"Si les deux parties acceptent ce plan, la guerre s'achèvera immédiatement" : Donald Trump présente son plan de paix

Par TV5MONDE avec AFP


Donald Trump a présenté un plan de paix en vingt points pour Gaza. Il inclut cessez-le-feu, libération d’otages, désarmement du Hamas, gouvernance transitoire et horizon vers un État palestinien. Israël, le Hamas et la communauté internationale réagissent de manières contrastées.

Donald Trump a présenté un plan de paix en vingt points pour Gaza. Il inclut cessez-le-feu, libération d’otages, désarmement du Hamas, gouvernance transitoire et horizon vers un État palestinien. Israël, le Hamas et la communauté internationale réagissent de manières contrastées.
Le président américain Donald Trump a proposé lundi un plan en vingt points pour mettre fin à la guerre à Gaza entre Israël et le Hamas et au-delà sur l'avenir du territoire palestinien. La Maison Blanche a publié ce document qui prévoit que Gaza devienne une zone déradicalisée, reconstruite pour ses habitants, et libérée de toute menace pour ses voisins.
Le texte stipule que "si les deux parties acceptent ce plan, la guerre s'achèvera immédiatement". Les forces israéliennes se retireront jusqu’à une ligne convenue, et toutes les opérations militaires, y compris les bombardements, seront suspendues.
"Dans les 72 heures suivant l'acceptation publique de cet accord par Israël, tous les otages, vivants ou décédés, seront rendus", ajoute le texte. Israël s’engagerait ensuite à libérer 250 prisonniers condamnés à perpétuité ainsi que 1.700 Gazaouis détenus après le 7 octobre 2023, y compris "toutes les femmes et tous les enfants détenus dans ce contexte".
Gouvernance transitoire et reconstruction
Le plan prévoit également qu’Israël se retire de Gaza par étapes, tandis qu’un "comité palestinien technocratique et apolitique", sous supervision d’un nouvel organe international dirigé par Donald Trump et auquel participerait notamment Tony Blair, administrerait temporairement le territoire. L’objectif est d’instaurer une gouvernance moderne et de créer les conditions de reconstruction et d’investissement.
Une zone économique spéciale, des projets d’infrastructures et un plan de développement économique sont prévus, tandis que le Hamas et les autres factions seraient exclus de toute gouvernance, leurs infrastructures militaires démantelées et leurs membres désarmés, avec possibilité d’amnistie ou de départ protégé.
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Sécurité et horizon politique
Parallèlement, une Force internationale de stabilisation (ISF), soutenue par des pays arabes et internationaux, devrait être déployée immédiatement à Gaza. Elle formerait une nouvelle police palestinienne, collaborerait avec Israël et l’Égypte pour sécuriser les frontières et empêcher l’entrée de munitions. Israël n’occuperait ni n’annexerait Gaza, mais conserverait une présence temporaire dans un périmètre de sécurité tant que la stabilité ne serait pas assurée.
À plus long terme, le plan ouvre une perspective de dialogue interreligieux, de réintégration de l’Autorité palestinienne et d’un horizon politique vers l’autodétermination et la création d’un État palestinien, reconnu comme une aspiration du peuple palestinien.
Aide humanitaire, économie et démilitarisation
Le plan détaille également plusieurs mécanismes pratiques. L’aide humanitaire devrait être distribuée selon des volumes au minimum conformes à l’accord du 19 janvier 2025, incluant la remise en état des infrastructures (eau, électricité, hôpitaux, routes). L’ouverture du passage de Rafah dans les deux directions suivrait ce même mécanisme.
En matière de restitution des dépouilles, Israël rendrait celles de 15 Gazaouis pour chaque otage israélien dont le corps serait restitué.
Sur le volet économique, un panel d’experts ayant participé à la création de "villes modernes florissantes du Moyen-Orient" serait mobilisé pour piloter les investissements, dans le cadre d’un programme de développement voulu par Donald Trump. Une zone économique spéciale serait instaurée, avec des droits de douane et des taux d’accès préférentiels à négocier.
"Personne ne sera forcé à quitter Gaza", dit le texte, alors que Donald Trump avait évoqué il y a quelques mois l'idée de vider le territoire de ses habitants.
"Nous encouragerons les gens à rester et leur offrirons l'occasion de construire un Gaza meilleur". La quasi-totalité des deux millions d'habitants de Gaza ont été déplacés par la guerre.
Enfin, le processus de démilitarisation comprendrait la mise hors service permanente des armes, appuyée par un programme de rachat et de réintégration financé par la communauté internationale, sous supervision d’observateurs indépendants.
Soutien conditionnel d’Israël
À Washington, Donald Trump a présenté ce projet aux côtés du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, qui en a soutenu le principe tout en se réservant le droit de “terminer le travail” par les armes si le Hamas le rejetait. Dans une vidéo publiée mardi, Netanyahu a affirmé que l’armée israélienne resterait “dans la majeure partie de la bande de Gaza”, semblant ainsi contredire une des principales dispositions du plan.
En Israël, la proposition a suscité un optimisme mesuré. “Je suis plus optimiste, mais j’ai peur d’être encore déçue, vraiment peur, car nous avons tellement souffert avec des accords qui finalement nous ont explosé au visage”, a confié Hannah Cohen, proche d’une otage, lors d’un rassemblement devant l’ambassade américaine à Tel-Aviv.
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Gal Goren, dont les parents ont été tués au kibboutz Nir Oz le 7 octobre, s’est dit heureux de voir que Trump avait “entendu nos appels à mettre fin à cette guerre et à ramener tous les otages, les vivants comme les morts, à la maison”.
Le Forum des familles d’otages a salué “un accord historique” et appelé à faire pression sur le Hamas pour qu’il l’accepte. L’opposition israélienne a jugé le plan comme une “bonne base pour un accord sur les otages et pour la fin de la guerre”. Mais certains ministres d’extrême droite ont dénoncé “un échec diplomatique retentissant”, menaçant de quitter la coalition Netanyahu en cas de cessez-le-feu sans victoire militaire totale sur le Hamas.
Examen par le Hamas et scepticisme à Gaza
De son côté, le Hamas a entamé “une série de consultations” qui pourraient durer plusieurs jours. Le Qatar, médiateur aux côtés des États-Unis et de l’Égypte, a affirmé que le mouvement examinait le plan “de manière responsable”, en vue d’une réunion avec la Turquie.
(Re)lire Que sait-on du Hamas, l’organisation à l’origine des attaques terroristes contre Israël ?
Mais dans la bande de Gaza, l’accueil a été marqué par le scepticisme : “Clairement, ce plan est irréaliste et il a été élaboré avec des conditions dont les États-Unis et Israël savent qu’elles ne sont pas acceptables pour le Hamas”, a jugé Ibrahim Joudeh, ingénieur de 39 ans.
Sur le terrain, les combats se poursuivent. Mardi, des frappes israéliennes ont encore visé Gaza, faisant cinq morts près d’un centre de distribution d’aide selon des médecins, tandis que l’armée affirmait avoir frappé plus de 160 “cibles terroristes” depuis la veille.
Réactions internationales
La communauté internationale a multiplié les réactions. L’Autorité palestinienne a salué les “efforts sincères et déterminés” de Donald Trump, tandis que le Jihad islamique a dénoncé “une recette pour la poursuite de l’agression contre le peuple palestinien”.
L’Égypte, la Jordanie, l’Arabie saoudite, le Qatar, les Émirats arabes unis, la Turquie, l’Indonésie et le Pakistan ont exprimé leur volonté “de s’engager de manière positive et constructive” avec Washington pour assurer la mise en œuvre de l’accord.
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En Europe, Emmanuel Macron a appelé Israël à “s’engager résolument sur cette base” et demandé au Hamas de libérer immédiatement tous les otages. Le Premier ministre espagnol Pedro Sánchez a salué le projet, tout comme le président du Conseil européen Antonio Costa, le ministre allemand des Affaires étrangères Johann Wadephul, le gouvernement italien et le Premier ministre britannique Keir Starmer. Tony Blair a qualifié le plan “d’audacieux et intelligent”, tandis que l’ONU a estimé qu’il ouvrait “de nouvelles possibilités” pour acheminer l’aide humanitaire.
Le conflit déclenché le 7 octobre 2023 a déjà fait 1.219 morts en Israël, en majorité des civils, et 66.055 morts dans la bande de Gaza selon le ministère de la Santé du Hamas, dont les chiffres sont jugés fiables par l’ONU. Sur les 251 personnes enlevées lors de l’attaque, 47 sont encore retenues à Gaza, dont 25 sont déclarées mortes par l’armée israélienne.
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