Trump lance une attaque désinhibée contre l'ONU et l'Europe

Par AFP Par Amélie BOTTELLIER-DEPOIS avec AUrélia END à Washington © 2025 AFP

"Quel est le but des Nations unies?". Donald Trump a lancé mardi une attaque désinhibée contre l'ONU et averti l'Europe qu'elle courait à sa perte si elle ne s'alignait pas sur sa vision anti-immigration et climatosceptique.
En 2018, le discours plein de vantardise du président américain avait suscité des rires parmi les délégués réunis pour l'Assemblée générale de l'ONU à New York.
Ce "n'est possible que si vous arrêtez (le) conflit" entre Israël et les Palestiniens, a réagi par la suite le président français Emmanuel Macron.
La plupart des dirigeants occidentaux n'ont plus le coeur à rire depuis le retour au pouvoir du républicain, dont les assauts protectionnistes et nationalistes secouent le monde entier.
Un diplomate européen a estimé auprès de l'AFP qu'après ce discours, "les Européens devraient s'inquiéter de futures ingérences américaines dans (leurs) affaires intérieures".
Panne d'escalier et de téléprompteur
"Quel est le but des Nations unies?" a demandé Donald Trump, en reprochant à l'ONU de ne pas l'avoir aidé dans ses entreprises de médiation.

"Les deux choses que j'ai eues des Nations unies, c'est un escalier mécanique défaillant et un téléprompteur défaillant", a-t-il ironisé, en référence à des problèmes techniques lors de son arrivée.
Donald Trump, qui a lancé une grande opération d'expulsions d'immigrés en situation irrégulière, a reproché à l'ONU de "financer une attaque contre les pays occidentaux et leurs frontières" avec ses programmes d'aide aux migrants.
"Il est temps de mettre fin à l'expérimentation ratée des frontières ouvertes. (...). Vos pays vont en enfer!" a-t-il déclaré.
Le président américain, lors d'une rencontre avec la patronne de la Commission européenne Ursula von der Leyen, a jugé de manière énigmatique que l'ONU "pourrait être formidable si certaines personnes la dirigeaient."
Il a aussi attaqué les pays européens pour leurs politiques de soutien aux énergies renouvelables, affirmant que le changement climatique était la "plus grande arnaque" jamais vue.
"Arnaque verte"
"Si vous n'abandonnez pas cette arnaque verte, votre pays est condamné à l'échec. Et je suis vraiment bon en prévisions", a déclaré ce fervent promoteur des énergies fossiles.
Donald Trump, qui a exposé au monde entier ses griefs récurrents contre les "pathétiques" éoliennes ou contre son prédécesseur Joe Biden "l'endormi", est passé assez rapidement sur les conflits qui ensanglantent la planète.
Il a déclaré que la reconnaissance d'un Etat de Palestine constituerait une "récompense" pour les "atrocités" commises par le Hamas, après que la France s'est ajoutée à quelque 150 pays s'inscrivant déjà dans ce mouvement historique.
Donald Trump a aussi reproché à l'Inde et à la Chine d'être "les premiers soutiens financiers" de la machine de guerre russe en Ukraine.
Une réunion du Conseil de sécurité sera consacrée mardi à ce conflit, en pleine impasse des efforts diplomatiques pour mettre fin à l'invasion russe.
S'exprimant avant Donald Trump, le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres avait tenté de promouvoir une conception diamétralement opposée de l'ordre mondial, appelant à réaffirmer "l'impératif du droit international", "la centralité du multilatéralisme" et "renforcer la justice et les droits humains".
Donald Trump n'a utilisé aucun de ces mots, pas plus qu'il n'a évoqué la notion de démocratie.
Trump et Lula

Il a eu à New York une brève rencontre avec son homologue et allié argentin Javier Milei, assurant au président ultralibéral qu'il "aiderait" son pays tout en jugeant que l'Argentine n'avait pas besoin de "plan de sauvetage" face aux turbulences financières actuelles.
Donald Trump doit aussi rencontrer mardi le président ukrainien Volodymyr Zelensky, et organiser une réunion avec les dirigeants de plusieurs pays musulmans (Qatar, Arabie saoudite, Indonésie, Turquie, Pakistan, Egypte, Emirats arabes unis et Jordanie).
La guerre dans la bande de Gaza fera l'objet mardi d'une réunion du Conseil de sécurité de l'ONU, mais en l'absence d'Israël qui a déploré qu'elle se tienne en plein Nouvel an juif.
Le président américain a par ailleurs indiqué à la tribune de l'ONU avoir eu un très bref échange avec son homologue brésilien Luiz Inacio Lula da Silva, qu'il accuse de persécuter l'ancien dirigeant d'extrême-droite Jair Bolsonaro.
Les deux hommes ont convenu de se rencontrer la semaine prochaine.
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