"Les autorités font tout pour étouffer l'affaire": au Mali, un patron de bar libanais tué par un mercenaire russe
Par TV5MONDE avec AFP
Un patron de bar libanais a été abattu dans son établissement à Bamako par un mercenaire russe du groupe Africa Corps. Le meurtre a eu lieu dans la nuit du 5 au 6 novembre 2025. Depuis que le gouvernement malien s'est tourné vers la Russie pour lutter contre le djihadisme, les paramilitaires russes sont régulièrement accusés d'exactions contre les civils dans le pays.
Un patron de bar libanais a été abattu dans son établissement à Bamako par un mercenaire russe du groupe Africa Corps. Le meurtre a eu lieu dans la nuit du 5 au 6 novembre 2025. Depuis que le gouvernement malien s'est tourné vers la Russie pour lutter contre le djihadisme, les paramilitaires russes sont régulièrement accusés d'exactions contre les civils dans le pays.
Une nuit glaçante entre le 5 et le 6 novembre à Bamako. Un patron de bar libanais a été abattu par un mercenaire russe du groupe Africa Corps. C'est l'Agence France Presse (AFP) qui a récolté cette information auprès de sources hospitalière, locale et sécuritaire.
Le mercenaire russe avait décidé de passer la soirée dans le quartier de Badalabougou, accompagné de collègues. La nuit avançant, le patron du bar lui avait demandé de quitter les lieux afin de fermer son établissement. Mais le Russe a dégainé son arme et a tiré trois coups, à bout portant, dans la tête du Libanais.
"Selon nos informations, la victime aurait simplement demandé aux hommes blancs (les Russes) de quitter les lieux pour qu'il ferme le bar, ce qui n'a pas été du goût de ces derniers", a raconté à l'AFP un membre de la protection civile parlant sous anonymat en raison du contexte sécuritaire.
Prévenue, l'équipe de la protection civile a découvert le Libanais dans un grave état: il "avait déjà perdu beaucoup de sang". Ils ont tout de même réussi à l'emmener à l'hôpital, mais son état était trop critique. Il y est décédé le 6 novembre. "Il est mort finalement malgré la tentative de lui extraire les balles du crâne", a indiqué une source hospitalière à l'AFP.
Depuis que l'armée française a définitivement quitté le Mali - et plus largement le Sahel - en 2022, les puissances locales se sont tournées vers la Russie pour organiser la lutte anti-djihadiste dans la région. Dans un premier temps, c'est le groupe paramilitaire Wagner, mené par Evgueni Prigojine, qui agissait dans la zone. À sa mort en août 2023, le groupe a commencé à se déliter.
En juin 2025, les paramilitaires de Wagner ont annoncé leur retrait complet du Mali. Et c'est le groupe russe Africa Corps, dont fait partie l'assassin du barman, qui a pris la relève. Depuis, l'armée malienne et les mercenaires russes d'Africa Corps sont régulièrement accusés de commettre des exactions contre des civils.
"Les autorités maliennes font tout pour étouffer l'affaire"
À l'heure actuelle, le mercenaire n'est inquiété d'aucune poursuite à son encontre. "Les autorités maliennes font tout pour étouffer l'affaire", a affirmé à l'AFP un responsable de la communauté libanaise au Mali. Selon cette même source, "il ne se passe pas une semaine sans des exactions des (mercenaires) Russes. Deux jours avant, ils ont fermé un autre bar pour molester toute la clientèle".
Bien décidé à ne pas laisser l'impunité s'installer face à ces crimes et ce meurtre, ce responsable menace les autorités de monter l'opinion contre elles si rien n'est fait pour améliorer la situation : "Nous avons une rencontre mardi, si les autorités tentent d'empêcher la plainte, nous allons ameuter toute l’opinion nationale."
La situation au Mali est critique et s'est encore détériorée depuis deux mois. Le pays affronte quotidiennement les djihadistes du Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans (JNIM), affiliés à Al-Qaïda. Début septembre, le JNIM a mis en place un blocus sur le carburant et assoit son contrôle sur les grands axes routiers afin d'asphyxier Bamako économiquement.
Les Forces armées maliennes (Fama), soutenues donc par le groupe de mercenaires russes Africa Corps, peinent à réagir efficacement face à cette nouvelle stratégie des djihadistes. Dimanche 9 novembre, le JNIM a exécuté sur la place publique Mariam Cissé, une célèbre tiktokeuse qui soutenait régulièrement les Fama.
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