Emmanuel Macron admet que l’espace n’est plus pacifique et annonce une révision de la stratégie spatiale
Lasers, brouilleurs électromagnétiques et autres satellites de patrouille figurent parmi les moyens militaires que la France cherche à renforcer dans le cadre de sa "stratégie spatiale nationale", qui doit être dévoilée mercredi par le président Emmanuel Macron.
Le dirigeant français prononcera son discours depuis Toulouse, où sont basées l'agence spatiale française (CNES) et les principales entreprises aérospatiales, dont Airbus. Il y inaugurera également un nouveau bâtiment dans lequel 500 militaires travaillent sur les opérations spatiales.
"L'espace n'est plus un lieu de paix", a déclaré le palais présidentiel français avant la visite.
"L'espace est un lieu de conflits, de plus en plus intenses, qui suivent l'augmentation du nombre de satellites en orbite et font également l'objet de défis extrêmement agressifs de la part de nos concurrents, dont la Russie", a-t-il ajouté.
Parmi ces comportements agressifs, on peut citer l'utilisation par les concurrents de satellites qui se rapprochent des moyens français pour les espionner. Mais les capacités de brouillage ou d'aveuglement, ainsi que les armes placées en orbite ou tirées depuis le sol qui visent à détruire ou au moins à endommager les moyens nationaux, sont également de plus en plus utilisées.
"Les dernières informations qui peuvent être révélées sur la menace que représente notamment la Russie sont le déploiement d'armes nucléaires en orbite dans le cadre d'un programme appelé Spoutnik S", a également déclaré l'Elysée.
Les attaques de satellites "peuvent paralyser des nations entières
Ces comportements peuvent avoir des conséquences dommageables pour l'ensemble de l'écosystème spatial car ils peuvent entraîner la formation de débris spatiaux susceptibles de paralyser des moyens civils et scientifiques.
La France développe de nouvelles capacités pour contrer ces menaces, y compris une variété de lasers et de brouilleurs électromagnétiques dans différentes gammes de fréquences qui peuvent détruire les satellites d'observation ennemis, a déclaré l'Elysée.
Les satellites de patrouille et de surveillance devraient quant à eux être opérationnels en 2027. Ils agiront comme de "petits avions de chasse", a ajouté le palais présidentiel, car ils pourront s'approcher des engins spatiaux hostiles pour les brouiller ou les espionner.
Bien que la stratégie globale vise à maintenir une autonomie stratégique dans le secteur - en modernisant les actifs nationaux, en facilitant les investissements et la croissance des start-ups nationales, et en attirant les jeunes dans le secteur - M. Macron devrait néanmoins appeler à une plus grande coopération européenne dans le domaine.
L'Allemagne, qui doit co-organiser un sommet mondial sur l'espace en avril prochain aux côtés de la France, a déjà annoncé qu'elle investirait 35 milliards d'euros dans des projets spatiaux avant la fin de la décennie.
Le ministre de la Défense, Boris Pistorius, a prévenu lors de l'annonce du paquet fin septembre que "les conflits de l'avenir ne seront plus confinés à la Terre".
"Les réseaux de satellites sont le talon d'Achille des sociétés modernes. Des attaques contre eux peuvent paralyser des nations entières", a-t-il ajouté, soulignant qu'au moment où il parlait,, deux satellites allemands étaient suivis par des satellites de reconnaissance russes.
L'argent servira à construire des constellations de satellites ainsi que des "capacités offensives", a-t-il ajouté.
Bouclier spatial européen
Entre-temps, la Commission européenne a présenté unplan de préparation à la défense visant à réarmer l'Europe avant la fin de la décennie, lorsque certaines agences de renseignement estiment que la Russie pourrait être en mesure d'attaquer un autre pays européen.
La feuille de route vise à ce que les États membres investissent jusqu'à 800 milliards d'euros dans la défense avant 2030, le bouclier spatial européen étant l'un des quatre projets phares à financer en priorité. Le bouclier est décrit comme étant essentiel pour assurer la protection et la résilience des actifs et services spatiaux des États membres.
La Commission publiera une communication spécifique sur le bouclier spatial européen l'année prochaine, a déclaré le Commissaire à la défense et à l'espace, Andrius Kubilius, aux législateurs européens la semaine dernière.
En outre, la Commission a présenté 131 milliards d'euros pour la défense et l'espace dans sa proposition pour le prochain budget de l'Union pour la période 2028-2034, dont environ 60 à 70 milliards d'euros iront à la défense et le reste à l'espace, selon le commissaire Kubilius.