France : un mémorial permet à Nantes d'assumer son passé négrier
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A Nantes, en France, le Mémorial de l'abolition de l'esclavage rend hommage aux victimes de la traite transatlantique. Cette ville était le plus grand port français du commerce des bras valides arrachés à l’Afrique.
Le Mémorial de l'abolition de l'esclavage s'étend le long des rives de la Loire, son design se fondant dans le paysage.
"Quand vous arrivez dans ce lieu, vous êtes face à 2 000 panneaux au rez-de-chaussée qui viennent vous raconter une partie de l'histoire, donc les noms des bateaux, les compteurs, qui sont tous représentés ici. Il y a plus de 1 700 noms de bateaux représentés, ce qui vous met en face du grand investissement du port de Nantes, des négociants et des armateurs et de la traite des esclaves au 18e siècle.’’ , explique Agnès Poras, guide touristique au Mémorial de l'abolition de Nantes
Nantes a prospéré grâce au commerce maritime, mais derrière cette réussite économique se cache une sombre histoire de souffrance humaine. Des maquettes représentent les plantations où les personnes réduites en esclavage étaient forcées de travailler, produisant des biens qui alimentaient les économies européennes.
"Nous sommes ici dans une salle du Musée d'histoire de Nantes consacrée à la traite négrière atlantique et à l'esclavage colonial, en particulier dans cette salle. Nous décrivons le voyage d'un navire négrier nantais car Nantes était, au XVIIIe siècle, la première ville française spécialisée dans la traite atlantique et dans la déportation d'esclaves d'Afrique vers l'Amérique. Elle était la quatrième ville européenne pour la traite des esclaves, et plus de 500 000 esclaves ont été déportés par des navires nantais au cours du 18e siècle. Nantes a aussi une autre caractéristique, peut-être un peu moins connue, c'est qu'elle a aussi été la première ville impliquée dans le commerce illégal d'esclaves au 19e siècle", raconte Bertrand Guillet, Directeur du Château des ducs de Bretagne
Pour les visiteurs, ces expositions permettent de mieux comprendre le passé de la ville et de tirer des leçons sur la tolérance sociale.
SOUNDBITE (anglais) Agnès Poras, guide touristique au Mémorial de l'abolition de Nantes :
"Le premier objet de mémoire a été une statue en 1998 qui venait célébrer les 150 ans de l'abolition de l'esclavage en France et qui a été complètement arrachée la première nuit où elle a été installée sur le quai. Donc quand on pense que la mémoire est facile, c'est un sujet facile à traiter, en France c'est un grand sujet pour beaucoup de villes de dire 'est-ce qu'on garde les marchands de bateaux dans les rues ?
La Loire, qui transportait autrefois les navires, reflète aujourd'hui les efforts de la ville pour reconnaître son passé.
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