"Jannik d'Arabie" : l'Italien Sinner remporte le plus gros gain d'un match de tennis

Jannik Sinner a battu Carlos Alcaraz 6-7 (5), 6-3, 6-3 pour remporter le titre samedi à Riyad, en Arabie saoudite, après que Novak Djokovic a battu Rafael Nadal 6-2, 7-6 (5) dans le match pour la troisième place.

Sinner a reçu le plus gros paiement de l'histoire du tennis pour ce match : 5,5 millions d'euros.

Alors que Sinner et Alcaraz ont probablement de nombreuses occasions de s'affronter à l'avenir, Djokovic et Nadal ont peut-être joué pour la dernière fois dans l'une des plus grandes rivalités du tennis.

Djokovic a remporté le match entre des rivaux qui partagent à deux 46 titres du Grand Chelem en simple. Nadal, qui a remporté 22 titres du Grand Chelem, prévoit de prendre sa retraite après avoir joué pour l'Espagne le mois prochain en Coupe Davis.

Ils se sont chaleureusement embrassés au filet après la victoire de Djokovic. Il a également battu Nadal aux Jeux olympiques et possède une avance de 31 à 29 dans leur face-à-face.

"La dernière danse a été épique", a écrit Djokovic sur les réseaux sociaux. "Et bien sûr émouvante. Je chérirai notre rivalité pour toujours. Tu vas manquer au tennis".

Sinner s'est ensuite imposé face à Alcaraz dans un match opposant les vainqueurs des quatre titres majeurs de la saison. Sinner, le mieux classé, qui avait perdu ses trois confrontations cette saison, a reçu 5,5 millions d'euros pour cette victoire.

"Jusqu'à présent, chaque match a été très, très bon, mais nous espérons toujours que cette rivalité durera le plus longtemps possible", a déclaré Sinner.

Alcaraz a battu l'Italien le 2 octobre pour remporter l'Open de Chine à Pékin, ainsi que les demi-finales de Roland-Garros et d'Indian Wells. L'Espagnol mène 6-4 dans leur face-à-face sur le circuit.

"J'essaierai de faire de mon mieux chaque jour pour que cette rivalité s'améliore au fil des ans", a déclaré Alcaraz.

Alcaraz a battu Nadal et Sinner a battu Djokovic au tour précédent de l'épreuve d'exhibition, qui attribue de l'argent plutôt que des points de classement ATP dans la dernière incursion de l'Arabie saoudite dans le tennis.

L'Arabie saoudite fait-elle du "sportswashing" ?

Après avoir organisé de nombreuses compétitions internationales majeures, l'Arabie saoudite serait coupable de "sportswashing", c'est-à-dire de tentatives de la part de pays d'obtenir une couverture médiatique mondiale positive afin d'améliorer leur réputation.

Ces dernières années, l'Arabie saoudite a adopté de vastes réformes sociales, notamment en accordant aux femmes le droit de conduire et en démantelant en grande partie les lois sur la tutelle masculine qui permettaient aux maris et aux parents masculins de contrôler de nombreux aspects de la vie des femmes. Les hommes et les femmes sont toujours tenus de s'habiller modestement, mais les règles ont été assouplies et la police religieuse, autrefois redoutée, a été mise sur la touche. La ségrégation entre les sexes dans les lieux publics a également été assouplie, les hommes et les femmes pouvant assister à des projections de films, des concerts et même des raves, ce qui était impensable il y a quelques années.

Toutefois, les relations homosexuelles sont passibles de la peine de mort ou de la flagellation, bien que les poursuites soient rares. Les autorités interdisent toute forme de défense des LGBTQ+, allant jusqu'à confisquer les jouets et les vêtements aux couleurs de l'arc-en-ciel.

Depuis le début de l'année, plus de 200 personnes ont été exécutées en Arabie saoudite, selon Human Rights Watch.

Grâce, du moins en partie, aux médias sociaux, les femmes d'Arabie saoudite, et d'ailleurs dans le monde arabe, sont conscientes du fossé qui sépare leur vie de celle des femmes vivant dans des sociétés moins restrictives. Mais les Saoudiennes qui cherchent à se ménager une certaine liberté ont été punies.

Alors même que le gouvernement a mis en place des réformes de haut en bas, il a sévèrement réprimé toute forme de dissidence politique, arrêtant des militants des droits des femmes et d'autres critiques et les condamnant à de longues peines de prison et à des interdictions de voyager, parfois sur la base de quelques tweets.

Le prince héritier saoudien Mohammed bin Salman s'est efforcé de sortir de l'isolement international depuis l'assassinat en 2018 du chroniqueur du Washington Post Jamal Khashoggi. Il souhaite aussi clairement diversifier l'économie de l'Arabie saoudite et réduire sa dépendance au pétrole.

Ce qui n'est pas clair, c'est à quel point un accord sportif particulier pourrait influencer les approches du royaume en matière de droits des femmes et de droits LGBTQ+.