Cameroun : à Maroua, Paul Biya lance sa campagne pour un 8e mandat

Paul Biya est apparu pour la première fois depuis le début de la campagne électorale, lors d’un meeting à Maroua, dans la région de l’Extrême-Nord.
Dans un stade rempli de partisans, le chef de l’État a promis, s’il est réélu, de renforcer la sécurité, lutter contre le chômage des jeunes et améliorer les infrastructures dans cette région régulièrement ciblée par des attaques du groupe extrémiste Boko Haram.
« Mon objectif, mes chers concitoyens, est que chaque jeune, où qu’il soit, ait des opportunités qui lui permettent de trouver facilement un emploi ou de devenir entrepreneur », a déclaré M. Biya devant la foule.
L’Extrême-Nord, à majorité musulmane, est l’une des régions les plus pauvres du Cameroun. Elle subit régulièrement des attaques, des enlèvements contre rançon et des violences perpétrées par Boko Haram. Elle représente environ 20 % des 8,2 millions d’électeurs du pays.
Deux candidats d’opposition originaires de cette zone Bello Bouba Maigari et Issa Tchiroma Bakary, tous deux anciens alliés de Biya y jouissent d’une forte popularité, ce qui en fait une région-clé pour le scrutin à venir.
Cette apparition publique contraste fortement avec la discrétion dont a fait preuve Paul Biya durant la campagne. Il n’est rentré que récemment d’un séjour d’une semaine en Suisse, sans explication officielle. Le président est connu pour ses fréquents séjours privés en Europe, notamment pour des raisons de santé. Son état de santé, peu commenté officiellement, alimente régulièrement les spéculations sur sa capacité à gouverner.
Un pouvoir de longue date, une opposition divisée
Au pouvoir depuis 1982, Paul Biya est aujourd’hui le chef d’État le plus âgé au monde encore en exercice. Son long règne a traversé de nombreuses crises : une insurrection séparatiste dans les régions anglophones de l’ouest, des accusations de corruption systémique, et un sous-développement persistant malgré d’importantes ressources naturelles (pétrole, minerais).
Selon les données de l’ONU, 43 % de la population camerounaise vit dans la pauvreté, selon des indicateurs fondamentaux comme le revenu, l’accès à la santé ou à l’éducation.
Malgré ce bilan, M. Biya reste favori pour l’élection de dimanche, notamment en raison de l’exclusion de son principal rival, Maurice Kamto, en août dernier. L’opposition reste par ailleurs très divisée, avec neuf candidats en lice.
Les élections au Cameroun sont régulièrement marquées par des soupçons de fraude et de partialité. Plusieurs membres des autorités électorales ont par le passé occupé des postes dans le gouvernement de Biya. Par ailleurs, la limite des deux mandats présidentiels, en vigueur jusqu’en 2008, a été supprimée cette année-là par un amendement parlementaire, ouvrant la voie à la longévité politique du président.
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