Russie: qu'est-ce que le missile Bourevestnik, ce "Tchernobyl volant" présenté comme "invincible"?
Par Thomas Ladonne avec agences
La Russie s'est félicitée, ce dimanche 26 octobre, d'avoir mené à bien les derniers tests de son missile 9M730 Bourevestnik. Présenté comme une arme "invincible" par Vladimir Poutine en 2018, ce missile de croisière est équipé d'un propulseur nucléaire. Il aurait volé pendant 15 heures. Donald Trump a qualifié ce test russe d'"inapproprié".
La Russie s'est félicitée, ce dimanche 26 octobre, d'avoir mené à bien les derniers tests de son missile 9M730 Bourevestnik. Présenté comme une arme "invincible" par Vladimir Poutine en 2018, ce missile de croisière est équipé d'un propulseur nucléaire. Il aurait volé pendant 15 heures. Donald Trump a qualifié ce test russe d'"inapproprié".
14.000 kilomètres. Un tiers de la circonférence de la Terre. C'est la distance qu'a parcouru le nouveau missile russe Bourevestnik lors d'un essai le lundi 21 octobre, selon le chef de l'État-major, Valéri Guérassimov. Un essai annoncé comme "réussi" par le Kremlin ce dimanche.
Dans une vidéo diffusée par les autorités russes, Vladimir Poutine, en tenue militaire, affirme que "les tests décisifs sont désormais achevés". Cette "création unique" serait équipée d'un propulseur nucléaire. Elle aurait donc "une portée illimitée". Les "15 heures" de vol qu'il a accompli pendant cet essai final ne sont "pas une limite", selon Valéri Guérassimov.
"Oiseau de tempête"
Et c'est bien pour cela qu'il porte ce nom. En français, Bourevestnik signifie "oiseau de tempête". Ce propulseur nucléaire représente une innovation technologique majeure. Techniquement, la puissance d'une propulsion nucléaire est incomparable à une propulsion thermique: elle permettrait au missile de voler indéfiniment.
Ce missile entre aussi dans la catégorie des "missiles de croisière", c'est-à-dire qu'il vole à une altitude basse, le rendant difficilement détectable par les systèmes de défense, et lui permettant d'aborder des trajectoires complexes comme des virages. Selon l'encyclopédie du Larousse, les "missiles de croisière" s'apparentent à des "avions sans pilote".
Conçu pour porter une charge nucléaire
Moins grand qu'un avion tout de même, le Bourevestnik mesure 12m de long et il est autoguidé. "Les caractéristiques techniques du Bourevestnik permettent de l'utiliser avec une précision garantie contre des sites hautement protégés situés à n'importe quelle distance", s'est targué le chef d'État-major russe.
Pourtant, le missile avait déjà été testé à plusieurs reprises, sans succès. Cette réussite marque donc un tournant dans la pression militaire russe. Car un autre élément est crucial: le Bourevestnik est conçu pour porter une charge nucléaire. En novembre 2023, la Russie s'était retirée de deux traités de non prolifération du nucléaire.
Your browser doesn't support HTML5 video.
Le président américain Donald Trump a réagi, estimant que cet essai est "inapproprié" dans le contexte, et que Vladimir Poutine devrait se concentrer à "mettre fin à la guerre en Ukraine". En riposte, il a rappelé que les États-Unis ont "un sous-marin nucléaire, le meilleur du monde, juste au large de leurs côtes".
"Nous faire peur"
Il faut toutefois tempérer les mérites que s'attribue la Russie. Dans le journal d'Arte du 26 octobre, le chroniqueur de guerre Guillaume Ancel analysait la situation: Vladimir Poutine utilise "cette arme essentielle dans son arsenal qui est de nous faire peur", car les pays européens sont "peu armés en termes de culture militaire et de volonté de se défendre".
Your browser doesn't support HTML5 video.
Le déploiement de ce missile ne s'inscrit pas directement dans le contexte de la guerre en Ukraine. Le développement du Bourevestnik avait été annoncé en 2018 par Vladimir Poutine, lors de la présentation de plusieurs armes "invincibles". Des missiles balistiques moins élaborés suffisent à atteindre les cibles russes en Ukraine. Et peuvent atteindre ses voisins européens.
Concrètement, c'est une démonstration de force de la part de la Russie, qui met notamment la pression sur les États-Unis. Ceci s'inscrit dans la continuité de tensions entre Donald Trump et Vladimir Poutine. La semaine dernière, le président américain a reporté sans nouvelle date la rencontre qu'ils prévoyaient d'organiser en Hongrie.
"Tchernobyl volant"
"Personne ne sait quelles sont les conséquences sur l'environnement de l'utilisation dans l'espace d'un réacteur de ce type", poursuivait sur Arte Guillaume Ancel. Des inquiétudes qui poussent certains à surnommer le missile "Tchernobyl volant". Pour le moment, aucune donnée sur de la pollution nucléaire n'ont été recensées dans la région où le missile a été testé.
En parallèle, l'armée russe a revendiqué ce lundi la prise de trois villages dans le sud-est de l'Ukraine. Dans la nuit de samedi à dimanche, trois morts et 31 blessés, dont sept enfants, ont été déplorés après une attaque de drones sur Kiev, selon le président ukrainien Volodymyr Zelensky.
Today