En Ouganda, les victimes de Joseph Kony ont les yeux rivés sur la CPI

Alors que la CPI a ouvert mardi une procédure pour crimes de guerre contre le chef rebelle Joseph Kony, en Ouganda, les victimes espèrent que cette première étape débouchera sur un procès pour que justice soit rendue.
Les procureurs de la Cour pénale internationale ont commencé mardi à présenter des preuves à l'appui des accusations portées contre le chef rebelle ougandais en fuite Joseph Kony lors de la toute première audience par contumace de la Cour.
Kony est accusé de 39 chefs d'accusation de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité. En tant que chef en fuite de l'Armée de résistance du Seigneur (LRA), il a terrorisé le nord de l'Ouganda pendant des décennies.
La LRA a commencé ses attaques en Ouganda dans les années 1980, lorsque Kony cherchait à renverser le gouvernement.
Après avoir été chassée d'Ouganda, la milice a continué à attaquer des villages au Congo, en République centrafricaine et au Soudan du Sud.
Elle était connue pour utiliser des enfants soldats, mutiler des civils et réduire des femmes en esclavage.
Les Ougandais placent leurs espoirs en la CPI
Okello Herbert, un avocat du nord de l'Ouganda, a déclaré à l'Associated Press lors d'une interview qu'il suivait de près la procédure.
"Les victimes directes, les personnes qui ont perdu la vie, celles qui ont perdu leurs lèvres, leurs membres, leurs terres et leurs moyens de subsistance sont directement touchées et directement concernées par cette initiative", a-t-il déclaré.
L'audience de la CPI n'est pas un procès, mais elle permet aux procureurs de présenter leur dossier devant le tribunal.
Après avoir examiné les preuves, les juges peuvent décider de confirmer ou non les charges retenues contre Kony, mais celui-ci ne peut être jugé que s'il est détenu par la CPI.
Betty Bigombe, aujourd'hui diplomate ougandaise, est considérée comme la personne qui a contribué à mettre fin à la guerre dans le nord de l'Ouganda grâce à ses négociations de paix avec Kony.
Elle se dit frustrée que la procédure ait pris autant de temps, mais a reconnu qu'elle pouvait tout de même apporter une certaine satisfaction aux victimes.
"Justice différée, justice refusée. Cela aurait dû avoir lieu beaucoup plus tôt", a-t-elle déclaré.
L'avocat commis d'office de Kony a fait valoir que la procédure violait le droit de son client à un procès équitable et n'aurait jamais dû avoir lieu.
Kony s'est retrouvé sous les feux des projecteurs en 2012 lorsqu'une vidéo sur ses crimes est devenue virale. Malgré l'attention médiatique et les efforts internationaux pour le capturer, il est toujours en fuite.
Grace Matsiko, ancienne journaliste et aujourd'hui analyste en sécurité, a déclaré que l'Armée de résistance du Seigneur n'avait pas été complètement éliminée et pouvait encore représenter un danger pour la sécurité ougandaise.
Les procédures de la CPI contre Kony sont suivies par de nombreuses personnes en Ouganda, où les survivants se réjouissent des accusations portées contre lui, même s'ils regrettent qu'il n'ait pas été arrêté.
Cette audience est considérée comme un test pour la Cour, qui pourrait ensuite se saisir d'autres affaires dans lesquelles la probabilité de voir un suspect arrêté est jugée faible, comme celles du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu ou du président russe Vladimir Poutine.
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