Essonne: un kiné jugé pour viols se dépeint comme "absolument non violent"

Par AFP Par Marin LEFEVRE © 2025 AFP

Au premier jour de son procès devant la cour d'assises de l'Essonne, face à des patientes qui l'accusent de viols et d'agressions sexuelles, Valéry G.,kinésithérapeute de 56 ans, s'est décrit comme "absolument non violent", à rebours des expertises qui ont pointé chez lui un "manque d'empathie".
Le praticien qui officiait à Villiers-sur-Orge comparaît jusqu'à vendredi pour sept viols et huit agressions sexuelles sur dix patientes entre 2013 et 2015. Six étaient présentes en ce premier jour d'audience.
Il est également jugé pour viol aggravé sur sa nièce alors âgée de 16 ans, lors d'un massage pendant des vacances en février 2007. Il en avait alors 38.
La première journée d'audience s'est concentrée sur la personnalité du prévenu.
Dans sa veste en velours marron et son pantalon de costume gris, cheveux grisonnants et lunettes sur le nez, le praticien parle de son enfance "agréable" en Alsace, de son désir de devenir prof de sport puis médecin, avant de se consacrer à la kinésithérapie.
Au psychiatre qui l'expertise, Valéry G. explique qu'être kiné "lui plaît, il a l'impression de pouvoir aider son prochain". Ce dernier ne lui trouve aucune pathologie mentale, mais une "difficulté à se situer comme soignant et à se donner des limites".
"Vous ne repérez dans l'examen clinique aucun effondrement lié à la souffrance des victimes ?" demande Anne Bouillon, avocate de l'une des plaignantes.
"C'est ça", abonde l'expert. Lorsque ce dernier le rencontre, "il était déprimé surtout en raison des conséquences de la procédure, (son) divorce et la perte de son travail".
Comme lui, la psychologue qui l'examine dans le cadre de la procédure perçoit un manque d'empathie.
"L’autre n’est pas vraiment envisagé en tant qu’individu, mais en tant qu’objet de remplissage narcissique par le biais de la sexualité", détaille cette dernière, interrogée par l'avocat général.
Concernant les accusations de la première patiente qui porte plainte après une consultation, il a répété à la barre les "conteste(r)".
Quant à sa nièce, il maintient qu'elle "avait une attirance" pour lui.
Pour les autres, il trébuche, bégaye. "Je reconnais un manque de... comment dire... un manque d'explications et de clarté." Il dit avoir "déraillé".
"Dangerosité"
Au début de son interrogatoire mardi, Valéry G. explique que sa dépression et son sentiment de "culpabilité" étaient liés à "une totale remise en cause due à ce qui (lui) était reproché" et aux conséquences sur ses patientes.
"La difficulté (de l'accusé) à assumer ses responsabilités de soignant peut faire craindre des récidives", avait détaillé l'expert psychiatre le matin-même.
L'accusé a reconnu auprès de lui avoir "dépassé les limites" avec la première plaignante seulement. Or l'existence de plusieurs victimes "fait craindre une dangerosité criminologique", souligne l'expert.
"Est-ce que vous êtes dangereux sur (ce plan), Monsieur ?" l'interroge Me Bouillon.
"Je ne vis pas pour être dangereux, agresser des femmes, moi j’aspire juste à avoir une vie (familiale)", avec sa compagne et ses enfants, répond-il finalement.
"Si vous avez vu quelqu'un en dehors (des situations dénoncées) qui (a) eu à se plaindre de moi, vous pouvez me le présenter", lance-t-il à la cour.
Quelques rires incrédules se font entendre sur le banc des parties civiles, où six femmes le fixent.
"En terme de risque, je suis quelqu’un d’absolument non violent", insiste-t-il.
Les parties civiles et témoins déposeront mercredi et jeudi, l'accusé sera entendu sur les faits dans la foulée. Le verdict est attendu le lendemain.
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