Au moins 22 personnes tuées dans les manifestations à Madagascar, selon l'ONU

Par TV5MONDE AFP


Le Haut-Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme, Volker Türk, s'est dit lundi 29 septembre "choqué par la réponse violente" aux manifestations à Madagascar. "Au moins 22 personnes ont été tuées et plus d'une centaine d'autres blessées", selon cette organisation onusienne. Le président, face à la poursuite du mouvement, a annoncé le renvoi de son gouvernement.

Le Haut-Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme, Volker Türk, s'est dit lundi 29 septembre "choqué par la réponse violente" aux manifestations à Madagascar. "Au moins 22 personnes ont été tuées et plus d'une centaine d'autres blessées", selon cette organisation onusienne. Le président, face à la poursuite du mouvement, a annoncé le renvoi de son gouvernement.
"Parmi les victimes figurent des manifestants et des passants tués par des membres des forces de sécurité, mais aussi d'autres tués lors des violences et des pillages généralisés qui ont suivi, perpétrés par des individus et des gangs sans lien avec les manifestants", détaille le Haut-Commissariat, dans un communiqué. Le Haut-Commissaire se dit également "attristé par les pertes en vies humaines et les atteintes aux personnes au cours des manifestations".
Il exhorte les autorités malgaches à mener "des enquêtes rapides, approfondies, indépendantes et transparentes" sur les violences et à traduire en justice les personnes reconnues coupables.
(Re)voir : Madagascar: la colère ne retombe pas
Premier ministre historique renvoyé
Contesté personnellement, le président Andry Rajoelina a annoncé lors d'une allocution solennelle lundi 29 septembre au soir "mettre fin aux fonctions" de son gouvernement, y compris de l'indéboulonnable Christian Ntsay. Premier ministre depuis 2018, il avait été nommé par le précédent président.
"En attendant la formation du nouveau gouvernement, ceux qui sont en place assureront l'intérim. Durant les trois prochains jours, nous allons recevoir les propositions de noms de Premier ministre", a ajouté le chef d'Etat, qui avait s'était déjà séparé de son ministre de l'Energie vendredi 26 septembre.
"Les forces de sécurité sont intervenues avec une force non-nécessaire"
De nouvelles manifestations ont agité lundi 29 septembre plusieurs villes de Madagascar, dont la capitale Antananarivo. Les forces de l'ordre ont fait usage de grenades lacrymogènes dans un face-à-face avec une foule jeune demandant la démission du président Andry Rajoelina. Les revendications dépassent désormais le ras-le-bol contre les coupures incessantes d'eau et d'électricité.
"J'exhorte les forces de sécurité à s'abstenir de recourir à une force non nécessaire et disproportionnée et à libérer immédiatement tous les manifestants arrêtés arbitrairement", a demandé Volker Türk.
Le Haut-Commissariat indique que "les manifestations pacifiques" ont commencé dans la capitale Antananarivo le 25 septembre, mais "les forces de sécurité sont intervenues avec une force non-nécessaire, lançant des gaz lacrymogènes, et frappant et arrêtant des manifestants". Certains officiers ont également utilisé des balles réelles, selon l'ONU.
"Le droit international relatif aux droits humains est particulièrement strict quant à l'usage des armes à feu ; elles ne peuvent être utilisées par les agents des forces de l'ordre que lorsque cela est strictement nécessaire pour protéger des vies ou prévenir des blessures graves résultant d'une menace imminente", a souligné Volker Türk. Il exhorte aussi les autorités à garantir "le respect des droits à la liberté d'expression et de réunion pacifique".
L'île de l'océan Indien a régulièrement connu des émeutes populaires contre les pouvoirs en place depuis son indépendance en 1960. Elles ont notamment abouti en 2009 au départ de l'ex-président Marc Ravalomanana.
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