Le président nigérian Tinubu déclare "l'état d'urgence sécuritaire national" à la suite d'une série d'enlèvements
Par AFP © 2025 AFP
Le président nigérian Tinubu a annoncé mercredi l'état d'urgence sécuritaire à l'échelle nationale au Nigeria et ordonné le recrutement de membres supplémentaires des forces de l'ordre, après l'enlèvement de plus de 350 personnes au cours des dix derniers jours.
Le pays le plus peuplé d’Afrique est confronté à une insécurité chronique, marquée notamment par des attaques récurrentes et des enlèvements de masse.
Dernièrement, le pays est sous forte pression après les enlèvements non-revendiqués de centaines de personnes, dont plus de 300 élèves et enseignants d'une école catholique à Papiri dans l'Etat de Niger (centre-ouest), 25 lycéennes musulmanes à Maga dans l'Etat de Kebbi (nord-ouest), 38 fidèles dans une église à Eruku et dix autres personnes à Ispa dans l'Etat de Kwara (ouest), ainsi que 13 jeunes filles dans l'Etat de Borno (nord-est).
Les 25 lycéennes de Maga, les 38 fidèles d'Eruku et 50 élèves de Papiri ont retrouvé la liberté, mais des dizaines de personnes manquent à l'appel.
Cette série d’événement a poussé le président Tinubu a autoriser la police et l'armée "à recruter davantage de personnel. La police recrutera 20.000 agents supplémentaires, ce qui portera leur nombre total à 50.000 ", indique mercredi un communiqué du président.
Trois jours plus tôt, le président avait déjà approuvé le recrutement de 30.000 autres agents de police.
Renforcer les forces de sécurité
"Le Service de renseignement intérieur du Nigeria a également reçu mon autorisation de déployer immédiatement tous les gardes forestiers déjà formés afin de débusquer les terroristes et les bandits qui se cachent dans nos forêts" a déclaré Tinubu.
"L'agence a également reçu pour directive de recruter davantage d'hommes pour surveiller les forêts", a ajouté le président.
Il a récemment réaffecté les policiers chargés de la sécurité des personnalités à des tâches policières essentielles, près d'un quart des effectifs protégeaient les politiciens et leurs familles.
Dans un rapport publié le mois dernier par l'Agence de l'Union européenne pour l'asile (EUAA) indique que plus de 100.000 policiers, sur un effectif estimé à environ 371.000 membres, "étaient affectés à la protection d'acteurs politiques et de personnalités, plutôt qu'à des tâches au service de la population".
Mercredi, Tinubu a précisé que ces agents vont devoir suivre "une formation intensive afin de faire le point" et "d'assurer des services de police plus efficaces lorsqu'ils seront déployés dans les zones du pays où la sécurité est compromise".
"Les mosquées et les églises devraient systématiquement solliciter la protection de la police et d'autres forces de sécurité lorsqu'elles se réunissent pour la prière, en particulier dans les zones vulnérables", ajoute le communiqué.
L’augmentation récente des enlèvements survient peu après les déclarations de Donald Trump, qui a évoqué il y a quelques semaines une possible intervention militaire au Nigeria pour stopper ce qu’il décrit comme des "meurtres de Chrétiens" imputés à des "terroristes islamistes".
Aux États-Unis, les accusations de persécutions ciblées sont régulièrement relayées par des élus conservateurs et des organisations chrétiennes, allégations que le Nigeria a toujours rejetées.
- Les kidnappings au Nigeria -
Le pays d'Afrique de l'ouest, qui compte environ 230 millions d’habitants, est presque également divisé entre un nord à majorité musulmane et un sud majoritairement chrétien.
Lors des kidnappings, certains des captifs sont libérés ou secourus en quelques jours, d’autres après des semaines ou des mois, tandis que certains parviennent à s’échapper.
Motivés avant tout par l’argent, les assaillants réclament pour chaque otage des rançons pouvant aller de quelques centaines à plusieurs dizaines de milliers, selon les médias.
Le premier enlèvement de masse au Nigeria, au retentissement mondial, reste celui des lycéennes de Chibok, lorsque le groupe jihadiste Boko Haram a enlevé 276 adolescentes dans le nord-est du Nigeria en 2014. Plus d’une décennie plus tard, environ 90 d’entre elles sont toujours portées disparues.
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