RDC : la violence sexuelle préoccupe les Nations unies
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Vendredi 7 février, le Haut-commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, Volker Türk, a exprimé de profondes préoccupations face à l’escalade de la violence dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), due à l’offensive en cours du M23, soutenu par le Rwanda.
« Si rien n'est fait, le pire est peut-être encore à venir, non seulement pour les populations de l’est de la RDC, mais aussi au-delà des frontières du pays », a-t-il déclaré lors d’une session spéciale du Conseil des droits de l’homme à Genève.
Depuis le 26 janvier, près de 3 000 personnes ont été tuées et 2 880 blessées lors d’attaques menées par le M23 et ses alliés. Ces attaques ont impliqué l’utilisation d’armes lourdes dans des zones peuplées, ainsi que des combats intenses contre les forces armées de la RDC et leurs alliés.
Les États membres de l’ONU envisagent la mise en place d’une mission d’enquête pour documenter les violations graves des droits humains toujours commises dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu.
Un conflit aux conséquences humanitaires catastrophiques
Les combats se poursuivent dans cette région riche en minerais, instable depuis plusieurs décennies, et marquée par la prolifération de groupes armés. Des centaines de milliers de personnes ont été contraintes de fuir leur domicile, trouvant refuge dans des camps de déplacés.
L’intensification des hostilités depuis fin janvier a permis aux combattants du M23, issus en majorité de la communauté tutsi, de prendre le contrôle de plusieurs zones du Nord-Kivu, y compris des territoires proches de Goma. Ils avancent désormais vers le Sud-Kivu et la ville de Bukavu, deuxième ville de l’est de la RDC.
Un projet de résolution présenté avant cette 37ᵉ session spéciale du Conseil des droits de l’homme condamne le soutien militaire du Rwanda au M23 et appelle Kigali à cesser immédiatement toute ingérence, tout en garantissant un accès humanitaire aux populations en détresse.
Des hôpitaux bombardés et des violations massives des droits humains
Volker Türk a dénoncé des attaques contre des infrastructures médicales, notamment le bombardement de deux hôpitaux à Goma le 27 janvier, qui a fait plusieurs victimes parmi les patients, dont des femmes et des enfants.
Le même jour, une évasion massive de la prison de Muzenze à Goma a été accompagnée d'atrocités :
« Au moins 165 détenues auraient été violées, puis, pour la plupart, tuées dans un incendie** dans des circonstances encore floues », a-t-il déclaré, citant les autorités congolaises.
Le Haut-Commissaire s’est également dit horrifié par l'ampleur des violences sexuelles, qui constituent une caractéristique récurrente du conflit en RDC. Des allégations de viols, de viols collectifs et d'esclavage sexuel font actuellement l’objet de vérifications par les équipes des Nations Unies.
Goma sous tension, situation sanitaire critique
Bintou Keita, représentante spéciale du Secrétaire général de l’ONU en RDC et cheffe de la MONUSCO, a décrit une situation catastrophique :
« Pendant que je parle, des jeunes sont soumis à un recrutement forcé. Les défenseurs des droits humains, les acteurs de la société civile et les journalistes sont devenus des cibles. La MONUSCO reçoit des demandes de protection de leur part, ainsi que de la part des autorités judiciaires, qui subissent des menaces et des représailles du M23. »
Mme Keita a également alerté sur les risques sanitaires croissants liés au conflit :
Recrudescence du choléra et risque élevé de Mpox (variole du singe)
Interruption brutale de la scolarisation des enfants
Augmentation des violences sexuelles et basées sur le genre
Elle a insisté sur les pénuries d’électricité et de carburant, qui affectent le fonctionnement des hôpitaux, et même des morgues.
« J’appelle une fois de plus la communauté internationale à garantir l'acheminement immédiat de l'aide humanitaire à Goma. »
RDC et Rwanda s’accusent mutuellement.
Lors de la session, le ministre congolais de la Communication, Patrick Muyaya Katembwe, a dénoncé le soutien militaire et financier du Rwanda aux groupes armés en RDC depuis plus de 30 ans, évoquant une guerre motivée par l’exploitation des ressources minières stratégiques du pays.
De son côté, l’ambassadeur du Rwanda à l’ONU à Genève, James Ngango, a réfuté ces accusations et affirmé que son pays était menacé :
« Une attaque de grande ampleur contre le Rwanda est imminente. Une coalition soutenue par Kinshasa a massé un nombre important d’armes et d’équipements militaires près de notre frontière, notamment à l’aéroport de Goma. Ces armes, incluant des roquettes et des drones kamikazes, sont pointées directement sur le Rwanda, et non sur le M23. »
Une implication internationale nécessaire
Face à l’ampleur du conflit, Volker Türk a souligné la dimension mondiale du problème et appelé à une mobilisation internationale :
« La population de l’est de la RDC souffre terriblement, tandis que de nombreux produits que nous consommons, comme nos téléphones portables, contiennent des minerais provenant de cette région. Nous sommes tous concernés. »
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