Aux États-Unis, le Sénat vote le texte devant mettre fin au shutdown
Un petit groupe d'élus démocrates a ratifié un accord avec les républicains visant à mettre un terme au blocage de l'État fédéral américain, après 41 jours de shutdown, le plus long de l'histoire. Le vote final du Sénat, par 60 voix contre 40, a mis fin à l'impasse.
Le président Donald Trump a manifesté son soutien au projet de loi, déclarant lundi que "nous allons ouvrir notre pays très rapidement".
Le gel de l'État fédéral pourrait pourtant encore durer quelques jours, car la Chambre des représentants doit encore voter le texte. Or, ses parlementaires, en vacances depuis la mi-septembre, doivent encore revenir à Washington pour voter le projet de loi.
Depuis le 1er octobre, début du blocage, plus d’un million de fonctionnaires ne sont pas payés, et le versement de certaines aides est fortement perturbé, tout comme le trafic aérien, avec désormais des centaines d'annulations de vols chaque jour.
La santé au cœur du blocage
À l'origine du différend entre républicains et démocrates : la question des coûts de santé. Le parti de Donald Trump, majoritaire au Congrès, proposait une simple extension du budget actuel, tandis que l’opposition réclamait une extension de subventions pour le programme d’assurance santéObamacare,à destination principalement des ménages à bas revenus.
Ces subventions doivent expirer à la fin de l’année, et les coûts de l’assurance santé devraient ainsi plus que doubler en 2026 pour les 24 millions d’Américains qui utilisent l’Obamacare, selon KFF, un cercle de réflexion spécialisé sur les questions de santé.
En raison des règles en vigueur au Sénat, plusieurs voix démocrates étaient nécessaires pour adopter un budget, même si les républicains y sont majoritaires. Au total, huit démocrates, pour la plupart centristes, ont finalement voté pour un nouveau texte.
Après le vote, le chef de la majorité au Sénat, John Thune, a remercié le personnel non rémunéré et la police du Capitole. Il a déclaré qu'il se rendait compte que la pression avait été immense pendant "six semaines atroces".
"Je suis très heureux de pouvoir dire que nous arrivons à la fin", a déclaré John Thune. Le président de la Chambre des représentants, Mike Johnson, a exhorté les législateurs à rentrer à Washington "dès maintenant". "Nous devons agir le plus rapidement possible", a-t-il déclaré.
La sénatrice démocrate Jeanne Shaheen, ancienne gouverneure qui a changé son vote, a déclaré que les républicains refusaient de céder sur des demandes essentielles. "Nous étions arrivés à un point où un certain nombre d'entre nous pensaient que le shutdown avait été très efficace pour susciter des inquiétudes au sujet des soins de santé", a-t-elle déclaré.
Les républicains ont promis d'organiser un vote sur l'extension des subventions à la santé d'ici la mi-décembre, mais sans garantie de succès.
Ce changement a suscité des critiques de la part des législateurs démocrates qui espéraient poursuivre le combat. Le sénateur Chuck Schumer, qui s'était attiré les foudres de son parti en mars lorsqu'il avait voté en faveur du maintien budgétaire, a déclaré qu'il ne pouvait pas, "en toute bonne foi", soutenir cette proposition après avoir rencontré son groupe parlementaire pendant plus de deux heures dimanche.
Prochain vote au Sénat
Il n'est pas certain que les deux partis parviennent à trouver un terrain d'entente sur les aides à la santé avant le vote promis en décembre au Sénat. Le président de la Chambre des représentants, Mike Johnson, a déclaré qu'il ne s'engagerait pas à soulever la question au sein de son assemblée.
Il a déclaré lundi que les républicains de la Chambre avaient toujours été prêts à voter pour réformer ce qu'il a appelé la "loi sur les soins inabordables", mais il n'a pas précisé s'ils voteraient sur les subventions.
Certains républicains ont déclaré qu'ils étaient prêts à prolonger les crédits d'impôt de l'ère COVID-19, car les primes pourraient monter en flèche pour des millions de personnes, mais ils souhaitent également que de nouvelles limites soient imposées aux bénéficiaires de ces subventions.
La présidente républicaine de la commission des Finances du Sénat, Susan Collins, a déclaré lundi qu'elle était favorable à la prolongation des crédits d'impôt moyennant certaines modifications, telles que l'instauration de nouveaux plafonds de revenus. Certains démocrates ont indiqué qu'ils pourraient être ouverts à cette idée.
"Nous devons agir d'ici la fin de l'année, et c'est exactement ce que le chef de la majorité a promis", a-t-elle déclaré.
Le président Donald Trump, ainsi que plusieurs élus républicains, ont profité du débat pour renouveler les critiques qu'ils adressent depuis des années à la loi et ont demandé qu'elle soit supprimée ou révisée.
En guise d'avant-goût, le Sénat a voté lundi par 47 voix contre 53, pour ne pas prolonger les subventions d'un an. Les républicains majoritaires ont autorisé ce vote dans le cadre d'un accord séparé avec les démocrates afin d'accélérer les votes et d'envoyer la législation à la Chambre des représentants.