Génocide des Tutsis : non-lieu pour Agathe Habyarimana, le parquet fait appel

La justice française a clos un chapitre majeur d’une enquête vieille de dix-huit ans. Deux juges d’instruction ont décidé d’un non-lieu en faveur d’Agathe Habyarimana, l’ancienne Première dame du Rwanda, âgée de 82 ans.
Les juges d’instruction ont estimé qu’il n’existait pas de charges suffisantes pour l’accuser d’entente en vue du génocide des Tutsis de 1994. Le parquet national antiterroriste a immédiatement annoncé son intention de faire appel.
Les magistrats estiment qu’ Agathe Habyarimana n’apparaît pas comme une instigatrice, mais comme une victime de l’attentat du 6 avril 1994, qui coûta la vie à son mari, Juvénal Habyarimana, et déclencha les massacres ayant fait, selon l’ONU, plus de 800 000 morts parmi les Tutsis et les Hutus modérés.
Cette décision marque un nouvel épisode du bras de fer entre les juges d’instruction et le parquet national antiterroriste. Le Pnat a aussitôt annoncé son intention de faire appel, rappelant qu’un recours est encore en cours d’examen devant la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Paris.
Depuis 2008, Agathe Habyarimana faisait l’objet d’une enquête ouverte en France pour complicité de génocide et crimes contre l’humanité, à la suite d’une plainte du Collectif des parties civiles pour le Rwanda. Elle vivait en France depuis 1998, sans statut légal, après avoir été exfiltrée d’Afrique au lendemain de l’attentat contre son mari.
Pour ses avocats, cette ordonnance « rétablit son honneur » et clôt un dossier sans fondement. À l’inverse, les associations de victimes et plusieurs parties civiles estiment qu’Agathe Habyarimana jouait un rôle de premier plan au sein de l’« akazu », le cercle rapproché du pouvoir hutu accusé d’avoir orchestré la préparation du génocide.
La bataille judiciaire, loin d’être terminée, reste ainsi emblématique de la difficulté à juger, en France, des responsabilités dans l’un des crimes les plus graves du XXe siècle.
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