Maroc : la Gen Z 212 maintient la pression dans l’attente du discours royal

Depuis maintenant 13 jours, la jeunesse marocaine se révolte face à la corruption , au chômage et un système de santé défaillant.
De la capitale aux grandes villes du royaume, les manifestants de la génération Z continuent de réclamer des réformes profondes dans les domaines de l’emploi, du logement, de la santé et de l’éducation. Ils exigent que leurs aspirations soient enfin entendues et attendent avec impatience l’allocution du roi Mohammed VI, lors de l’ouverture de la session parlementaire.
Les cortèges nocturnes ne faiblissent pas malgré la fatigue, les intimidations et les appels au calme. Dans les rues, les slogans sont clairs : « Nous voulons des hôpitaux, pas seulement des stades », « La jeunesse exige une vie digne ». À Casablanca, Rabat ou Fès, les rassemblements restent nombreux, dénonçant ce qu’ils perçoivent comme une rupture entre les élites du pouvoir et la réalité vécue dans les quartiers populaires.
Depuis le début du mouvement, des affrontements sporadiques ont fait au moins trois morts et plusieurs centaines de blessés. Des arrestations massives ont aussi été signalées. Amnesty International a appelé à une enquête indépendante sur l’usage excessif de la force par les forces de l’ordre.
Une colère née d’un malaise structurel
Tout a commencé fin septembre, sur fond de colère grandissante face à l’effondrement des services publics et à l’augmentation du chômage chez les jeunes (près de 35,8 % pour les 15‑24 ans selon certaines estimations).
L’élément déclencheur a été tragique : la mort de femmes en couches dans un hôpital public d’Agadir un drame qui a cristallisé le ras-le-bol face à un système de santé en crise. Parallèlement, beaucoup dénoncent la priorité donnée aux grands projets d’infrastructures, notamment liés à l’organisation de la Coupe du monde 2030, au détriment des soins, des écoles, des hôpitaux.
Le mouvement, baptisé GenZ 212 (en référence au code téléphonique du Maroc), s’est structuré de façon horizontale, principalement via les réseaux Discord, TikTok et d’autres plateformes numériques. Il cumule aujourd’hui des centaines de milliers d’adhérents en ligne, sans figure de proue identifiable, pour préserver sa nature spontanée et résiliente.
Ces paroles résonnent dans les rues, comme un message d’espoir mais aussi de défi. La jeunesse revendique la dissolution du gouvernement, jugé déconnecté et inefficace. Une lutte sérieuse contre la corruption, souvent citée comme l’un des maux du système politique. Des réformes urgentes dans les secteurs de la santé (recrutement de médecins, rénovation hospitalière, augmentation des taux de remboursement) et de l’éducation. Une réorganisation des priorités budgétaires : que les milliards investis dans des projets sportifs ne prennent pas le pas sur les besoins fondamentaux de la population.
Vers un moment décisif
Les organisateurs ont appelé à suspendre les marches ce vendredi jour du discours royal pour ne pas disperser l’attention : l’heure est à l’écoute, disent-ils. Beaucoup considèrent cette allocution comme un moment charnière, où la monarchie devra faire entendre clairement sa position et proposer des mesures concrètes pour apaiser la tension.
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