais le message posté sur les réseaux sociaux par les comptes officiels de l'ancien Premier ministre laisse à penser que Issiaka Ahmadou Singaré n'est plus détenu.
Les autorités maliennes ont réduit au silence l'opposition par des mesures coercitives, des mises en cause judiciaires, la dissolution d'organisations, les restrictions à la liberté de la presse et la pression du discours dominant sur la nécessité de faire corps autour d'elle face à une multitude de défis.
Le Mali est en proie depuis 2012 à une profonde crise sécuritaire nourrie notamment par les violences de groupes affiliés à Al-Qaïda et à l'organisation Etat islamique (EI), ainsi que celles de groupes criminels communautaires. Cette crise sécuritaire s'ajoute à une grave crise économique.
Les militaires au pouvoir se sont détournés des partenaires occidentaux, notamment l'ancien colonisateur français, pour se tourner politiquement et militairement vers la Russie au nom du souverainisme.
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