Dermatose bovine : les syndicats agricoles appellent "des blocages partout en France"
C'est une véritable course contre la montre. Les autorités françaises tentent d’enrayer la progression fulgurante de la dermatose nodulaire contagieuse (DNC), une maladie virale affectant les bovins et transmise par des insectes.
Alors que les foyers se multiplient dans le Sud-Ouest, les tensions montent entre autorités et organisations agricoles, opposées à l’abattage systématique des troupeaux contaminés.
Selon les derniers chiffres du ministère de l’Agriculture, 109 foyers avaient été détectés dans le pays au 9 décembre.
Plusieurs cas ont été confirmés cette semaine dans le Sud-Ouest, notamment dans une ferme de l’Ariège comptant plus de 200 bovins.
La maladie, sans danger pour l’humain mais responsable de pertes économiques considérables, provoque des lésions cutanées, une baisse de la production laitière et met en péril les exportations à l’étranger.
Face à la propagation du virus, les autorités appliquent une politique stricte : abattage de tout troupeau où un cas est identifié, couplé à des restrictions de mouvement et à la vaccination. Une stratégie dénoncée par certains syndicats agricoles.
Les agriculteurs en colère
Coordination Rurale juge la politique gouvernementale disproportionnée et inefficace : "Il est clair que la stratégie de l'État n'est pas efficace, malgré l’abattage systématique effectué par précaution dès qu’un bovin infecté est détecté dans un troupeau", a déclaré le syndicat, qui appelle à "des blocages partout en France" pour obtenir "la fin de l’abattage total".
La Confédération paysanne, également mobilisée en Ariège ces derniers jours, relaie cet appel national à la mobilisation. Les deux organisations dénoncent la brutalité d’une mesure qui provoque la détresse des éleveurs.
Si la FNSEA appelle à la retenue, son président Arnaud Rousseau soutient la ligne gouvernementale.
Dans une vidéo publiée sur X, il insiste sur la nécessité de limiter la propagation du virus afin d’éviter de nouvelles restrictions qui pourraient peser sur les prix de la viande et des produits laitiers.
La ministre de l’Agriculture, Annie Genevard, réaffirme la nécessité d’intervenir rapidement. "Il faut éradiquer cette maladie, sans quoi elle peut causer la mort de 10% du cheptel français", a-t-elle assuré vendredi. Elle a également garanti que l’État ne laisserait "aucun éleveur seul, face à la maladie", tout en se disant choquée par "les images violentes que l'on voit" dans les manifestations en Ariège.
En parallèle, la région Occitanie a annoncé une aide d’urgence de 300 000 euros pour les éleveurs touchés, comme l’a indiqué la présidente Carole Delga sur X.
Vendredi matin, l’abattage du troupeau de 200 vaches concerné a finalement pu débuter, après l’intervention de la gendarmerie la veille au soir pour déloger plusieurs centaines de manifestants. "La situation est désormais sous contrôle", selon la préfecture.
Les autorités pointent également du doigt des mouvements illégaux d’animaux, suspectés de contribuer à la dissémination du virus sur le territoire.
Today