ONU : le projet de traité contre la pollution plastique vivement rejeté

À Genève, au siège des Nations unies, les négociations pour le premier traité mondial sur la pollution plastique ont pris un tournant décisif.
Le diplomate équatorien Luis Vayas Valdivieso, président de session, a présenté un texte de synthèse de 31 articles qui a été immédiatement rejeté par la majorité des délégations. La principale critique portait sur l’absence de toute contrainte concernant la production de plastique vierge.
Le ministre danois de l’Environnement, Magnus Heunicke, a souligné l’urgence de parvenir à un accord : « Nous avons besoin d’une percée, et nous en avons besoin maintenant. Il ne nous reste que très peu d’heures et, hier, à un moment donné, tout semblait bloqué. Il faut désormais faire bouger les choses pour avancer plus vite. »
Plusieurs pays, dont la Colombie, le Chili, le Mexique, le Panama, le Canada, l’Union européenne et plusieurs États insulaires du Pacifique, ont dénoncé un texte « déséquilibré » et insuffisant pour créer un espace de coopération internationale.
Pour le Panama, c’est l’ambition même du traité qui est en jeu. Juan Carlos Monterrey Gomez, envoyé panaméen pour le climat, a insisté : « Le Panama, comme de nombreux autres pays, continuera à exercer des pressions. Avec seulement 40 heures pour conclure un accord, il fallait être sûr de pouvoir réellement éliminer la pollution plastique. Nous ne sommes pas simplement venus pour signer un texte, nous voulons un accord qui mette fin à cette pollution. »
Du côté des industriels, la perspective est plus optimiste. Ross Eisenberg, président d’America’s Plastic Makers, défend l’idée d’un consensus possible grâce à l’économie circulaire : « Cet accord a toujours existé de manière implicite. Il permettrait d’offrir une gestion des déchets aux 2,7 milliards de personnes dans le monde qui n’y ont actuellement pas accès de manière adéquate. Il favoriserait l’économie circulaire : en d’autres termes, prendre ce plastique et cesser d’en faire un produit à usage unique, lui donner la possibilité d’être réutilisé et refabriqué encore et encore. Et ce, tout en continuant à réduire nos émissions et à améliorer notre qualité de vie en même temps. Nous pensons qu’il y a un consensus possible sur ce point. »
Malgré les pressions, les négociations se sont soldées par un échec. Les ONG, parmi lesquelles Greenpeace, ont dénoncé ce texte comme un « cadeau à l’industrie pétrochimique et une trahison de l’humanité », pointant l’absence de mesures contraignantes pour limiter la production de plastique vierge. Elles rappellent que 120 millions de tonnes de plastique flottent déjà dans les océans, menaçant durablement les écosystèmes marins.
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