Génocide des Tutsi : l’ancien médecin rwandais Sosthène Munyemana rejugé en appel à Paris

Par Benjamin Beraud avec agences


L’ancien médecin rwandais Sosthène Munyemana comparaît de nouveau devant la justice française pour son rôle présumé dans le génocide des Tutsi de 1994. Reconnu coupable en première instance en 2023, il avait été condamné à 24 ans de réclusion criminelle. Ce nouveau procès est prévu jusqu'au 24 octobre.

L’ancien médecin rwandais Sosthène Munyemana comparaît de nouveau devant la justice française pour son rôle présumé dans le génocide des Tutsi de 1994. Reconnu coupable en première instance en 2023, il avait été condamné à 24 ans de réclusion criminelle. Ce nouveau procès est prévu jusqu'au 24 octobre.
Il avait été reconnu coupable de "génocide, crimes contre l'humanité, participation à une entente en vue de la préparation de ces crimes, ainsi que pour complicité de crimes contre l'humanité." En première instance, l'ancien médecin rwandais Sosthène Munyemana, aujourd'hui âgé de 69 ans, avait été condamné à 24 ans d'emprisonnement en 2023, avec une période de sûreté de huit ans.
À (re)lire : Génocide des Tutsi au Rwanda : au procès d'un ex-médecin, les parties civiles dénoncent ses "mensonges"
Incarcéré depuis sa condamnation, Sosthène Munyemana, comparaît de nouveau devant la justice française deux ans après. Polo blanc et pantalon marron, il est arrivé menotté dans la salle d'audience et s'est assis dans le box des accusés.
"Un procès, par définition, historique"
Le procès s'est ouvert ce mardi 16 septembre et doit se prolonger jusqu'au 24 octobre. Un procès "symbolique" pour les victimes de ce génocide, a rappelé à l'AFP, Gabriel Sebbah, avocat représentant la Fédération internationale des droits humains et la Ligue des droits de l'Homme. "C'est un procès, par définition, historique, puisque ce sont des faits historiques qui sont jugés aujourd'hui à Paris. Ils sont liés à un génocide qui a eu lieu il y a plus de 30 ans", s'est-il exprimé.
Avant d'ajouter : "À moins qu'il y ait une surprise, c'est un nouveau procès, mais avec les mêmes éléments, puisque le dossier est toujours le même, et qu'apparemment, il ne va pas y avoir de faits nouveaux, puisque, comme on l'a dit, c'est un procès qui a pour objet un événement historique qui s'est passé il y a plus de 30 ans."
La partie civile pour le Rwanda a qualifié de nouvelle "épreuve" ce recommencement perpétuel. "Toutes les personnes condamnées ont fait appel, a rappelé Alain Gauthier, président du collectif des parties civiles pour le Rwanda hier au micro de l'AFP. Pour nous, c'est véritablement une épreuve de devoir recommencer, d'entendre les mêmes témoins, d'entendre les mêmes mensonges venant de la Défense et des témoins qu'ils font citer."
Des accusations multiples dans le génocide qui a fait plus de 800 000 morts
Sosthène Munyemana est accusé d'avoir signé une motion de soutien au gouvernement intérimaire institué après l'attentat contre l'avion du président hutu Juvénal Habyarimana, qui a encouragé les tueries commises entre avril et juillet 1994.
L'ancien docteur se voit aussi reprocher d'avoir mis en place des barrières et des rondes à Tumba, dans la préfecture de Butare (sud du Rwanda). Là-bas, des personnes avaient été interpellées avant d'être tuées. Le docteur est accusé d'avoir détenu la clé d'un bureau de secteur où étaient enfermés des Tutsi avant leur exécution.
Enfin, l'accusé était un proche de Jean Kambanda, Premier ministre du gouvernement intérimaire, condamné définitivement en 2000 par le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) à la réclusion criminelle à perpétuité pour sa participation au génocide.
Arrivé en septembre 1994 en France où résidait déjà sa femme, père de trois enfants, Sosthène Munyemana avait refait sa vie dans le Sud-Ouest, exerçant comme médecin urgentiste puis comme gériatre.
Son dossier était le plus ancien instruit en France sur des faits liés à ce génocide : ouverte en 1995 après une plainte déposée à Bordeaux, l'information judiciaire a été transférée en 2001 à Paris. L'ordonnance de mise en accusation n'a été rendue qu'en 2018.
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