Contrats annulés, menaces de boycotts sportifs et à l'Eurovision... L'Espagne hausse le ton contre Israël

Par Yoanna Herrera avec AFP


Le Premier ministre espagnol, Pedro Sanchez, se mobilise sur tous les fronts pour défendre la cause palestinienne. Son gouvernement a décidé d'arrêter l'acquisition de lance-roquettes israéliens, a demandé de suspendre Israël des compétitions sportives et a même menacé de boycotter l'Eurovision.

Le Premier ministre espagnol, Pedro Sanchez, se mobilise sur tous les fronts pour défendre la cause palestinienne. Son gouvernement a décidé d'arrêter l'acquisition de lance-roquettes israéliens, a demandé de suspendre Israël des compétitions sportives et a même menacé de boycotter l'Eurovision.
L'Espagne veut montrer l'exemple à ses voisins européens pour "mettre un terme au génocide à Gaza", selon les mots de son Premier ministre. Les actions en soutien au peuple palestinien se reflètent sur la défense, mais aussi sur le sport et la culture.
L'Espagne a été l’un des premiers pays européens à reconnaître l'État de Palestine, en mai 2024. La semaine dernière, le gouvernement espagnol a annoncé de nouvelles mesures qui visaient à "consolider juridiquement" l'embargo sur les contrats d'armement avec Israël. Un contrat de près de 700 millions d'euros pour des lance-roquettes de conception israélienne a notamment été annulé.
Une défense espagnole sans technologies israéliennes
Le contrat, attribué à un consortium formé par des entreprises espagnoles, prévoyait l'acquisition de 12 exemplaires du système de lance-roquette de haute mobilité (SILAM), développé à partir du système Puls du groupe israélien Elbit Systems, selon le "Military Balance" de l'Institut international d'études stratégiques (IISS).
L'annulation de ce contrat a été formalisée sur la plateforme officielle espagnole recensant les contrats publics dans un document daté du 9 septembre dernier, a constaté un journaliste de l'AFP.
(Re)lire Espagne: Pedro Sanchez accentue la pression sur Israël "pour mettre fin au génocide à Gaza"
Le 9 septembre, l'annulation d'un autre contrat prévoyant notamment l'acquisition de 168 lanceurs de missiles antichars, qui devaient être fabriqués en Espagne sous licence d'une entreprise israélienne, a également été formalisée sur cette même plateforme. Il s'élevait à 287,5 millions d'euros, et son annulation avait déjà été annoncée dans la presse en juin dernier.
Selon le quotidien La Vanguardia, le gouvernement espagnol est actuellement lancé dans un vaste plan de réflexion pour se passer des armes, mais aussi des technologies israéliennes dans ses forces armées. Une information qui n'a pas été confirmée par les autorités compétentes.
Les manifestations pro-palestiniennes sur le tour d'Espagne
Mais la mobilisation opère aussi sur des sphères plus informelles comme le sport. Dimanche 14 septembre, la célèbre compétition de cyclisme, la Vuelta, a été fortement perturbée par des actions militantes.
Les manifestants exigeaient notamment l'exclusion de l'équipe Israel-premier Tech. Résultat? À l'issue de la dernière journée, plusieurs coureurs ont subi de chutes et d'autres et plusieurs étapes ont dû être raccourcies.
Si les organisateurs et l'Union cycliste internationale ont déploré le déroulement de l'évènement sportif, le chef du gouvernement a réaffirmé son "admiration" pour les manifestants. "Nous ressentons, comme je l'ai dit hier, une profonde admiration et un grand respect pour nos sportifs, pour les cyclistes du Tour d'Espagne", avait-il déclaré lundi lors d'une réunion avec des députés et des sénateurs socialistes.
Pedro Sanchez a déclaré qu'Israël ne devrait participer à "aucune compétition internationale tant que la barbarie continuerait" à Gaza, citant l'exemple de la Russie sanctionnée après l'invasion de l'Ukraine.
Vers un boycott de l'Eurovision en Autriche en mai?
Malgré la polémique suscitée par les perturbations de la Vuelta, l'Espagne campe sur ses positions et menace de boycotter l'Eurovision. La télévision publique, chargée de sélectionner le représentant ibérique, a annoncé qu'elle ne participera pas "si Israël continue à prendre part au festival de musique alors que le massacre à Gaza persiste".
L'Irlande, la Slovénie, l'Islande et les Pays-Bas ont déjà annoncé qu'ils n'enverraient pas de représentant lors de la prochaine édition si Israël y prend part. Mais l'Espagne est le premier des pays du groupe dit des "Big Five" (Espagne, Royaume-Uni, France, Italie et Allemagne) à brandir cette menace de boycott.
Ces cinq pays participent à la finale du concours sans avoir à se qualifier, car leurs contributions à l'Union Européenne de Radio-Télévision (UER), propriétaire et gestionnaire de l'Eurovision, sont les plus importantes. RTVE, dont le conseil d'administration a validé cette prise de position mardi, a déclaré espérer que l'UER décidera d'exclure Israël du concours lors de son assemblée générale de décembre.
"Nous devons faire en sorte qu'Israël ne participe pas à la prochaine édition de l'Eurovision" et "si nous (n'y) parvenons pas, l'Espagne ne doit pas prendre part" au concours, avait déjà estimé lundi le ministre espagnol de la Culture Ernest Urtasun.
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