Zimbabwe : quand la tradition aide à lutter contre le mariage précoce

Au Zimbabwe, les jeunes filles revisitent une ancienne tradition pour sensibiliser aux risques du mariage précoce. Baptisée Nhanga, cette coutume consistait à emmener les filles dans un lieu privé où elles étaient préparées au mariage.
Aujourd’hui, il s’agit d’un lieu d’échange où elles peuvent exprimer leurs craintes et s'informer sur les méfaits du mariage forcé des enfants.
"Les filles comprennent désormais à quel point il est important de sensibiliser les jeunes à la question des grossesses et des mariages précoces et de se protéger contre ces phénomènes", explique Enet Tini, enseignante et mentor auprès des filles. "C'est pourquoi les programmes que nous menons dans les écoles et les communautés tentent d'amener les filles à jouer un rôle de premier plan, afin qu'elles puissent elles-mêmes prêcher la bonne parole et, qu'elles aient une compréhension et un langage qu'elles partagent", ajoute-t-elle.
Bien que la Constitution du Zimbabwe interdise le mariage de personnes mineures, âgées de moins de 18 ans, la pauvreté, la négligence des forces de l'ordre et les coutumes culturelles et religieuses, contribuent à faire perdurer cette pratique.
"Nous parlons ici de viol et d'exploitation sexuelle, et nous détruisons l'avenir de ces enfants. Il s'agit d'un problème mondial, mais il est beaucoup plus important en Afrique. Lorsque j'étais ambassadrice de bonne volonté de l'Union africaine pour l'abolition du mariage des enfants et que je voyageais à travers le continent, j'ai clairement pris conscience de l'importance des lois. L'accès aux services publics, à l'éducation et aux soins de santé est important", regrette Nyaradzai Gumbonzvanda, directrice exécutive adjointe de l'ONU Femmes.
Selon le Fonds des Nations unies pour l'enfance, une fille sur trois se marie avant 18 ans au Zimbabwe. L'organisation évoque une "urgence nationale nécessitant une action immédiate".
Today