Haïti : après l’assassinat d’un policier kényan, la police exige des renforts
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Les forces de l’ordre haïtiennes ont manifesté lundi pour dénoncer leurs conditions de travail et exiger plus de protection. Cette mobilisation intervient après la mort d’un policier kényan, tué par des hommes armés alors qu’il participait à la mission internationale déployée pour lutter contre les gangs qui sévissent dans le pays.
La situation sécuritaire en Haïti ne cesse de se détériorer. Lundi, des policiers ont exprimé leur frustration face à l’inaction du gouvernement en réclamant des équipements adéquats et des renforts. Les syndicats dénoncent un manque de moyens criant face aux gangs qui contrôlent désormais 85 % de Port-au-Prince et poursuivent leur expansion.
Le rassemblement a eu lieu devant les bureaux du Premier ministre et du conseil présidentiel de transition. Garry Jean Baptiste, l’un des principaux leaders syndicaux, a pris la parole, appelant les autorités à prendre la mesure du danger qui menace quotidiennement les forces de l’ordre.
L’assassinat d’un policier kényan comme déclencheur
Cette manifestation a été déclenchée par la mort d’un officier kényan, abattu dans la région de l’Artibonite, au nord de la capitale. Ce meurtre met en lumière l’ampleur du défi auquel fait face la mission internationale dirigée par le Kenya et soutenue par l’ONU. Le gang Gran Grif, qui opère dans cette région, est soupçonné d’être à l’origine de l’attaque.
Le Kenya a récemment renforcé sa présence en Haïti avec l’envoi de 200 policiers supplémentaires, portant le total à plus de 600. D’autres pays comme la Jamaïque, le Guatemala et le Salvador ont également déployé des forces. Mais sur le terrain, les résultats tardent à se faire sentir.
Des revendications salariales et un appel à l’aide
Au-delà de la question sécuritaire, les syndicats dénoncent des retards de paiement des salaires et réclament un soutien financier pour les familles des agents tués en service. Pour eux, le manque de reconnaissance et d’investissement de la part du gouvernement aggrave encore la crise au sein des forces de l’ordre.
Face à ces critiques, le Premier ministre haïtien Alix Didier Fils-Aimé a tenté de rassurer en annonçant un renforcement des moyens alloués à la police. Il a affirmé que le gouvernement s’engageait dans une lutte totale contre les gangs et que l’objectif ultime restait l’organisation d’élections générales, une première depuis près d’une décennie.
Haïti est plongé dans une spirale de violence. En 2023, plus de 5 600 personnes ont été tuées dans le pays, et la criminalité a forcé plus d’un million d’Haïtiens à fuir leur domicile, selon les Nations unies.
Malgré l’engagement des autorités et l’arrivée de renforts internationaux, les forces de l’ordre restent en sous-effectif, et la population civile vit sous la menace constante des gangs. La réponse du gouvernement sera déterminante pour tenter d’enrayer cette crise qui menace la stabilité du pays.
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