Royaume-Uni : l’opposition demande l’expulsion de Alaa Abdel-Fattah
Le militant pro-démocratie égyptien Alaa Abdel Fattah a présenté ses excuses publiques après la réapparition de plusieurs anciens messages publiés sur les réseaux sociaux, quelques jours seulement après son arrivée au Royaume-Uni à la suite de sa libération d’une prison égyptienne. Ces révélations ont provoqué une vive controverse politique et relancé les appels à son expulsion.
Des tweets anciens au cœur de la polémique
Les messages, datant principalement de 2012, contiennent des propos appelant à la violence contre des policiers et des sionistes, ainsi que des déclarations jugées racistes. Leur diffusion a suscité l’indignation de responsables politiques britanniques, notamment au sein du Parti conservateur et du parti Reform UK.
Face à la polémique, Alaa Abdel Fattah a reconnu le caractère « choquant et blessant » de ces propos et a présenté « ses excuses les plus sincères ». Il affirme toutefois que certains de ses messages ont été sortis de leur contexte ou déformés, assurant prendre très au sérieux les accusations d’antisémitisme.
Plusieurs figures de l’opposition, dont la cheffe des conservateurs Kemi Badenoch et le leader de Reform UK Nigel Farage, estiment que la ministre de l’Intérieur devrait examiner la possibilité de retirer la nationalité britannique d’Abdel Fattah afin de permettre son expulsion. Certains députés travaillistes auraient également évoqué cette option.
Nigel Farage a notamment déclaré qu’une personne tenant des propos « racistes et anti-britanniques » ne devrait pas être autorisée à séjourner au Royaume-Uni.
Une position plus nuancée du gouvernement
Le ministère britannique des Affaires étrangères a rappelé que la libération d’Abdel Fattah constituait une priorité diplomatique de longue date, tout en condamnant fermement ses anciennes publications, qualifiées d’« abjectes ».
Le Premier ministre Keir Starmer a, de son côté, été critiqué pour avoir salué publiquement l’arrivée du militant au Royaume-Uni, une prise de position qu’il aurait faite sans connaissance approfondie de ses anciens messages.
Alaa Abdel Fattah, âgé de 44 ans, a été condamné en Égypte en 2021 pour « diffusion de fausses informations » dans un procès dénoncé par de nombreuses organisations de défense des droits humains. Il a obtenu la nationalité britannique la même année par filiation maternelle.
Plusieurs responsables, dont l’ancien ministre Chris Philp, estiment aujourd’hui que cette nationalité aurait dû être réexaminée. À l’inverse, des figures travaillistes comme Emily Thornberry rappellent qu’Abdel Fattah est citoyen britannique à part entière et que le Royaume-Uni est tenu, par le droit international, d’éviter toute situation d’apatridie.
Le Conseil des députés des Juifs britanniques a exprimé sa profonde inquiétude, estimant que les propos passés du militant constituent une menace pour la communauté juive et soulèvent de sérieuses questions sur les contrôles effectués avant son accueil au Royaume-Uni.
Figure emblématique du soulèvement égyptien de 2011, écrivain et développeur, Alaa Abdel Fattah a passé près de dix ans en détention. Libéré en septembre dernier grâce à une grâce présidentielle, il a récemment retrouvé sa famille et son fils adolescent vivant à Brighton.
Déjà controversé par le passé, notamment lors du retrait de sa nomination au prix Sakharov en 2014, Abdel Fattah demeure aujourd’hui au centre d’un débat mêlant liberté d’expression, sécurité publique et responsabilité politique.
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