Eswatini : un Cubain expulsé des États-Unis en grève de la faim

Un ressortissant cubain expulsé par les États-Unis vers l’Eswatini, dans le sud de l’Afrique, est en grève de la faim depuis plus d’une semaine.
Selon son avocate basée aux États-Unis, Roberto Mosquera del Peral est détenu depuis plus de trois mois dans une prison de haute sécurité sans avoir été inculpé ni avoir eu accès à un avocat, dans le cadre d’un programme controversé mis en place sous l’administration Trump.
Mosquera fait partie d’un groupe de cinq hommes originaires de Cuba, Jamaïque, Laos, Vietnam et Yémen expulsés vers Eswatini en juillet dernier, dans le cadre d’un programme de déportation vers un pays tiers. Ce dispositif, déjà mis en œuvre dans d’autres pays africains, est fortement critiqué par des ONG et des juristes, qui dénoncent une violation du droit à une procédure équitable et des risques de maltraitance.
Son avocate, Alma David, s’est dite très inquiète pour sa santé. « Mon client est détenu arbitrairement et sa vie est désormais en danger », a-t-elle déclaré, exigeant qu’il reçoive des soins médicaux immédiats et soit autorisé à rencontrer un avocat sur place.
Détenus sans inculpation
Parmi les cinq hommes envoyés en Eswatini, seul le ressortissant jamaïcain a été rapatrié dans son pays en septembre. Les quatre autres, dont Mosquera, sont toujours détenus au centre correctionnel de Matsapha, près de la capitale administrative. Des avocats locaux et des organisations de la société civile ont saisi la justice pour contester la légalité de leur détention sans charge et exiger qu’ils puissent consulter un avocat.
Le gouvernement d’Eswatini, dirigé par une monarchie absolue, affirme que les hommes seront rapatriés, mais aucun calendrier n’a été communiqué.
Des accords secrets et des millions versés
Selon les autorités américaines, les hommes expulsés avaient été condamnés pour des crimes graves (meurtre, viol, etc.) et étaient liés à des gangs criminels. Mais leurs avocats soutiennent qu’ils ont déjà purgé leur peine aux États-Unis et sont détenus illégalement en Eswatini.
L’ONG Human Rights Watch, basée à New York, affirme avoir vu des documents prouvant que les États-Unis versent des millions de dollars à certains pays africains pour accepter des expulsés. L’Eswatini aurait reçu 5,1 millions de dollars pour accueillir jusqu’à 160 personnes, et le Rwanda 7,5 millions pour en accepter 250.
Début octobre, 10 autres hommes originaires notamment du Vietnam, Cambodge, Philippines, Cuba, Tchad, Éthiopie et du Congo ont été envoyés à leur tour en Eswatini. Ils seraient également détenus dans la prison de Matsapha.
Des critiques croissantes
« Le fait que mon client ait été poussé à une telle extrémité prouve l'urgence de la situation », a déclaré Alma David. « Les gouvernements des États-Unis et d’Eswatini doivent assumer les conséquences humaines de leur accord. »
Face à l'opacité de ces accords bilatéraux de déportation et aux conditions de détention dénoncées, les appels à plus de transparence et au respect des droits humains fondamentaux se multiplient.
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